(Zachary)
-Zachary dépêche-toi! Elle arrive bientôt! Hurle ma mère du bas des escaliers.
Je finis d'enfiler mon tee-shirt et fais à la va-vite mon lit pour qu'il soit présentable. On ne sait jamais, si elle veut visiter.
-Ça va c'est bon! Au pire je m'en fous d'elle. Rajoutais-je plus bas.
-Pardon?!
Oups... Apparemment ce n'était pas assez bas. Je me dirige vers l'escalier et le descend lentement.
-Rien, j'ai rien dit.
-Je préfère.
Ma mère soupire longuement avant de me suivre dans le salon.
-Ecoute Zac, je sais que ça s'est mal passé avec les autres enfants mais cette jeune fille vient pour des raisons particulières.
-Et j'espère que tu seras gentil avec elle Zac. Rajoute mon père en surgissant de la cuisine.
-Pourquoi elle est là? Demandais-je, lassé.
Elle jette un regard hésitant à mon père et finit par soupirer, avant de se laisser tomber sur le canapé, à mes côtés. Oh, ça sent la conversation sérieuse. Elle finit par prendre la parole d'une voix serrée par l'émotion.
-C'est... C'est compliqué. Elle a été battue par son père depuis sa naissance jusqu'à encore la semaine dernière. Et il n'a pas fait que la frapper, ce qu'il lui a fait subir est absolument ignoble à ce qu'on m'a dit. Quand elle a été admise à l'hôpital les médecins ont dit qu'elle avait de nombreuses autres blessures atroces, dont certaines cicatrisées. Le genre de choses que tu ne vois qu'une seule fois dans ta vie et heureusement d'ailleurs. Mais elle n'a jamais répondu aux questions, personne, à part elle et son père, ne sait réellement ce qui s'est passé durant ces dix-sept années. Alors ne la brusque vraiment pas d'accord? Elle doit être sensible. Me répond ma mère.
Je dois avouer que je suis légèrement déstabilisé. D'habitude les gamins que mes parents hébergent sont là parce qu'ils ne supportent pas le divorce de leurs parents. Alors ils se rebellent. Ou bien pour des problèmes dans le même genre. Mais là, il va falloir que je me contrôle. Je suis comme on pourrait le dire, colérique. J'ai vraiment du mal à contrôler ma rage et je fais peur à voir lors de mes crises. C'est pour ça que ça n'a pas marché avec les autres enfants, ils se plaignaient bien trop pour moi.
La porte sonne et ma mère appelle ma petite sœur qui est à l'étage. Je l'attrape dans mes bras et tous ensembles nous nous dirigeons dans l'entrée. Quand ma mère ouvre la porte, Mme Talier nous sourit.
-Salut la compagnie! Je vous amène votre nouvelle recrue. Rigole-t-elle.
Je l'adore cette femme, la soixantaine mais toujours une pêche d'enfer. Je ne sais pas comment elle fait pour supporter tous les enfants dont elle s'occupe. Etre assistante sociale doit vraiment être un métier compliqué. Je n'aurai pas assez de patience moi, je finirai par claquer leur tête contre un mur.
-Mme Talier, je vous pris entrez. Déclare mon père.
Elle entre puis se décale. Et là, je la vois, elle, notre « nouvelle recrue ». Mon Dieu... Ses yeux. Tout de suite ils me frappent tellement ils sont bleus. Ses jolis cheveux bruns, qui lui arrivent jusqu'à la poitrine, sont surmontés d'un bonnet entièrement noir, bien que usé.
Mais ce qui me choque encore plus, c'est l'énorme coquard qui entoure son œil droit et sa lèvre gonflée et fendue. Ses lèvres sont fines et délicates. Comment peut-on les abîmer de la sorte? Son père est vraiment un monstre. Elle s'avance et regarde ma famille droit dans les yeux, puis quand c'est mon tour, je retiens mon souffle. Elle me fixe avec une telle intensité. Comme si elle essayait de dire des millions de choses en un regard.
-Je vous présente Angelia Teissi. Angelia, bienvenue dans ta nouvelle famille d'accueil. S'écrit Mme Talier.
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Take Me Away [ÉDITÉ EN VERSION PAPIER]
RomanceElle a vécu l'enfer, il voit en elle l'espoir. La survie, Angelia connaît bien. Pendant 17 ans, elle a vécu l'enfer auprès d'un père violent, avant d'être placée en famille d'accueil, complètement traumatisée. Mais vivre le quotidien d'une lyc...