Mon âme est tienne. [Embry Call]

24.

[PDV LANA WYERS]

Sur mon ordinateur défilait les différentes universités qui m'intéressaient.
Je grimaçais en y voyant le prix : dommage. Lenny ne me paiera jamais une grande université.
Il me disait toujours : "Tant que tes résultats sont excellents dans une université au fin fond d'une ferme ce sera exactement pareil."
Je voulais lui dire que non. Mon futur patron ne regardera que l'université ou j'étais. Et puis mon père rajoutait souvent : "Puis tu vas pas faire médecine, t'es littéraire." Comme si ça valait moins.

Je soupirais.
L'inscription à l'université Gainsville en Floride me donnait plutôt envie. Je cliquais dessus, gardais leurs coordonnés et les joindrais prochainement.

Je savais que l'été arrivait à grands pas, que les petites vacances inventées pour Embry n'était qu'une excuse pour le garder près de moi.

Qu'allais-je devenir ? Des études de journaliste, c'était pas si mal mais moi, je voulais écrire des livres. Je voulais faire rêver les gens, je voulais faire partager mes douleurs, mon amour. Mais qu'allait écrire une adolescente comme moi ? Une histoire de loup garous ? Non merci.

Plongée dans mes pensées, j'entendais mon téléphone vibrer : Embry.
Je soupirais : nous venions tout juste de nous disputer.
Je répondis pourtant en boudant un peu.

-Hm ? fis je en soupirant.

-J'ai un job. Je vais livrer des conneries chez Bob White ! s'exclama mon petit ami en cachant sa joie.

Je restais figée. Un job ? Déjà ?

-C...Comment ça ?

-T'es pas contente ? On va pouvoir partir à ton université ! Et puis, je trouverai un job là-bas et tout ira bien !

Nous parlions un bon moment. Embry Call avait l'air faussement ravi à l'idée de travailler. Je le félicitais en le remerciant mais je ne pouvais penser à ce que Sam Uley lui dirait.

De mon côté, j'attrapais Clausius et partit vers le Paul's Coffee.

Plus le temps passait, plus Forks me répugnait. Tout était si sombre au printemps ! Dix huit ans de vie ici, de gros pulls presque toute l'année, un teint pâle de malade.
Et c'est pas tout.
Les même têtes, les même cons qui pensent avoir réussi leurs vies à pourrir ici. Je soupirais.
Si maman ne m'avait pas laissé partir à Forks avec Papa...

Je m'arrêtais enfin devant le café et je sortis en laissant quelques minutes Clausius dans la voiture. Le pauvre, il détestait ça mais Paul (le patron ayant le même nom que son propre café, le narcissisme à l'état pur) était allergique aux poils de chien. Donc...
Il n'y avait pratiquement personne aujourd'hui : Paul m'accueillit gentiment, je remarquais directement l'absence du serveur. Je fronçais les sourcils.

-Salut Paul ! Grand monde aujourd'hui, fis-je en souriant doucement.

Paul pouffa de rire puis lâcha un long soupire.

-Que viens-tu faire ici ma belle Wyers ? me demanda le vieillard en souriant.

Sur le comptoir, je posais mon CV. (Presque vide, mais avec tout de même des choses... Enfin, des choses inutiles du genre mon petit côté littéraire etc.)
Il le lu en souriant, je le pris presque mal puis il me lança un petit regard.

-Donc tu veux, après les cours et le week-end bosser ici ? Et toutes les vacances ? me demanda Paul en fronçant les sourcils.

Avant même que je réponde, il continua.

-Tant mieux, mon serveur est parti. J'avais besoin de quelqu'un. Tu commences lundi, bon on verra pour toute la paperasse avec Lenny.

Je restais stoïque devant le vieux Paul. Je lui lançais un énorme sourire avant de le remercier.
Je repartais vers ma voiture en sautillant, Clausius à l'intérieur qui me lançait un regard noir.