21 - Un risque à prendre

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Langkah — Secteur extra-M


Le groupe presse le pas et franchit une nouvelle ouverture percée dans le béton. À chaque fois, ils réapparaissent dans la cave d'un immeuble aux soubassements faiblement éclairés par des lanternes actives.

— On va parcourir quelques centaines de mètres à l'abri, déclare Bobby en choisissant une nouvelle brèche. Les fondations de la colonie sont les seuls lieux de la ville qui ne sont pas câblés et accessibles aux IA.

— Même la lumière ? Demande Marie en pointant les diodes.

— Oui, les circuits électriques sont indépendants... Lors de la construction des quartiers Extra, y avait pas de raison de fliquer les sous-sols. Une aubaine : il suffit d'ouvrir quelques passages entre les immeubles pour circuler d'un secteur à un autre sans être vu.

— Impressionnant, dit Marie en se penchant pour traverser à son tour le mur. On peut aller loin comme ça ?

— TURBA n'est pas la seule organisation à utiliser ce labyrinthe. En fait, toute la ville est quadrillée et on atteint pratiquement les vaisseaux-capsules par ces chemins.

Le répartiteur s'accroupit pour se glisser dans une ouverture au ras du sol et ils débouchent dans un vide sanitaire qui court sous la route principale du quartier. L'odeur étouffante des lieux ne le gêne pas, mais Marie ne peut s'empêcher de se couvrir le nez. Le plafond bas les oblige à rester à genoux, ils suivent le chemin de terre puis entrent dans une salle ouverte sur une fosse boueuse. Les fugitifs grimpent sur une passerelle branlante pour atteindre l'autre rive et Bobby dégage une ouverture sommairement recouverte d'une plaque de métal.

— Personne ne s'est rendu compte que vous perciez des tranchées ? demande Marie en se contorsionnant pour se glisser dans le tunnel.

— Je ne pense pas... réfléchit Bobby. Du moins, pas au début. Après, ça ne veut rien dire : on est surveillé, l'armée a forcément compris ce qu'on cherchait à faire. Ils ont probablement un schéma incomplet de notre réseau, ce n'est pas pour rien qu'ils ont failli nous avoir avant-hier.

— Ils savent donc qu'on a pris ces souterrains, déclare Marie.

— Oui, certainement. Mais ils n'ont aucune idée de notre destination... D'ailleurs, on va bientôt refaire surface.

Bobby emprunte un dernier couloir éclairé par une veilleuse clignotante. Ils ont probablement marché un bon kilomètre dans les soubassements de la ville en suivant ce chemin tortueux ; ils pourraient être n'importe où dans la colonie et peut-être même tout près de l'endroit où ils ont abandonné leurs véhicules. Bobby s'arrête au milieu d'une pièce aveugle au sol couvert de sable. Une échelle en bois se dresse au centre, il lève les yeux vers l'ouverture et fait un signe de la main. Un faisceau lumineux l'éclaire, le faisant cligner des paupières, puis le répartiteur demande aux deux jeunes gens de se rapprocher.

— Après vous, indique-t-il en désignant les premiers barreaux.

Marie grimpe rapidement, suivie de Samuel. L'Intra-M se hisse ; la dernière marche est difficile, mais des mains vigoureuses se saisissent de ses bras et elle se retrouve en un clin d'œil debout, au bord du trou percé dans la dalle d'une maison. L'Extra-M qui l'a aidée à sortir reste silencieux, le trentenaire épais et rugueux possède un air sévère que son crâne ras et son nez plat accentuent. Ses petits yeux enfoncés dans leurs orbites achèvent de lui donner une allure peu commode, il sourit contre toute attente — ce qui a pour effet d'appâter encore plus son visage —, et d'un signe de la tête demande à la jeune femme de s'écarter afin de prêter main-forte à SVP.

TURBAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant