Sante se dirigea vers les appartements de Lady Gisla, l'euphorie électrisant tous ses membres. Quand il frappa à la porte, sa main était trop violente pour feindre une simple visite de courtoisie.
Impatient, il s'apprêtait à tambouriner à nouveau, lorsque le battant s'ouvrit, découvrant une servante. Celle-ci, surprise de le voir, s'inclina si bas qu'il crut qu'elle allait embrasser ses chaussures. Lorsqu'elle se redressa, elle regardait ses pieds tout en lui demandant ce qu'il désirait.- Je voudrais voir les époux Saddler, fit Sante, lui adressant un sourire.
Le visage de la jeune femme s'empourpra d'une telle façon qu'il crut qu'elle allait se confondre avec le velours rouges des fauteuils derrière elle. Bredouillant, la domestique s'inclina et se dépêcha de chercher sa maîtresse.
Sante eut un sourire en coin en patientant à la porte. Il avait toujours aimé ça, déstabiliser d'un regard. Ça lui avait prit dès l'enfance, lorsqu'il avait découvert que ses précepteurs étaient moins durs avec lui dès lors qu'il faisait les yeux doux. Puis, c'était devenu un jeu. Quelque chose qu'il appréciait faire pour taquiner ses ennemis, ou juste pour se distraire. En grandissant, il avait comprit que la gente féminine appréciait son visage. Il en avait joué quelques temps, puis s'était lassé. Contrairement aux apparences, Sante n'était pas un homme à femmes.- Entrez, seigneur Martinelli, fit soudain une voix.
Lady Gisla venait d'apparaître accompagnée de deux gardes. Ceux-ci s'approchèrent, et le seigneur donna instinctivement son arme, sachant déjà d'avance qu'ils allaient le fouiller. Lorsqu'ils eurent fini, ces derniers sortirent des appartements et fermèrent la porte derrière eux.
- Simple formalité, fit Lady Gisla d'un haussement d'épaules. Vous savez l'animosité qui règne entre nos familles.
Elle portait une robe bleue foncée aux ornements dorés, dévoilant son cou gracile. Ses yeux clairs étaient encadrés d'épais cheveux foncés, eux-mêmes ramassés dans un chignon travaillé. Lady Gisla était une belle femme.
- Qu'est-ce qui vous amène ici ? fit-elle d'un ton froid et dépourvu de politesse.
Ses paupières tombantes et ses pommettes hautes signaient un prétention qui n'étonna aucunement Sante. Elle tenait à lui faire savoir que sa venue n'était pas nécessaire, et qu'il pouvait déjà prendre la porte.
- Votre mari n'est pas là ? demanda-t'il, ne prêtant pas attention à son manque d'enthousiasme.
- Qu'est ce que ça peut vous faire ? se moqua-t'elle.
- Simple curiosité.Il y eut un silence, puis Lady Gisla lâcha un soupir.
- Il partage un déjeuner avec Lord Garer. Affaires de fiefs.
- Je vois, répondit Sante.La lady plissa les yeux.
- Gardez vos petites politesses pour vous, nous savons tous les deux que nous nous entre-tuerons dès que le besoin s'en fera sentir.
- C'est fort probable, en effet.
- Alors puis-je savoir ce que vous faites dans mes appartements ? Avez-vous prévu de mourir prématurément ?Elle ordonna qu'on lui serve une tasse de thé, et la servante s'exécuta avant de les laisser seuls.
Sante secoua la tête.- Aucunement. Je viens pour affaires importantes, expliqua-t'il. Les meurtres.
Les épaules de Lady Gisla tressaillirent alors qu'elle s'installait sur un siège. Bon joueur, Sante fit mine de n'avoir rien vu et s'assit également.
- Quelle histoire sinistre, murmura-t'elle en ajustant sa robe. J'ai déjà parlé à la garde royale, et celle-ci m'a informé qu'elle souhaitait appeler l'apprenti Exécuteur -à défaut que mon neveu ne fusse dans les parages. Il s'agit de votre jeune frère, il me semble ?
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Maleficarum I La main du Diable (terminée)
FantasíaEn raison de ses liens avec l'Obscur, Swan se voit être la bête noire du village. Accusée des pires atrocités et menacée par l'Inquisition, elle vit reclue dans la ferme de ses parents quand ceux-ci decident de la vendre à une riche famille seigneur...