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À mon réveil, ma tête reposait non plus sur le matelas rugueux du commissariat, mais sur des cuisses accueillantes. Autour de moi, la lumière n'éclairait que de quoi distinguer les objets de la maison. Ce qui n'était pas beaucoup.
Le froid me mordit le flanc. Brrr. Qu'on allume le radiateur ! Je me retournais, cherchant de la chaleur dans ce corps qui me réchauffait.
"Alors Song-ho ? On s'est habitué au confort parisien ?"
L'esprit du sommeil se dissipa et je levai la tête vers mon hôte.
J'étais chez moi, à Manpo. Sur les cuisses de Maman.
Maman !
Je portais mes bras autour de sa taille, "Maman ! Tu m'as tellement manqué !"
Elle me sourit et me caressa les bouclettes, "Arrêtes, tu sais que c'est faux."
Je secouai la tête, "Non. Pardonne moi de t'avoir trahi. Je ne suis plus digne d'être ton fils."
Dès que j'eus dit ces mots, le cou de ma mère noirci et des yeux se révulsèrent.
Je me rappelle avoir hurlé.
Mon cri me sorti du cauchemar. J'avais tâché mes draps de sueurs et observa mon environnement. Je couchais de nouveau dans la cellule qu'on m'a assigné avant de...partir pour de bon.
Je m'assis sur le matelas, "Il n'y a plus rien à faire. Il faut que je paye pour ce qui s'est passé."
Et pourtant, même après m'être résolu à disparaître, la peur de la mort me faisait trembler les membres.
Alors que je me morfondais, un bruit de choc me sortit de mes pensées.
Un bruit lent et rythmé et faisant trembler mes barreaux à chaque coup.
Qui venait me chercher ? N'allaient-ils pas me donner une quelconque forme de procès avant de m'abattre ? Je me réfugiai sur le lit et gardai mes yeux sur mes barreaux se tordant à vu d'œil.
Peut être que je n'avais jamais cessé de rêver.
Les barreaux de la cages cédèrent. Un trou assez grand pour un adulte laissa passer une personne familière.
"Jieung-yong ! Qu'est-ce que tu fais ici ?"
Il portait un marteau massif, et s'essuya le visage d'un coup de manche. Sa présence me troublait encore, malgré le fait que je fus bien heureux de le retrouver ce soir. Dans un sens. Son cache-œil témoignait de sa haine pour moi.
Le clair de lune éclaira les traits de Jieung-yong, visiblement en extase depuis d'être déchaîné sur ces barreaux. C'était le même sourire que lorsqu'il électrocuta quelqu'un pour la première fois.
"Ah. Trouvé !"
Un frisson me parcourut l'échine, "Merci, Jieung-yong."
Il me regarda de haut en bas.
Allait-il utiliser son marteau sur moi ? Je regardai tout sauf l'arme.
"Désolé."
Je sursautai, "Quoi ?"
Il fit la moue, "J'ai peut être dit des trucs pas sympa à propos de toi. Et de ta mère."
"Tu ne parles plus de la Grande Chihiye ?"
"Juste oublies d'accord ?"
Oublier ? Et pourquoi se repentir seulement maintenant. Non, ça sentait mauvais.
"Pourquoi tu me dis ça que maintenant ? Et qu'est-ce que tu veux que je fasse de tes excuses. As-tu pensé au moins une fois à ce que ça pouvait faire de perdre sa mère ?
Il me mit le doigt devant la bouche, "Stop. Tu pense beaucoup trop."
"Mais on a bien le droit de savoir ? Tu nous plantes puis nous implore le pardon. À quoi tu joues ?"
Les joues de Jieung-yong devinrent roses. Si je me fit à mon appréciation des couleurs dans l'obscurité, "J'ai, j'ai mes raisons ok ? Il était tellement rayonnant quand j'ai accepté de m'excuser. Je l'avais jamais vu comme ça. Je veux plus lui faire perdre le sourire. Je suis peut-être pas encore au point mais je fais des efforts."
C'était...touchant. Je souris, "Pour David..."
En parlant du loup, le voilà qui rentra dans la cellule, tout sourire, "la discussion s'est bien passé ?"
Jieung-yong rougit d'un ton plus vif et détourna le visage. Je dus répondre à sa place, "Il m'a tout expliqué. Il y a du progrès je le reconnais, mais il a pour l'instant plus d'empathie pour lui même et celui qu'il aime que pour le reste de l'espèce."
David sembla réfléchir à qui je faisais référence en disant 'Celui qu'il aime' sans comprendre.
Pendant ce temps là, Jieung-yong me fixa d'un regard sombre. Mais avec David dans la même pièce, il serait peu probable qu'il utilise son maillet géant sur moi.
Je baissais mes épaules, signe de l'évaporation de ma tension, "Comment est-ce que vous êtes sortis de vos cellules ? J'avais imaginé que la surveillance de la police serait plus vigilante que ça.
David et Jieung-yong se regardèrent, et ce dernier sursauta en me racontant leurs grandes évasion, "D'abord, on était dans la même cellule !"
"Comment ?"
"J'ai déjà eu affaire à la police, et je n'ai eu qu'a rendre mon histoire larmoyante pour qu'on laisse en liberté. J'ai fait pareil ici. J'ai fait croire à un des agents que David et moi étions des amoureux transi pris dans une tragique affaire."
Ce qui était le cas. Mais ça, je ne me le permis pas de le dire à voix haute.
"Puis il nous as enfermé ensemble dans une cellule fraîchement évadé dans un acte de soutien. Il n'y avait plus qu'à unir nos force pour s'échapper d'ici.".
"C'est... brillant. Surprenant, bizarre et brillant."
David se dirigea vers la sortie, "On a encore quelques heures avant que les gardes reviennent pour la garde de nuit. Dépêchons nous."
Nous sortions tous de la cellule, et nous hâta à la prochaine remplie.
Quand nous débarquons dans sa cellule, Xiaojian faisait toujours un petit somme. Il râla un moment avant de nous joindre.
La prochaine sur la liste fit la Patronne. Elle nous remercia avant de s'excuser pour amener Henriette de ses propres mains.
Ce qu'elle fit quelques minutes après, portant la jeune fille dans ses bras. À ce moment, personne n'avait demandé comment est-ce qu'elle avait procédé pour libérer sa bien aimée.
Enfin au complet, nous nous dirigions vers la porte d'entrée du commissariat à pas de velours. Henriette nous devançait.
Des claquements de chopes de bières des éclats de rire gras l'arrêtèrent dans sa marche, nous arrêtant un par un par la même occasion.
Il y avait toujours des gardes. Comment allons-nous sortir ? Bien sûr, ils avaient l'air trop bourrés pour nous entendre, mais qui sait ?
"Passons devant la salle. De toutes façon, la porte n'est qu'entrouverte."
Henriette secoua la tête, "Une ombre furtive pourquoi pas, mais 6 ? C'est un peu beaucoup."
Je me mit à le ronger les ongles.
Henriette se retourna, "Écouter, c'est à moi que revient la tâche de les convaincre. J'ai une part de responsabilité dans ce qui nous arrive et j'aimerais me racheter. De plus, je suis flic moi aussi."
Elle s'en alla et nous laissa tous passer dans l'ombre alors qu'elle comfrontait la lumière du bureau. Bientôt, on n'entendit que des coups de poings et de meubles heurtés.
Elle nous rejoint juste après, un filet de sang coulant de son nez, "Ça, c'est fait."
J'eus plus de frissons dans mon dos que pour Jieung-yong.
Nous sortions enfin en dessous du ciel étoilé. La Patronne trafiqua une des SUV de la police et démarra.
Des cris de joie de suivirent de claquage de mains. Même la Patronne retrouva le sourire.
Mais je fus le seul à ne pas me réjouir d'avance. Qu'importe nos attaques, Zheng Tai et sa troupe avait un coup d'avance sur nous.
Je m’avançais vers le siège de la conductrice, "Désolé de casser l'ambiance mais...on va où ?"
Les yeux de la Patronne s'écarquillèrent, "Excellente question."
"On nous retrouvera quelque soit ce qui arrive. On ne peut pas fuir indéfiniment."
Xiaojian haussa les épaules, "Alors tu proposes quoi ?"
Cette solution me faisait froid dans le dos, mais avait-on le choix ? Je pris une inspiration, "Attaquons la source de nos problèmes. Amenons Zheng Tai à la justice."
La terreur attendue circula entre nous, suivit d'une détermination. Xiaojian tapota le siège de la Patronne, "Dans ce cas là, je vous conduit chez lui. Si on veut trouver quelques choses d'incriminant , c'est bien là-bas."

Du Sang sur les Pointes [Hiatus]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant