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Quatorze jours se sont passées depuis que l'agent numéro 2, Yoh Song-Ho n'a pas répondu aux appels de la Firme.

La Patronne, Nadine Ndongo dépensait son temps libre à tenter de le retrouver ou de dénicher un numéro, une adresse, n'importe quoi. Ainsi, il n'était pas rare de la voir ingurgiter un triangle en guise de déjeuner en entourant des lieux de rouge sur des plans gris.

Pour ne pas se faire remarquer plus qu'ils l'ont été, les membres de la Firme ont cessé le marché des tableaux, et même les la section de tueurs à gages se retrouvait à glander sans rien faire.

La flic traînait cinq jours sur sept dans le bureau de la Patronne, mais personne n'avait le droit de lui toucher un cheveux. Pas que Wei Xiaojian en avait envie. Les désirs de sa Patronne étaient ses désirs également.

Il n'y avait pas plus compatissante qu'elle dans le milieu. Quoi que l'on dise, elle pouvait leur donner une famille et devenir une mère pour eux.

Il arrivait à Xiaojian aussi de se demander où Song-Ho pouvait bien se balader quand il passait devant sa porte qui sentait encore le colophane, mais ça ne durait jamais plus de deux secondes. Après quoi il se persuadait que ce n'était pas ses affaires.

Sachant que ce n'était pas vrai.

La quatorzième journée voyait le soleil descendre quand la flic (Elle s'appelait Henriette n'est-ce pas ?) et la Patronne déboulèrent dans le couloir en enfilant un manteau. Henriette examinait son téléphone portable.

Xiaojian le pointa du doigt, "Du nouveau ?"

Elle lui colla l'écran au nez, "À l'opérette, Song, il, finira. Tout ?!"

Wei prit le téléphone, "Respire, respire. Je vais le lire moi même."

À la suite d'une flopée impressionnante de textos, Song-ho n'y a répondu qu'en trois lignes, "Ce soir, ce sera la fin de ce cauchemar. Soyez présent à l'opérette ce jeudi dès 17h."

Xiaojian murmura, "Song-ho, à quoi tu joues ?"

Ces trois lignes constituèrent tout ce dont la Patronne avait besoin pour faire chauffer le moteur de sa 4x4. En tant que protection, Wei et David les accompagnèrent.

L'intérieur de la salle regorgeait de fourmis armées d'appareil photos. Si la première représentation avait pu prendre l'apparence d'un spectacle, un deuxième dérapage signerait la fin de l'ère de la Firme.

Seul un point blanc détonnait dans le public. Zheng Tai, la reine blanche, zyeutait la salle comme s'il n'était jamais rentrée dedans. Il tapait des pieds en buvant un verre. Il n'avait pas l'air d'avoir invité les journalistes non plus. Au moins cela signifiait qu'il en savait autant qu'eux, et qu'il n'avait rien à voir dans la disparition de Song-ho.

Xiaojian expira et se détendit.

Ils parvinrent à s'installer vers le fond de la salle, avec les filles côte à côte et David et Xiaojian à chacune de leurs extrémités. Évidemment, ils étaient armés. On ne sait jamais.

Xiaojian jeta un œil dans la direction de David. Il délaissait chaque jour un bandage en plus, mais ne quittait pas cette air pensif. Wei ne souhaitait pas le déranger donc il faisait semblant de ne rien percevoir. Chacun avait des moments comme ça, où l'on se sentait perdu...

Un ciel rouge.

Un cou noir.

Un sourire blanc.

Xiaojian réprima ces pensées et se concentra sur la scène.

Le rideau séparant les coulisses de la scène se fendirent et Song-ho en émergea. Il s'avança au devant de la scène et il... brillait. Non seulement les strass-paillettes collés sur son tutu de plumes mais aussi leurs reflets dans des morceaux de miroirs sur la tenue. C'était un ange. Objectivement parlant bien entendu.

Du Sang sur les Pointes [Hiatus]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant