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Je m'avançais en direction de la Tour Eiffel. Wei Xiaojian devait m'y attendre. Qu'importe qu'il soit prêt à m'écouter ou pas, je lui exposerai mes intentions pures sans utiliser aucun filtre. La pensée de me retrouver dans ses bras à l'instar de Madame Ndongo et Henriette me fit un bond dans la poitrine. Une chaleur me pris le visage et je me mis à courir vers le point de rendez-vous.

Il ne se passa que quelque secondes avant que j'aperçoive le symbole de Paris, "Xiao...J'ai vraiment besoin que tu sois de mon côté sur ce coup là." Je soupirai. M'autoriserait-il à l'appeler par son prénom ? Ce n'est pas que j'avais peur mais après l'avoir vu se mettre dans une colère noire, je préférais éviter.

Je me mis deux claques, "Je ne suis plus n'importe qui : il va m'accepter. Comme pour les filles, comme pour les filles !" Je repris ma course vers lui.

En parlant d'elles, des sirènes de police retentirent au loin, ainsi que des coups de feu. Il n'a pas fallut longtemps pour qu'elles se fassent remarquer. Alors que je m'avançais, les bruits de combats faisaient fuir une bonne partie des touristes. Seul, il se tenait pile en dessous du monument. Le seul qui ne regardait pas dans la direction du chahut, le seul qui ne courait pas vers l'opposé, le seul pour qui ces gyrophares et ces cris équivalaient aux sons de la ville.

Bref, Xiao avait honoré sa promesse. Mais même sans boucan, sa touffe fluo ne m'aurait pas échappé.

Il regardait sa montre tout en tenant un étui à contrebasse. Il ne pouvait pas en jouer, il avait autant le sens du rythme que Bienvenue en leçon d'improvisation. Il y cachait quelque chose.

Mon espoir me suppliait de croire qu'il s'était mis à frotter des cordes. Mais ça ne pouvait être que sa mitrailleutte fétiche.

Wei Xiaojian avait ramené des armes à feu. Il comptait me tuer ? Mes jambes tremblèrent et je ralentis mon allure.

Il tourna son visage vers moi. Trop tard.

Il n'y avait plus personne à des dizaines de mètres. Il pouvait me descendre sans se soucier du bruit des armes. Je m'arrêtai tout à fait.

Pourquoi avais-je autant la trouille ? N'avais-je pas ma propre arme aussi ? Tout comme les amoureuses du Trocadéro. "Les habitudes de la profession, ce sont juste les habitudes..."

Il se tourna, "T'es enfin là. Avance-toi, que je te traite comme devrait être les gens comme toi : les traîtres."

La Tour s'illumina au-dessus de lui. La couleur se déposa sur son costume et ses cheveux, bien que rien de ce qu'il me disait était coloré.

Toujours à quelques mètres de lui, je gloussais," Ne sois pas comme ça, Xiao."

Dès que son nom sortit de ma bouche, il me fusilla du regard, "Tu oses te pointer devant moi après nous avoir tous mis dans la merde ? Je pensais pas que t'allais survivre à Jieung yong, ni au Puma." Il dézippa l'étui à contrebasse, "Quant à moi, je ne compte plus perdre contre toi."

"Quoi ?"

"Fais pas celui qui ne comprend pas. Après avoir flingué le #3 et le #2, il ne reste plus que moi avant de mettre fin à l'ordre de t'exécuter."

Quoi ! Non ! Ce n'était pas mon but. J'étendis les bras devant moi,

"Attends, ce n'est pas ce que je voulais dire par 'discuter' ! Enfin si, mais pas dans ce sens-là !"

Xiaojian s'arrêta d'ouvrir l'étui, "Profiter de la loi de la Patronne est la meilleure chose à faire, alors pourquoi tu ne le fais pas ? C'est pas comme si tu m'avais jamais mis à mal. Qu'est-ce que tu veux dire d'autre par 'discuter' ?"

Du Sang sur les Pointes [Hiatus]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant