16 - La bonbonnière

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Continent de Dingin

Zone vide

Les vents de Dingin ne tiennent pas la comparaison avec ceux de Panas. La carlingue du transporteur grince peu et les instruments électroniques ronronnent dans l'habitacle. Daphné vole à quelques dizaines de mètres du sol pour échapper aux radars, mais au travers des hublots, le paysage n'offre rien à Marie : la planète est plongée dans un océan d'encre tandis que des nuages noirs déchirent parfois le ciel étoilé. Cette fameuse « zone vide » ne propose décidément rien de particulier. La nuit épaisse y est pour quelque chose, mais les projections holographiques du vaisseau dévoilent peu de reliefs pour égayer le panorama. Elle mérite donc bien son nom, et à plusieurs titres visiblement : pour son manque de gula selon les géologues de l'Amirauté, mais également pour sa géographie sans aspérité. Marie préfère le spectacle des chaînes montagneuses qui se dessinent depuis la colonie, ainsi que les couleurs changeantes des dunes parsemées d'herbes grasses de la Bande. La zone, elle, reste morne et peu attrayante. Du moins, dans un premier temps.

Alors que le transporteur parcourt une région de petites collines, le paysage se transforme brusquement et tombe à pic, comme si le T21 s'approchait d'un précipice abrupt. Sans hésiter, le cargo franchit le bord de la falaise et descend en spirale pour se rapprocher du fond de la fosse ; puis il entre dans une plaine lisse qui, une fois le mur laissé dans son sillage, s'étend à perte de vue dans toutes les directions.

— On est encore loin ? Demande Marie à l'attention de Samuel.

— Non, cinq minutes, tout au plus, lui répond le pilote sans se retourner. Tiens, t'as qu'à regarder le plan toi-même... ajoute-t-il en glissant un doigt sur son écran pour envoyer une carte vers le terminal de la jeune femme.

Les coordonnées sauvegardées par Alain clignotent dans le coin du planisphère, à une dizaine de centimètres de la flèche représentant le T21. SVP se veut optimiste lorsqu'il annonce le temps de vol ; le vaisseau mettra au moins le triple, surtout s'il doit contourner le massif qui s'interpose entre eux et leur cible. Il n'est pas très haut, mais pour rester sous les radars, il faudra se tenir au fond du ravin et virer autour du récif. Le cœur de Marie bondit dans sa poitrine. Elle regarde une nouvelle fois l'image sur son écran et reporte son regard sur la projection holographique affichée par le cargo ; le paysage qui se déploie dans l'habitacle reste aussi peu accidenté que le fond d'une assiette.

— Daphné, demande-t-elle en plissant le front, t'es sûre de ton relevé topo ?

— Bien sûr ! s'exclame l'IA. Les capteurs ont été révisés le mois dernier, ils sont super stables.

— Parce que ce qu'ils détectent n'a rien à voir avec la carte de la région...

— Qu'est-ce que tu racontes ? Interroge Justine soudainement intéressée.

— Et bien, explique Marie en écrasant son doigt sur l'écran, le plan montre un certain nombre de choses bien identifiables. Les deux montagnes, là par exemple, ou les plateaux ici et ici. Pourtant, lorsque l'on regarde la projection de Daphné, elles n'y sont pas, on devrait les apercevoir !

— Bien vu ! siffle SVP admiratif en agrandissant la carte sur le plateau de commandes.

Le planisphère est formel : cette région de Dingin devrait être couverte de collines, alors que, depuis qu'ils sont descendus de l'immense mur, les relevés topographiques en prise directe ne dévoilent qu'une profonde vallée lisse et régulière.

— Il est grand comment, ce trou ? Demande Marie en fouillant le plan pour trouver un point de repère.

— Pas d'idée précise, lui répond Daphné. Mes capteurs ne me permettent pas de calculer au-delà de cinquante kilomètres... Mais je peux dire que, si l'on en croit la forme de la falaise, on est dans une cuvette d'un diamètre bien supérieur.

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