(Zachary)
Je la vois ouvrir petit à petit ses yeux. La lumière a l'air de l'agresser alors je patiente, priant pour qu'elle ne se rendorme pas. Mais elle finit par s'habituer et descend son regard vers moi. Ce que ce bleu intense m'avait manqué!
-Salut. Dis-je en souriant.
Elle m'observe longuement sans parler. Je la vois légèrement perdue, il lui faut sûrement du temps pour reprendre ses esprits. Je décide de lui donner un coup de pouce.
-Tu es à l'hôpital. Tu as fais une hémorragie hier, après ta bagarre avec Carla. Tu... t'en souviens?
Lentement elle hoche la tête. Elle a l'air d'horriblement souffrir. Je déteste cette vision, je donnerai tout pour enlever cette douleur permanente sur son visage. Je détourne le regard de ses traits déformées par sa souffrance et me dirige vers la porte.
-Je vais chercher le médecin. Déclarais-je sans me retourner.
-Zac... Souffle-t-elle, a bout de force.
Je me retourne lentement et plonge mes yeux dans les siens. Je vois qu'elle se met à paniquer alors je dois la calmer, par tous les moyens. Elle ne doit pas vraiment aimer les hôpitaux, je comprends.
-Je reviendrai, c'est promis.
Puis à nouveau je lui tourne le dos ouvre la porte pour m'engouffrer dans le couloir. J'ai besoin de respirer un grand bol d'air, d'évacuer la pression. D'autant plus que je n'ai pas envi qu'Angelia voit mes poings abîmés.
Je préviens un médecin pour qu'il s'occupe de la douleur d'Angelia avant de retrouver mes parents.
-Vous pouvez y aller, je rentre me coucher.
-Tu es sur Zac? Il y a cinq minutes tu ne voulais même pas dormir. Me questionne ma mère.
-Oui oui, je l'ai vu maintenant, ça va mieux. Restez avec elle, bonne nuit.
-Bonne nuit mon chérie. Sourit-elle, une lueur dans les yeux.
Durant tout le trajet de l'hôpital jusqu'à chez moi, je ne cesse de réfléchir.
Pourquoi suis-je parti?
Je n'en sais malheureusement foutrement rien. Je rentre chez moi et me couche dans mon lit dans la minute qui suit. Je suis à bout.-Bordel de merde!!! Criais-je en frappant mon oreiller, le premier objet devant moi.
Elle a failli mourir. Mourir! Et moi je me casse quand elle a besoin de moi! Mais c'est quoi mon problème?!
Mais je ne pouvais pas rester. Je ne comprend pas ce qui m'arrive, je suis perdu. Depuis quand je m'inquiète autant pour une fille? Tout a changé depuis qu'elle est ici. Ça me fais peur. Mais idiot comme je suis je ne peux même pas lui dire. Non je préfère la fuite, c'est tellement plus simple. Je suis qu'un lâche, et pourtant si quelqu'un ose m'insulter je le détruit. Bordel, j'en ai tellement assez de mon comportement.
Je m'allonge face au plafond et soupire. De longues minutes passent avant que ne décide de bouger.-Ça suffit. Marmonais-je, agacé.
Je me lève ne réussissant pas à trouver le sommeil et me balade à travers la maison. Je laisse mes pieds me guider, perdu dans mes pensées, pour finalement m'arrêter devant la chambre. Sa chambre. Un long moment de doute s'ensuit. Dois-je rentrer ou non? Elle m'a bien fait comprendre que je ne devais plus y mettre les pieds sans sa foutue permission. Mais qui le saura? Elle ne se rendra même pas compte de ma visite. Suite à mon impulsivité je descend la poignée et pénètre dans la pièce plongée dans le noir. Mes yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité et grâce à la luminosité de la lune, passant par la fenêtre, j'arrive à entrevoir chaque détail de sa chambre.
-Oh merde.
Je reste bouche-bée devant le bordel. Il y a quelque jours tout était méticuleusement rangé, ses vêtements bien alignés dans sa valise, ses draps tirés au maximum. Pourtant, ce qui me fait face est un véritable champ de guerre. Comment elle a pu devenir bordélique en si peu de temps? Peut-être une de ses crises.
Son lit est défait et des vêtements sont en désordre dessus. Les peluches sont au sol, son portable aussi. Seule la photo de sa mère est toujours bien placé dans sa table de nuit, entre-ouverte. C'est qu'elle doit tout de même avoir une importance pour elle.
Sans même savoir ce que je fais, je m'assoie sur le bord du lit et attends. Je n'ai aucune idée de ce dont j'attends, alors je finis par m'allonger sur le matelas. Sans bouger un seul vêtement bien-sûr. On ne sait jamais, elle est tellement observatrice. Et lorsque mes yeux se pose sur son oreiller, il me faut un temps de compréhension tellement je suis ahuri. De grosses tâches de décoloration sont éparpillés dessus.
Des larmes.
Elle a pleuré. Peut être toutes les nuits depuis qu'elle est ici. C'est donc la nuit qu'elle laisse tout échapper. Qu'elle peut enfin respirer et laisser ses émotions la submerger.Je ne comprend rien. Pourquoi ce désordre, pourquoi les larmes la nuit et non le jour. À quoi cela sert de cacher ses émotions? Enfin je suis mal placé pour parler. Je fais le dur, le mec qui se fout de tout et qui fait souffrir les filles sans aucun remords. Mais au fond, oui, j'ai des émotions, parfois de la culpabilité pointe son bout du nez mais je la dégage vite-fait. Disons que j'ai appris à le faire. Je n'ai pas eu une vie toute rose, il ne faut pas croire. Les apparences sont parfois trompeuses.
-Mais qu'est ce que je fous. Dis-je d'une voix perdue.
Je reste allongé sur ce lit dont les draps sont imprégnés de son odeur. Et bon sang ce qu'elle sent bon. Son odeur à elle avec un mélange de savon. Je pourrai la respirer toute la nuit. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai envi de faire ce soir. J'arrête de réfléchir et me laisse emporter par le sommeil. Tous les événements de ce soir m'ont épuisé, alors mes yeux se ferment peu à peu et je l'imagine malgré moi à mes côtés.
VOUS LISEZ
Take Me Away [ÉDITÉ EN VERSION PAPIER]
RomanceElle a vécu l'enfer, il voit en elle l'espoir. La survie, Angelia connaît bien. Pendant 17 ans, elle a vécu l'enfer auprès d'un père violent, avant d'être placée en famille d'accueil, complètement traumatisée. Mais vivre le quotidien d'une lyc...