Take Me Away [ÉDITÉ EN VERSION PAPIER]

Chapitre 18

(Zachary)

Je gare ma voiture à côté de la maison car ma place de parking est déjà prise. Par une ambulance. Bon sang, c'est quoi ce délire?!

Je sens une grande inquiétude monter en moi et me précipite à l'intérieur. Il y a deux hommes autour d'une personne à terre et je ne peux reconnaître de qui il s'agit. Mais quand l'un d'eux se décale, c'est la douche froide.

Je suis paralysé par ce que je vois.

Angelia, mon petit ange, allongée par terre, avec du sang lui coulant de sa bouche à ses joues, s'étalant autour d'elle. Elle suffoque, recrachant comme elle peux ce liquide si écœurant sur sa peau d'ivoire. Les ambulanciers tournent autour de son corps et là, je le vois. Son ventre. Je vois l'immense cicatrice d'une brûlure, et une multitude d'autres. Mais ce que je remarque surtout c'est la couleur de celui-ci. Un mélange de bleu et rouge, ou peut-être du violet je ne sais pas, s'étend en dessous de ses côtes droites, jusqu'a la limite de son pantalon. Cette tâche s'élargit de plus en plus et je comprend l'urgence de la situation.

Mon dieu. En la voyant fermer les yeux pour de bon j'ai l'impression de m'évanouir avec elle.

Les ambulanciers la soulève sur le brancard et passe devant moi pour l'embarquer dans l'ambulance. Je ne bouge pas, ne parle pas, je suis juste sous le choc. Ma mère monte avec elle et je retrouve mon père attrapant les clés de voiture. Je suppose qu'il va la suivre.

-Lily tu restes ici avec Zachary. Dit-il.

-Pas question! Je viens avec toi, t'as cru se j'allais la laisser toute seule?! M'exclamais-je en colère.

-Moi aussi veux venir. Renchérit ma sœur.

Il soupire puis nous nous dirigeons vers la voiture.

-Que s'est-il passé? Le questionnais-je, alors qu'un silence pesant prend place dans l'auto.

-Je ne sais pas, elle mangeait comme tous les jours et d'un coup elle s'est mise à cracher du sang. Quand elle s'est levée elle s'est écroulée. Je ne comprends rien.

-Et puis c'est quoi ce qu'elle a au ventre? Cet énorme bleu?

-J'en sais pas plus que toi Zac. Bien que je ne suis pas médecin je suppose très fortement que c'est une hémorragie interne. Je veux dire, je ne vois rien d'autre.

Je me tourne vers Lily qui continue de sangloter silencieusement.

-T'inquiètes pas Lily, ça va bien se passer.

-Arrête de dire ça Zac, je ne suis pas bête, je sais que c'est grave.

Je l'entoure de mon bras, étonné de sa maturité. Elle a vraiment l'air de s'inquiéter pour Angelia, elle a dû s'attacher à elle.

Ça va faire deux heures qu'on attend dans la salle d'attente. Je n'en peux plus. Quand on est arrivé, une infirmière nous a dit d'aller rejoindre ma mère qui se trouvait là et que Angelia allait se faire opérer de toute urgence. Le médecin va venir nous voir quand il aura fini apparemment.

Et ça va faire deux heures qu'on attend ce foutu toubib.

Lily a finit par s'endormir ainsi que ma mère. Mais impossible pour moi, je suis mort d'inquiétude. Depuis tout à l'heure je m'imagine les pires scénarios. Et si elle était paralysée. Et si elle était dans le coma. Et si... elle était morte. Bon sang comment je ferai pour m'en remettre? Je ne la connais pas depuis longtemps c'est vrai mais pourtant j'ai tissé un lien avec elle. Quelque chose d'inexplicable. Peut-être que le poid de la culpabilité y est pour quelque chose aussi. En fait c'est même très probable car c'est impossible que je ressente ça pour une fille, n'est-ce pas?

-M.Prims?

Je me lève d'un coup et réveille tout le monde d'une pression sur le bras.

-Bonjour, je suis le docteur Ivanoch. Je viens de finir d'opérer la jeune fille que vous accueillez.

-Comment va-t-elle? L'interrompais-je.

-Elle est hors de danger. Elle a fait une hémorragie interne, mais nous avons pu la stopper à temps. Son intestin était mal en point. J'ignore par contre ce qui l'a causé, autre que la multitudes de cicatrices expliquant son passé, je n'ai trouvé que quelques griffures sur son visage. Rien d'autre.

Je réfléchis et soudain ça me paraît clair. Comment j'ai pu passé à côté, c'est pourtant évident.

-Elle s'est bagarrée ce matin. Elle a dû recevoir un mauvais coup. Bon sang je vais trucider Carla.

-Dans tout les cas elle est en salle de réveil. Vous pourrez la voir quand elle sera dans sa chambre. Ça ne devrait pas tarder.

Mes parents le remercient puis il nous salut avant de partir.

-Je vais la tuer. Sifflais-je entre mes dents, articulant chaque syllabe.

-S'il te plaît Zachary arrête! Carla aussi est à l'hôpital je te rappelle. Elle sont aussi responsables l'une que l'autre de leur état.

-NON!!! Hurlais-je

Mes parents sursautent et Lily se remet à sangloter. D'autres personnes dans le couloir me regardent étrangement mais qu'elles aillent se faire foutre. Je sais que ma petite sœur ne m'aime pas dans cet état, mais je ne peux plus me contenir.

-C'est Carla qui a commencé! C'est elle qui a commencé a la frapper! Si Angelia ne s'était pas défendu elle serait peut être morte à l'heure qui l'est! Alors si cette poufiasse est à l'hôpital c'est uniquement de sa faute!

D'ailleurs heureusement qu'elle y est, j'espère sincèrement qu'elle a bien morflé, c'est mon seul réconfort.

Sans leur laisser le temps de répondre, je me met à courir vers la sortie, j'ai besoin de prendre l'air.

Il faut que je me calme, que je fasse redescendre ma colère. Je trouve un mur solide et frappe dedans, encore et encore comme à mon habitude.

Je ne m'arrête que quand je sens l'adrénaline diminuer. Un gars qui m'a vu faire me regarde bizarrement. Putain mais il va pas s'y mettre lui aussi!

-T'as un problème?! Je gueule, incapable de me retenir.

Il lève les yeux au ciel puis jette sa clope avant de rentrer à l'intérieur. J'attends quelques instants pour reprendre mes esprits, avant de le suivre. Quand je reviens dans la salle d'attente, on m'informe qu'elle s'est réveillée.

Je me dirige vers sa chambre, c'est presque si je ne cours pas. Il faut que je la vois, que je me rassure. Je ne peux pas la perdre. C'est impossible. Mais une fois devant la porte, je m'arrête instantanément. J'avoue avoir peur de la voir, de comment elle va être après ça. Et si elle avait totalement changée, si elle ne voulait plus m'adresser la parole?
De toutes façons il n'y a qu'une manière de le savoir. Je souffle un grand coup, puis baisse la poignée avant d'ouvrir la lourde porte.