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   Sans s'en rendre compte, Will s'était raidi sur le canapé depuis le départ de Jonathan. Joyce avait pensé bien faire en louant The Karate Kid, mais elle ne se doutait pas qu'il l'avait déjà vu au moins trois fois en compagnie de Dustin et Lucas. Il avait passé l'essentiel du film à ressasser ce dont il avait été témoin  l'après-midi, à essayer de se convaincre que ça ne pouvait pas être réel, qu'il avait halluciné.

Halluciné, mon cul ! Lui répétait sans cesse une petite voix, dans un coin de sa tête. Tu te raccroches aux branches, c'est tout. Tu as très bien vu, il est de retour, tapis dans l'ombre.

   Alors que sur l'écran, Daniel Larusso se blessait la jambe, juste avant la finale du tournoi, Will pensa à son frère. Même, s'il était d'accord pour dire que Jonathan avait beaucoup changé au cours des derniers mois, il n'était pas dans ses habitudes de filer à une heure aussi tardive. Puis, il y avait ce je ne sais quoi dans la voix de Jonathan qui l'amenait à penser qu'il n'allait pas réellement rejoindre Nancy. Après tout, il était sûrement la personne qui le connaissait le mieux; il savait quand il mentait.

Et tu n'as pas une petite idée de ce qui a pu le pousser à sortir comme ça ? Continua la voix (qu'il se refusait à assimiler à la voix de la raison) d'un ton narquois. Quelque chose comme un monstre dont on se croyait débarrassé qui réapparaît soudainement au milieu d'un banc de poissons crevés ?

Non ! Je n'ai pas vu ça ! Des reflets dans l'eau, c'est tout !

En es-tu bien sûr ? Je peux te montrer ce que nous avons vu.

La ferme !

Tu ne peux pas faire taire ta conscience, Will.

« Ça va mon chéri ? S'enquit Joyce. Tu transpires....

-Je vais bien, maman, ne t'inquiète pas. »

  Mais bien sûr qu'elle allait s'inquiéter. ("Tu n'as pas mangé tes andouillettes, tu es malade ?" ; "Tu es pâle" ; "Tu respires fort"...). Se faire du mouron était un sport dans lequel Joyce Byers était passée ceinture noire depuis l'automne 1983.

   Il fallait absolument qu'elle n'apprenne rien des événements de la journée, du moins, jusqu'à qu'il soit allé à la soirée de Tracy le lendemain. Il se mit à prier pour que Hopper ne débarque pas à l'improviste, comme souvent et se mette à tout lui raconter. Le shérif et sa mère passaient beaucoup de temps ensemble, beaucoup plus que d'ordinaire, depuis quelques mois. Il soupçonnait une liaison entre ces deux-là, mais n'avait pas de preuve concrète.

  À vrai dire, il se foutait que sa mère et Hopper soient ensemble (contrairement à Jonathan qui détestait toujours les petits amis de leur mère). Il aimait beaucoup Jim et si les choses se concrétisaient, Jane et lui seraient presque frère et sœur. Peut-être pourrait-il avoir avec elle la même relation qu'il avait jadis eu avec Jonathan.

La voix qui disait être sa conscience revint à la charge.

Je peux te montrer, Will. Je peux te faire comprendre que tu n'as pas rêvé. Tu as juste à fermer les yeux.

  Intérieurement, Will soupira et abaissa ses paupières. Ce foutu Jiminy Cricket au rabais n'allait pas le lâcher jusqu'à qu'il n'accepte.

  Il ne put expliquer ce qu'il se passa ensuite. Était-ce un rêve ou un flash-back ? Ou avait-il voyagé dans le temps ? Non, c'était absurde. Seulement sa mémoire - consciente et inconsciente- qui avait tout enregistré et défilait dans sa tête.

  Toujours est-il qu'il se retrouva -Ou du moins mentalement- au Lac des Amoureux, aux alentours de seize heures, heure à laquelle ils y étaient arrivés plus tôt ce jour là.

Stranger Things : Nouvel An Mortel (fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant