Maleficarum I La main du Diable (terminée)

Chapitre 26: Le procès

Mise au point: Il ne s'agit pas ici du dernier chapitre (explications en bas de page)

Lady Meredith ajusta une mèche brune derrière son oreille. Elle s'observa dans le miroir, dubitative quant à sa jeunesse apparente, et décida de se donner un air blafard avec quelques poudres que lui avait ramené sa domestique.

Maintenant que son petit-fils était aux arrêts, elle devait tout faire pour qu'on ne la regarde pas de travers, et ça passait par son apparence physique. Même si le commun des mortels reconnaissaient qu'elle était chanceuse de faire plus jeune que son âge, d'autres commençaient à chuchoter que tout cela n'était peut-être pas naturel -à juste titre. Lady Meredith préférait donc mettre toutes les chances de son côté, surtout maintenant que Blake s'était fait arrêté pour complicité de sorcellerie. Hors de questions qu'elle se fisse prendre pour une sombre histoire de forces Obscures. Elle ne le permettrait pas. Jamais. De un, parce qu'elle était une créature de Lumière victime elle-même de l'Obscur -mais les Hommes se moquaient bien de faire la différence et considérait que tout ce qui n'était pas humain était forcément du même côté que le Malin-, de deux, parce que Blake n'avait certainement pas besoin que sa grand-mère fusse également accusée de sorcellerie. Son petit fils marchait déjà sur des oeufs, mieux ne valait pas en ajouter.

Elle ajusta la poudre, accentua ses cernes, puis se donna volontairement un air renfermé. Quand elle fut prête, elle fit prévenir sa domestique, ouvrit la porte de ses appartements, et tomba nez à nez avec une silhouette haute et massive. Les sens en éveil, elle recula immédiatement, sortit la pointe d'une lame de sa manche, et la tendit précipitamment en avant.

- Imbécile, tu m'as fait peur, s'agaça-t-elle.

Elle laissa tomber son bras avec lassitude et rangea son poignard.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle ensuite.
- Je viens vous escorter, répondit Gauderic.

Lady Meredith leva des yeux agacés vers lui.

- Ma garde personnelle peut très bien s'en charger.

Gauderic eut un reniflement plein de dédain.

- Je préfère superviser ça tout seul.
- Et qui t'en a donné l'ordre, sombre idiot ? Ton seigneur est entrain croupir en cellule, et sa mère se vide littéralement de son sang. Quant à sa femme..., murmura-t-elle, mais elle n'eut pas le courage de finir sa phrase.

Gauderic jeta un oeil derrière son épaule, puis balaya d'un mouvement de tête l'une des longues mèches brunes barrant son visage.

- Les temps sont dangereux, expliqua-t-il. Je prends les initiatives qu'il faut compte tenu des circonstances, Blake ne m'en voudra pas. J'ai également placé des hommes de confiance au chevet de votre fille. Cela vous convient-il, Meliv ?

Elle le regarda d'un air réprobateur, peu encline à lui donner raison, encore moins à lui dire merci. Elle n'était pas d'humeur.

- Ne m'appelle pas comme ça ici, se contenta-t-elle de dire.

Son véritable prénom sonnait trop païen pour l'utiliser au Royaume des Hommes.
Elle le poussa d'un mouvement de main et se mit en marche.

- Tu n'aurais pas dû m'escorter, l'informa-t-elle. Maintenant, tu peux être sûr que personne ne te citera comme témoin pour le défendre.

Gauderic ricana en voyant sa silhouette passer devant lui. Elle avait mit de la poudre pour se rendre plus pâle, mais sa beauté n'en disparaissait pas pour autant.

- Il ne m'aurait pas cité dans tous les cas, fit-il en la rattrapant. Nous sommes bien trop proches.
- Qui penses-tu qu'ils vont citer ?

Il garda le silence un moment, puis tourna ses yeux foncés vers elle.