♣Chapitre 24.

2.2K 138 58
                                        

"- Essayez de vous mettre à l'aise au mieux. On ne devrait pas tarder à commencer l'accouchement." Me dit l'infirmière.

J'hochai la tête en respirant fortement. Fred avait sa main serrée dans la mienne et caressait le dos de celle-ci avec son pouce, sans broncher parce que je broyais littéralement la sienne tellement la douleur me coupait en deux.

"- Ça va ?" Me demanda-t-il.

"- J'en chie ma race, mais oui, tout va bien." Dis-je en grimaçant, essayant de me placer au mieux en sentant une violente contraction m'assaillir.

Je le vis sourire, ce que je ne compris pas, et il posa une main sur mon front pour en dégager quelques mèches qui s'y collaient. J'étais une fontaine. Je n'avais jamais eu aussi mal de ma vie qu'à cet instant.

"- Respires bien... Inspire longuement, expire doucement. Tout par la bouche, mon cœur. Vas-y, t'es parfaite."

J'hochai la tête et écoutai Fred qui me rassurait, me glissait des mots doux et fis ce qu'il m'avait dit de faire. Je régulai ma respiration avec difficultés, gémissant de douleur à chaque contraction qui s'intensifiaient à chaque seconde. Le médecin qui m'avait suivie durant toute ma grossesse arriva et m'informa qu'il était temps de commencer. Je soufflai enfin. Petit Pois allait arriver dans les minutes qui suivaient. Et j'espérais que tout se passerait bien. Je le souhaitais tellement fort. Je ne supporterais pas d'avoir attendu neuf mois pour échouer à la plus belle chose qui puisse nous arriver. Aujourd'hui allait être le plus beau jour de notre vie, je ne pouvais pas tout gâcher.

On sangla mes pieds aux étriers, ce qui fit redoubler mon angoisse et ma douleur. Fred le sentit et il posa ses lèvres sur mon front en continuant à me dire que tout se passerait bien. Je sentis que je commençais à trembler et je fermai les yeux pour essayer de me calmer, comme me le demandait le médecin qui vérifiait une dernière fois que tout semblait bien.

"- A la prochaine douleur, vous pourrez commencer à pousser. Il est très bien positionné, on voit presque déjà sa tête !"

En sentant la douleur qui annonçait le début de la poussée, je fis ce que m'ordonnait le médecin et Fred passa une main derrière ma tête pour me soutenir. D'un côté, il serrait ma main, et de l'autre, il soutenait ma tête.

Je recommençai plusieurs fois. Je ne savais même pas combien de fois je continuais. C'était long. J'avais du mal. Je me sentais encore plus trembler. J'avais à la fois froid et à la fois chaud. C'était insupportable et j'avais l'impression de ne pouvoir jamais réussir.

"- Vas-y, mon amour... Tu es parfaite..." Me chuchota Fred.

"- J'y... J'y arrive... Pas..." Haletai-je en commençant à sangloter.

"- Si, je t'assure. Tu t'en sors très bien. Continue, bébé, continue..."  

Je pouvais sentir les larmes me piquer les yeux et me mis à frissonner. Je soufflai, pris ma respiration et patientai quelques secondes avant de reprendre.

"- Vous y êtes presque ! Le bébé est juste là ! Vous êtes formidable !" Me rassura l'infirmière.

Je respirai encore, pris un peu de temps, et fis mon maximum avant de voir le médecin et l'infirmière discuter, sentant ma douleur s'atténuer. Le silence prit place dans la pièce. J'entendis un bruit de claque qui me fit froncer les sourcils, puis silence. Pas un pleur. Pourquoi il n'y avait pas de pleurs ?

Le médecin passa à côté de nous sans me montrer le bébé qui ne bougeait pas. Il alla dans une petite salle adjacente et Fred se leva soudainement. La panique dans ma tête se mit à augmenter. Où est-ce qu'ils emmenaient mon bébé ? Pourquoi ils ne me le donnaient pas ?

"- Qu'est-ce qu'il se passe ?" Demanda-t-il. "Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi il ne pleure pas ? Pourquoi il ne bouge pas ?

- Votre fille ne respire pas. Mais on va arranger ça. Le docteur Wallace fait des miracles, vous aurez votre bébé en bonne santé."  

  Je sentis mon cœur s'accélérer alors que l'infirmière nous laissait avec son autre collègue pour rejoindre la petite salle. Fred avait perdu son sourire et la collègue étant restée avec nous dans la salle était très gentille. Elle essayait de nous rassurer, de nous faire baisser la pression, mais je sentais que ma panique était trop forte. J'entendais des termes que seuls les médecins comprenaient et qui ne voulaient rien dire pour moi, mais toujours aucun pleur. Les bébés devaient pleurer à leur naissance qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Elle bougeait bien !

Elle... C'était une fille. J'avais eu une fille. Une petite fille. Enfin, allais-je vraiment l'avoir ?

Je tournai les yeux vers Fred qui voulait se jeter à la suite des médecins dans la petite salle, mais on lui avait dit qu'il ne le pouvait pas.

"- Fred, assieds-toi..."

Il tourna la tête vers moi, se coupant dans sa plainte.

"- S'il te plaît... Assieds-toi..." Sanglotai-je.

Il s'exécuta en attrapant ma main avec les siennes, voyant que mes yeux étaient remplis de larmes. Il embrassa ma main, stressé, ce qui accéléra encore plus mon cœur. Après avoir cru faire une fausse-couche, je pensais que tout irait mieux. Je pensais qu'elle naîtrait sans problème. Pourquoi je ne pouvais rien faire correctement ? Pourquoi chacun de mes moments de bonheur devaient se compliquer ? Pourquoi je devais être si compliquée à vivre ?  

[EN REECRITURE] Alexis Potter : When it's all over [Tomes 6 et 7].Où les histoires vivent. Découvrez maintenant