TURBA

24 - Un nouveau départ

Vaisseau-Capsule numéro 3

Marie lâche le terminal et se redresse lentement, l'esprit enfin clair après ces minutes d'indécisions, tandis que Carter-Yuko la regarde, médusé. La pièce s'assombrit au fur et à mesure que les murs s'opacifient, et les veilleuses de secours gagnent en intensité. Une sirène retentit au loin, venant briser le silence qui s'est installé. Basile de Glaz s'approche du bureau pour tenter d'accéder à la console, mais plus rien ne fonctionne. Carter-Yuko lève un doigt et s'apprête à dire quelque chose lorsqu'un grondement sourd monte des entrailles du Vaisseau-Capsule, il s'amplifie et le sol commence à trembler tandis que des cadres au mur tombent. Carter-Yuko se tourne vers le sergent qui tente vainement de contrecarrer le programme de Samuel.

— Quel est le statut des IA principales ? demande-t-il, inquiet.

— Annihilées, commandant. La nécrose de leurs kystes a démarré.

— L'IA attaquante ?

— Envolée avec les données sécurisées Alpha-001.

— La vidéo de McDongle et Jourdain... murmure le commandant.

Les vibrations s'amenuisent, les circuits auxiliaires du vaisseau se mettent en marche pour palier à l'arrêt soudain des réacteurs. Malheureusement, toute la structure de la capsule semble chahuter, et sa machinerie complexe grince. Carter-Yuko ferme les yeux comme pour se concentrer de toutes ses forces. Finalement, sa mâchoire se crispe, traversée par un mauvais rictus. Il marche vivement vers la porte, décroche sa veste, puis se tourne vers le sergent.

— Lancez le plan Horizon, donnez l'ordre à quatre-vingts hommes de nous rejoindre aux arches des quartiers amiraux, sur le Vaisseau-Capsule 1. Nous y serons dans vingt-trois minutes, que toutes les autres brigades se positionnent aux zones clés de la ville avant cette heure, il y aura des débordements.

Puis il ajoute en direction de Marie, juste avant de franchir le pas de la porte :

— Finalement, vous ne faites que précipiter les évènements. Les prochaines heures vont être cruciales pour la colonie.

— N'oubliez pas les piles de la capsule ! gémit Basile de Glaz tout tremblant. Les IA sont mortes, il faut les éjecter manuellement !

— Hors de question, déclare Carter-Yuko. Sans elles, les fonctions vitales du vaisseau s'arrêtent et c'est une alarme générale au QG de l'amiral. Je ne peux pas le permettre, pas dans la prochaine heure ! On trouvera bien un moyen de les relancer.

— Le risque est trop grand ! s'écrie le directeur. Il faut envoyer quelqu'un effectuer les opérations d'arrêt. Si l'on dépasse le seuil de non-retour, les conséquences seront catastrophiques !

— C'est-à-dire ?

— Une réaction en chaîne et une explosion massive des piles. Ce n'est pas le vaisseau qui est en péril, c'est toute la colonie !

Carter-Yuko dévisage Basile de Glaz, cherchant à lire un éventuel mensonge dans son regard, mais l'homme tremble trop pour ne pas dire la vérité.

— Qui peut s'en charger ?

— Toute personne appartenant la direction des équipes d'ingénierie...

— Et bien, envoyons quelqu'un de l'usine.

— Pas le temps ! L'atelier des transporteurs est beaucoup trop loin des compartiments à combustible, n'importe qui là-bas arrivera trop tard !

— Abrégez, c'est quoi votre idée ?

— Je suis habilité, renchérit de Glaz, et vos bureaux se trouvent à mi-chemin : je peux y être avant tout le monde !