18 - Sardines en boite

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Module de survie du T21

Les naufragés sont enfermés dans la capsule de sauvetage depuis quatre heures, allongés sur une couchette inconfortable avec l'impossibilité de s'asseoir. Quatre heures, c'est tout bonnement interminable dans ces conditions, mais Samuel refuse d'ouvrir l'écoutille, arguant que l'armée patrouille dans le coin. Marie en doute : si le chasseur avait détecté l'éjection du canot, ils leur seraient déjà tombés dessus. Non, l'équipage du T21 est probablement réputé mort dans son explosion. Marie bascule légèrement sur le côté pour détendre sa jambe droite et éviter la crampe. De cette chute, elle sort presque indemne, un miracle. Elle a des courbatures partout, des genoux en compote et son poignet gauche a doublé de volume. Mais d'une manière générale, elle n'a pas à se plaindre. Samuel s'en tire bien aussi : il peste seulement contre une douleur à la cuisse et les odeurs infectes de la capsule. Justine quant à elle reste inconsciente, mais le contrôleur de sa combinaison se montre rassurant, l'état de la jeune femme n'est pas préoccupant.

— Je veux sortir... grimace Marie, la gorge sèche.

— Ce n'est vraiment pas une bonne idée, juge Samuel d'un ton las. Je ne sais pas où est tombé le module, mais y a de fortes chances pour que l'on soit toujours sur Dingin. Dehors, la température est négative ; moins de vingt-cinq degrés Celsius d'après la capsule... Je ne nous donne pas vingt minutes dans un froid pareil. Surtout vu notre état...

— On pourrait au moins jeter un œil, reprend Marie en se massant le poignet.

— Non, le module nous maintient au chaud ; ses batteries peuvent tenir un certain temps, et elles n'ont pas été abîmées par la chute... Vaut mieux attendre que les amis de Justine déchiffrent notre message et daignent venir nous sauver.

— Pourquoi feraient-ils ça ? Après tout, ils se mettraient en danger et Bobby avait plutôt l'air... hésitant à sortir de l'ombre.

— Les membres de TURBA sont méfiants et prudents, c'est vrai... Mais je pense qu'ils viendront, parce que le SOS parlait de l'Éléphant... Et qu'ils n'ont toujours pas les coordonnées de la bête. Ils se doutent bien qu'avec une information pareille, ils pourront porter un coup dur à l'Amirauté. Mais les munitions, c'est nous qui les avons.

La boîte de conserve qui leur sert de refuge retombe dans sa torpeur moite, avec son éclairage faiblard et son grésillement électronique en fond sonore. Justine respire doucement et Samuel s'est assoupi, bercé par le rythme ronflant de la ventilation.

— T'as dit qu'elles tiendraient combien de temps, les batteries ? Interroge Marie en réveillant Samuel de la pointe de sa botte.

— Les batteries ? Vingt-quatre heures. Lui répond SVP en bâillant.

— Donc si TURBA ou un de leurs copains ne nous trouve pas d'ici là, on est mort, c'est ça ?

— Non, on le sera bien avant... Notre SOS est chiffré, mais je donne dix heures aux IA de l'Amirauté pour le décoder... Retrouver le module de sauvetage leur prendra alors cinq minutes avec Phoenix ; puis lancer une petite bombe à chaleur sur le secteur : à peine plus.

Marie soupire, soudainement très lasse. Ses courbatures la fatiguent et la perspective de se voir transformée en boule de feu après tout ce qu'elle a traversé ne l'enchante guère.

— Je te préviens, je reste encore un peu, mais si dans deux heures personne n'est venu à notre secours, je tente ma chance à l'extérieur.

Samuel hausse les épaules, mais ne lui répond pas. Dans la pénombre, il est difficile de déchiffrer son expression.

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