Du Sang sur les Pointes [Hiatus]

06

L'intérieur de l'opérette comprenait une loge avec un comptoir, à l'instar de l'Opéra. Je passai mes doigts sur les murs tapis de velours rose et or. Ici, c’etait vide. Il y avait meilleur endroit pour se cacher.

Il n'y avait qu'une seule double porte. Je l'a poussai, et des conversations brouillées par l'écho me bourdonnèrent les oreilles. La dame ne m'avait pas menti. L'intérieur de l'opérette était rempli à craquer.

Je rentrai dans l'immense salle,"Ils ne peuvent pas préférer du ballet de seconde zone à l'Opéra." Soit ils se réchauffaient, soit ils fuyaient aussi des mafieux.

Derrière mon dos, la porte s'ouvrit, rafraîchissant l'odeur de renfermé mal dissimulé par du désodorisant.

Était-ce elle? Était-elle venu me chercher? Un frisson parcouru mon dos.

J'y jetai un coup d'œil. Ce n'était qu'un spectateur en plus. J'étais soulagé de ne pas mettre fait avalé tout cru, mais je préférai m'engouffrer dans la foule. Pas trop devant pour pas me faire remarquer, mais pas au milieu quand même pour que je sois difficile à atteindre.

Je réussis à m’assoir à côté d'un homme d'âge mûr en costard.

Ça devait être désespéré si même des cadres comme lui se mettait à fuir.

J'examinai la scène, car quand on s'asseyait, on ne voyait que ça : la plateforme d'une taille de pachyderme avec du colophane éparpillé sur le sol.

Après un moment, les lumières s'éteignirent. Ça sera plus difficile de me retrouver. Mon cœur s'apaisa.

La voix de la femme en survêtement résonna dans la salle,"Cher public, je vous remercie de votre présence. C'est grave sympa. Les petits rats de l'opérette officieuse de Paris présentera, pour vous servir, le lac des cygnes de Tchaïkovski en version courte..."Elle fut atteinte de toux grasse. Pendant cinq minutes. "Ouais donc en gros c'est pour dire qu'on a du talent, qu'on ai bousillé notre carrière à cause de la boisson ou non."

"Abrèges !"Cria mon voisin.

"Bref, voici notre pièce."

Un projecteur rond illumina le rideau menant au coulisses. La musique du célèbre compositeur apparu, et une danseuse noire fit des petits pas et des pirouettes jusqu'au milieu de la scène.

Celle qui représentait Odile portait un tutu de cygne élaboré. On avait dispersé des paillettes et des plumes sur son ornement. Ça la sied à ravir et quand elle dansait, elle était tellement dans le rythme qu'on aurait dit que les notes de musique était écrite sur sa peau.

Ce n'était pas mauvais. Sur ce coup là, j'avais presque oublié que je me trouvais dans une opérette.

Une autre danseuse, dansa en tant que cygne autour d'Odile. Elle portait une queue de cheval non réglementaire, mais ses Grand Jeté ferait pâlir ma mère.

Une cygne sautait en faisant des pirouettes. En portant des…des boucles d'oreilles. Et elle se soulevait jamais sur les pointes.

Quelqu'un ici avait besoin qu'on leur rappelle les règles.

Je me levai. Un bruit similaire au mien survenu, comme si on s'était levé en même temps que moi.

"C'est qu'une coïncidence, c'est tout. Mais vaut mieux  s'asseoir" J'essayai de rester silencieux.

La prochaine cygne était voilée, et se spécialisait dans des arabesque en symbiose avec les cordes de l'orchestre et le battement de ses propres pas au sol. Ces sons résonnèrent en moi.

Puis une grande fille, jouant le Cygne Noir apparu sur scène. Elle non plus ne portait pas la coupe réglementaire. Sa coiffure ne consistait que d'une couette rousse tombant sur son dos pâle. On conspirait contre moi c'est ça? À part ça, elle fit en duo avec Odile que je trouvait charmant.