Maleficarum I La main du Diable (terminée)

Chapitre 17 Tout ce qui est à moi est à toi

- Suis-je seule ? demanda Swan à Gemma.

- Le seigneur est parti tôt ce matin. Il a demandé à ce qu'on vous serve le petit déjeuner, répondit la servante en lui faisant un sourire entendu.

- Bien, répondit Swan.

Elle ne trouva que ça à dire. La conversation qu'elle avait entendu la veille la laissait troublée, et elle ne savait sur quel pied danser. La jeune femme n'en avait pratiquement pas dormit de la nuit.

« Je ne sais pas » avait dit le seigneur. Qu'est ce que ça voulait dire ? Devait-elle être rassurée, ou au contraire inquiète ? Son esprit était écartelé entre plusieurs hypothèses et elle n'arrivait pas à se décider. Sa tête ne comprenait pas. Son instinct, encore moins.
« Blake... » songea-t'elle. Curieux seigneur qui ne rentrait dans aucune case. Sanguin ou doux. Violent ou calme. Noir ou blanc. Jamais gris.

- Je vais me promener, annonça-t'elle à Gemma.

- Mais... Votre petit déjeuner ?

- Pas la peine, je n'ai pas faim.

La servante acquiesça, puis partit dans sa chambre pour ranger quelques affaires. Swan passa aussitôt la porte, invitant les gardes à l'escorter. Au moment où elle comptait traverser le dernier couloir menant aux jardins, elle remarqua un cheval sellé dans une des cours de l'aile Est. Curieuse, elle s'approcha du muret, puis aperçut en contre bas un chevalier de l'Exécution.

- Bonjour Gabin, lança-t'elle en se penchant par l'alcôve.

Le chevalier sursauta avant de tourner la tête.

- Bonjour ma lady, répondit-il, le sourire aux lèvres.

Swan s'attarda sur son cheval scellé. Il portait des sacoches dont dépassaient livres, instruments de mesure, et armes.

- Où partez-vous ? demanda-t'elle avec curiosité.

- Dans le Centre, ma lady. Des créatures de l'Obscur font des misères à de pauvres gens.

- Combien de temps durera cette mission ?

- Je dirais entre une et deux semaines. Le premier village que nous visitons est à quatre jours de cheval, et les autres sont tous proches de...

- Lady Swan, coupa une voix sombre.

Les yeux de la sorcière se tournèrent vers le nouvel arrivant, un grand homme au cheveux longs et au regard moqueur. Gauderic. Si elle avait encore des doutes sur les oeillades grivoises qu'il lui accordait, elle était à présent fixée. Cet homme était une raclure de première, et la jeune femme avait savouré le moment où Blake l'avait violemment frappé dans les parties. Néanmoins, quelque chose la contrariait: si elle se fiait à ce qu'elle avait entendu la veille, tout portait à croire que le chevalier connaissait son secret. Or, elle se serait bien passée d'une telle découverte. Était-il au courant de tout ? Devait-elle s'en inquiéter ? Bonne question. L'avenir le lui dirait.

- Il est temps pour moi de m'en aller, annonça-t'elle, coupant court aux salutations provocatrices du chevalier.

- Au revoir ma lady, répondit Gabin.

Elle lui sourit, puis se figea lorsqu'elle vit le regard taquin de son binôme.

- À bientôt, répliqua ce dernier, plus mauvais que jamais.

Il y eut un silence, puis Swan lança:

- J'espère que vous vous êtes remis.

Gauderic fronça les sourcils, ne voyant pas où elle voulait en venir.