♣Chapitre 6.

2.4K 148 59
                                    

     Ces trois minutes semblaient avoir été les plus longues de ma vie quand elles arrivèrent enfin à terme. Il était temps pour moi d'attraper ce petit bout de plastique pour regarder si j'y voyais une ou deux barres. Peu importe la réponse, cette expérience me terrifiait. Pour plein de raisons différentes, j'étais absolument terrifiée. Au fond de moi, je semblais savoir qu'il ne pouvait pas s'agir d'une pure coïncidence. C'était impossible que je me retrouve avec autant de symptômes, mais surtout, impossible que ce ne soit pas la raison pour laquelle je n'avais toujours pas mes règles. Si je voyais apparaître deux barres, alors ça voulait dire que j'allais devoir discuter avec Fred. Discuter de cet enfant que je portais possiblement. Discuter si oui ou non, j'allais le garder. Si non, discuter de l'avortement que j'allais devoir subir, et si oui, discuter de ces neufs prochains moins qui allaient être dignes d'un rollercoaster. C'était terrifiant. Rien que d'y penser, j'avais du mal à l'imaginer. Je me rapprochai enfin du lavabo et attrapai le test d'une main tremblante en murmurant des mots faits pour me rassurer à moi-même. Alors, quand enfin mes yeux se posèrent sur le stick, mon cœur sembla se stopper. L'information que venait de recueillir mes yeux faisait son petit bout de chemin jusqu'à mon cerveau qui ne sut pas comment réagir, à part en me faisant trembler plus fortement. Je ne savais pas quoi faire. Tiraillée entre l'envie de pleurer et celle de sourire et sauter de joie face à la nouvelle qu'annonçaient ces deux barres, je n'aurais jamais pu dire à cet instant précis quelle était l'émotion qui prendrait le dessus sur l'autre. Je portais l'enfant de Fred. Je portais mon enfant. Je portais notre enfant. Ce petit être, fruit de notre amour. Et bien que je m'y attendais, j'étais bouleversée. S'il acceptait de le garder... Je n'étais pas sûre de ce qui se passerait. Nous nous trouvions à l'aube d'une seconde guerre des sorciers et j'étais, avec mon frère, l'ennemie numéro un de Voldemort. Cet enfant était aussi bien un don du ciel qu'une malédiction. Une malédiction pour lui-même. Si le monde venait à apprendre son existence, il risquait gros. Et cette pensée me fit frissonner. De plus, l'appréhension des réactions de tous mes proches et tous les proches de Fred montait. C'était la pire idée du monde que de tomber enceinte maintenant et je ferais mieux d'y mettre fin dès maintenant... Pourtant, au fond de moi, j'avais cette sensation qui m'assurait que ce n'était pas le cas. Que j'avais le droit d'avoir cet enfant et que je méritais ce bonheur qu'était celui de la maternité. Et je voulais le connaître. Qui sait quand serait la prochaine fois que j'allais pouvoir tomber enceinte ? Je voulais connaître cette sensation, mais surtout, je voulais partager ce rôle de parent avec celui que j'aimais. Je voulais le partager avec Fred, et je priais de tout mon cœur pour qu'en rentrant demain, il soit de mon avis. Imaginer une petite tête rousse courir à travers notre appartement pour se jeter dans les bras de son père pour lui faire un câlin me donna les larmes aux yeux. Mais c'est un bruit à ma droite qui me sortit de ma rêverie, me provoquant un sursaut. En tournant la tête, je tombai nez-à-nez avec Molly, suivie de son panier à linge qui volait dans son dos.

"- Alexis, ma chérie, tout va bien ?"

Moi qui avais du mal à garder ma langue dans ma poche, je n'arrivais pas à trouver les mots pour lui répondre. Elle déposa le linge d'un coup de baguette et fit un pas vers moi. Je ne pouvais pas lui en parler avant d'en parler à Fred... Et si nous décidions de ne pas le garder ? Qu'est-ce que je finirais par dire ? Mais ses yeux se posèrent sur la boîte traînant sur le lavabo et elle soupira.

"- Oh, Merlin ! Elle pourrait au moins avoir un minimum de respect et ne pas laisser traîner ses affaires partout !" S'exclama-t-elle en prenant la boîte du test entre ses mains.

Mon cœur manqua un battement quand elle observa la boîte sous tous ses angles, continuant de ruminer contre Fleur qu'elle pensait fautive. Mais elle s'arrêta dès qu'elle lut les écritures, bloquée là à lire et relire ces trois mots : "TEST DE GROSSESSE". Alors, elle leva lentement les yeux, le visage pâle, et elle les abaissa de nouveau pour fixer ledit test que je tenais entre les mains. Son regard était si terrifiant que je ne pus rien faire d'autres que me taire en sentant les larmes monter encore plus. S'il te plaît, ne me crie pas dessus, s'il te plaît ne me crie pas dessus...

[EN REECRITURE] Alexis Potter : When it's all over [Tomes 6 et 7].Où les histoires vivent. Découvrez maintenant