CHAPITRE 17

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Allongée dans mon lit, je fixais mon plafond avec un sourire béat sur les lèvres. La scène que je venais de vivre dans le bus quatre cent quarante se rejouait dans ma tête et se répétait sans cesse.

« Tu me manques déjà. »

Sa voix incroyablement grave résonnait en moi, me faisant frissonner.

Mes yeux traînèrent dans ma chambre alors que je souriais comme une idiote. Je pris un coussin qui traînait sur mon lit pour le compresser contre ma poitrine, l'entourant de mes bras.

Je me mordis la lèvre, les yeux pétillants. Je ne pouvais être plus heureuse que je l'étais.

Je posais le coussin contre mes lèvres, étouffant un cri de joie. Je voulais crier ma joie au monde entier mais je ne le pouvais pas.

Je devais cacher mon bonheur pour mieux le préserver.

Je reposais le coussin contre mon ventre et secouais mes jambes dans tous les sens, tapant de temps en temps le matelas. J'avais envie de sauter partout et même de danser tellement j'étais heureuse.

J'aimais cette sensation de bonheur. Cette impression de légèreté, d'être sur un doux et moelleux nuage, de planer. C'était tellement délicieux. Je ne voulais pas que cela s'arrête. Je voulais que cette sensation dure éternellement.

Assise sur mon tabouret j'attendais que mon professeur de peinture vienne voir mon tableau que j'avais réalisé pour un devoir.

Quand mon tour fut venu, il se positionna en face de ma toile. Il posa son doigt sur son menton regardant chaque détail silencieusement. Je mordis ma lèvre inférieure, légèrement anxieuse de son avis.

« C'est bien Isabella, mais ça manque un peu de vie, d'émotion. Ta technique est bonne, mais c'est un peu trop fade à mon goût. »

Je déglutis face à son jugement. J'y avais passé beaucoup de temps et j'étais pourtant fière de ma peinture. Je ne comprenais pas pourquoi il me disait cela.

Il passa voir les autres élèves alors que plusieurs questions tournaient dans ma tête cherchant les raisons de son jugement. Je plissais les yeux, examinant encore et encore ma peinture, cherchant les fautes que j'avais pu faire. 

« Bien. Pour la prochaine fois j'aimerais que vous me fassiez une peinture de ce qui vous tient à coeur. Peu importe ce que cela peut être, il faut que cela soit rempli d'émotion. Il faut que cette peinture représente ce que vous aimez par-dessus tout. Je veux que cela soit intense quand on regarde votre peinture, qu'on puisse ressentir nous aussi ce que vous ressentez. » Il feuilleta son cahier rapidement.

« Vous avez une semaine. »  Plusieurs élèves protestaient sifflant qu'ils n'avaient pas assez de temps mais le professeur n'était pas de cet avis. Il restait totalement sérieux et ne semblait pas déstabilisé par les nombreux chuchotements.

« Une semaine et pas un jour de plus. » ajouta-t'il calmement pour faire cesser les chuchotements de mécontentement.

Je soufflais. Je ne savais pas ce que j'allais faire ni comment j'allais m'y prendre pour mettre de l'émotion dans cette peinture que je devais de plus faire en une semaine.

Je jetais un regard à Camille qui elle aussi affichait un visage décomposé. Elle devait être dans le même état que moi. Totalement perdue.

Quand la fin du cours sonna, je rassemblais mes affaires et sortis de la salle de classe avec Camille. On se dirigea vers la sortie du bâtiment avant de nous séparer pour rentrer chacune de notre côté.

BUS440 I h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant