II-Relativiser

139 5 0
                                    


Je ferme l'écran sachant trop bien qui était sur cette photo. C'était elle, Marie, je pense. La sœur de Florent.

Son regard perdu dans le vide, je lui prends les épaules.

Moi: -On va la sauvée, d'accord? On va trouvée un moyen.

Il acquiesce, lentement.

Moi: -Tu habites où?
Florent: -Là...

Il me pointe du doigt une maison au allure moderne et raffiner. LA maison que tout le monde du quartier souhaite avoir.

C'est pas le moment de lui faire remarquer ce dernier point. Je le pousse vers la porte. Je prends la note qui est sur un post-it, le nom du profil où Florent doit envoyer l'argent. Avant de sonner je luis dis:

Moi: -Tu dois le dire à tes parents. C'est le seul moyen.

Il s'anime finalement:

Florent: -Non! Il a dit qu'il fallait le dire à personne! Parle pas, je m'occupe de ma mère.
Moi: -Elle va dire quoi pour ta sœur. Elle va bien voir qu'elle est pas là!

Il se fige. Secoue la tête. Il pousse la porte sans toute fois répondre.

L'entrée donne sur une cuisine magnifique aussi épurée que les attentes fixées. C'est maintenant à l'intérieur que je réalise comment la chaleur me manquait. J'enlève mes converses trempés et suis Florent qui monte déjà les marches d'un escalier vitré.

Dans le salon, une voix de femme s'élève:

La femme: -Flo? C'est toi? Marie est-elle avec toi?

Florent me regarde et dit:

Lui: -Oui, oui. On s'en va dans ma chambre.

Il la prend pour une gourde! Comment de toutes manières je vais pouvoir me faire passer pour sa sœur! Mes converses à l'entrée! Je chuchote:

Moi: -Mes converses...

Il me fait non de la tête et me montre l'escalier. Sa mère me verrait si elle se décidait à tourner la tête... Il faudra faire avec.

Florent ne veut pas niaiser à parler avec sa mère. Il me tire vers sa chambre, ferme la porte puis la barre.

Moi: -T'es vite en affaire?
Florent: -???
Moi: -Ben enfermer une fille dans ta chambre... dans l'heure de votre rencontre... Non? C'est pas grave.

Lily! Ta gueule. C'est vraiment pas le moment.

Moi: -J'dois téléphoner mes parents. Je leur dis quoi?

Il s'assoit sur son lit et se met à pleurer. Genre en boule, rabattant toutes ses couvertures sur lui. Je suis supposer faire quoi moi, là? Je le connais pas ce mec.

Je dois m'asseoir, avoir l'aire attentionnée. Ouais, bonne idée. Mon poids sur le lit le fait grincer. J'attrape des mouchoirs sur une table de chevet et lui tend.

Stupide comme je suis, il ne le verra pas tant qu'il aura des couvertures devant le visage... j'abaisse du doigt le tissu. Ses yeux sont fermés.

Moi: -Je suis désolée pour ce qui arrive à ta sœur... Si tu veux l'aider faudra trouver un moyen de, je sais pas moi, trouver l'argent sans attirer l'attention.

Florent me regarde du regard effrayé d'un chien battu et du regard déterminé d'un chat qui veut se faire nourrir dans les prochaines minutes. Donc très déterminé.

C'est pourquoi je lui tends mon sac de jujubes préféré que j'achète après chaque pratique. Dès qu'il les voit, il me vole le sac et en engouffre une poignée dans sa bouche.

Florent: -Chest mes préférés. Commient t'as chus!

C'est mes préférés aussi, crétin! Mange les pas tous! Le supplice doit se dessiner sur mon vissage parce qu'il me rend le paquet après s'être fais une réserve, évidemment...

Maintenant que Florent est sorti de sa tanière de couette, on peut parler.

Moi: -Il nous faut un plan... Je continue quand même de dire que la communication c'est la meilleure idée. Tes parents doivent savoir!
Florent: -Ça vaut mieux de rester dans ta tête parce que le gars plutôt a été clair, très clair. On n'en parle à personne!

On dirait que je suis la seule lucide...

Moi: -Et si une fois que tu les pailles, ils te demandent plus.
Lui: -Il ne le feront pas.
Moi: -Ils sont kidnappés ta soeur.

Sentant que les larmes revenir au galop:

Moi: -On va trouver un moyen. Faut réfléchir d'accord...

Liste de chose à faire et lui dire:
1- J'ai toujours pas appeler mes parents. (Ils vont eux aussi penser qu'il a un kidnappage)
2- Avertir la police, je veux bien l'aider mais un gars de 15 ans peut pas faire face à ça tout seul. (Oui, je me compte pas là dessus, je vais pas me foutre dans cette merde plus profondément encore, je suis dans la chambre barrée d'un inconnu là. Bon, je peux facilement débarrer la porte et l'inconnu en question est en fœtus sur son lit mais pareil...)

Toc! Toc! Toc!

Pas ça, s'il vous plait!

Femme: -Je peux rentrer? Mon chéri?

Tous pour sa sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant