31. Provocation

809 45 18
                                    

Ramsay vient s'asseoir sur mon lit, tout près de moi. Je ne lève pas les yeux vers lui, trop concentrée sur le livre que je "lis". Après quelques secondes de silence, Ramsay me demande : "Pourquoi as-tu frappé à la porte de ma chambre ?" Je réponds, toujours en regardant le livre que je tiens dans mes mains : "Je voulais te parler du père et du frère d'Athelstan." Ramsay serre les poings et m'ordonne, d'un ton menaçant : "Ne me parle plus jamais de cet homme, Belle." Je suppose qu'il ne m'appelle pas "ma douce" ou "mon amour" parce qu'il est vraiment en colère. Je ferme mon livre et je le pose sur mon lit avant de demander : "Pourquoi détestes-tu Athelstan à ce point ?" Mon futur époux me regarde et répond : "Ce n'est qu'un homme qui s'occupe des chevaux, il ne mérite pas toute l'attention et la gentillesse que tu lui donnes... Pourquoi préfères-tu passer du temps avec lui plutôt qu'avec moi ?"

Une pensée me vient à l'esprit : pourquoi Ramsay est-il si gentil avec moi ? Les rumeurs sur lui disaient qu'il était odieux avec absolument tout le monde, et surtout avec les femmes. Peut-être espère-t-il pouvoir mieux me manipuler si je crois qu'il est un homme bien ? Malheureusement pour lui, je ne suis ni aveugle ni naïve. Je suis au courant de ce qu'il a fait et il pourra faire tout ce qu'il voudra pour me convaincre qu'il est honorable, je sais que c'est faux... Ramsay insiste : "Pourquoi trouves-tu que cet homme est plus intéressant que moi ?" Je soupire et je me lève debout. Je m'approche de la fenêtre et je regarde dehors. Après quelques secondes de silence, je réponds : "Athelstan est aimable, drôle et généreux. Il prend soin des chevaux avec beaucoup de tendresse, comme s'ils étaient des êtres humains. Il se préoccupe des autres et il ne les méprise pas... Contrairement à toi. Toi, tu méprises tous ceux que tu juges trop indignes pour toi."

Ramsay reste muet. Je le regarde et je me retiens pour ne pas sourire ou éclater de rire. Son expression est tellement satisfaisante ! Mon cher futur mari semble complètement ahuri par ma réponse. Je continue : "Que se passe-t-il, très cher Lord Bolton ? Vous avez perdu votre langue ?" Cette fois, Ramsay bouillonne de rage. Il en devient rouge. Il se lève et s'approche de moi avec un regard qui ne me laisse rien présager de bon. Je recule un peu, en espérant trouver un objet qui pourrait blesser Ramsay s'il essayait de me faire du mal. Ramsay essaie de me mettre mal à l'aise : "Non, je n'ai pas perdu ma langue. En veux-tu une preuve ?" Mes joues commencent à devenir chaudes. Je garde la tête haute et je réplique : "Je n'ai pas besoin de preuve, je te crois sur parole."

Je m'éloigne de Ramsay, mais il agrippe mon bras et il me plaque contre le mur. Je suis coincée entre le mur glacé et lui. Avant que je puisse réagir, les lèvres chaudes de Ramsay rencontrent les miennes. Ses mains parcourent le haut de mon corps et j'en frissonne... De dégoût, évidemment. Lorsque nos lèvres se séparent, Ramsay me chuchote : "Je ne pourrai pas attendre à ce soir, ma douce. Tu es irrésistible." Justement, c'est mon but. Ma technique de persuasion ne pourrait pas fonctionner si je n'étais pas irrésistible. Un jour, une vieille femme m'a dit que j'étais arrogante, que je surestimais ma beauté. C'est drôle, son fils ne pensait pas la même chose ! Je ne me qualifierais pas de charmeuse ou de tentatrice, mais les hommes (et quelques femmes) ne sont pas insensibles à mon charme, et je sais me servir de cela. Et puis, lorsque nous possédons un talent, nous devons l'utiliser, n'est-ce pas ?

Ramsay continue, toujours en chuchotant : "Cette nuit sera... Un avant-goût de notre première nuit en tant que mari et femme." Je lui dis : "Si tu oses aller trop loin cette nuit, j'irai dormir avec Athelstan." Ramsay affiche un air surpris. Il recule un peu et il me gifle. Il me menace : "Prononce encore une seule fois ce prénom et lorsque je serai gouverneur du Nord et seigneur de Winterfell, tu vas dormir avec mes chiens." Je regarde Ramsay avec haine et colère. Croit-il vraiment que je vais le laisser me traiter de la sorte ? Et croit-il vraiment qu'il deviendra Gouverneur du Nord ? Même ma cousine Sansa est moins naïve que lui ! Sans dire un seul mot, je retourne m'asseoir sur mon lit. Je reprends mon livre dans mes mains et je fais semblant de lire. Ramsay comprend que je ne veux plus le voir et il soupire avant de sortir de ma chambre. Dès que je n'entends plus le bruit de ses pas, je repose mon livre sur mon lit et je sors de ma chambre, bien décidée à voir Theon.

Un grand sacrifice [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant