Chapitre 11

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Pdv Jug

avril 1940

On frappe à la porte. Je me demande bien qui vient nous rendre visite à une heure pareille. Je reste dans ma chambre et j'entrouvre la porte dans le but d'espionner la scène. Ma mère ouvre et voit deux SS. Ils ont l'air terrifiants, je les déteste rien qu'en les voyant.

- Madame, montrez-moi vos papiers.

Elle s'exécute. Ils lisent nos pièces d'identité attentivement.

- Selon vos papiers, vous êtes Juifs. Est-ce le cas ?
- Oui.

"Non, nous ne sommes pas Juifs, nous ne sommes ni croyants ni pratiquants." J'avais bien envie de dire cela aux SS, mais leur air sévère me disent qu'il vaut mieux se taire.

- Vous avez cinq minutes pour prendre le strict minimum d'affaires.

- Maman, où est-ce qu'ils nous emmènent ? J'ai peur.
- Je ne le sais pas, mon enfant. Personne ne le sait. Mais ne t'en fais pas, on fera en sorte d'être toujours ensemble. Prépare tes affaires, les miliciens s'impatientent.

Ils nous font sortir de la maison et une foule s'approche de nous. Ils portent tous l'étoile jaune, cette maudite étoile à six branches cousue sur les vêtements. J'avais envie de l'enlever, mais je n'avais pas le droit de le faire. Mes parents me l'interdisaient.

Nous arrivons dans un quartier constitué de maisonettes. Nous rentrons à l'intérieur et nous découvrons des pièces sales et humides avec des toiles d'araignée au plafond. C'est très peu éclairé et les fenêtres sont si sales qu'on ne peut même pas voir au travers.

- C'est ici, notre nouvelle habitation ?
- Oui, Jug. Nous vivrons dans ces pavillons inoccupés, désormais.
- Mais pourquoi avons-nous été transférés là ? C'est à cause de ça ?
Dis-je en montrant l'étoile jaune.
Elle hoché doucement la tête.

- Mais ce n'est pas juste. Pourquoi est-ce que les chrétiens se font respecter et pas nous ?
- Certaines personnes méprisent les Juifs, on ne peut pas changer leur jugement. Ils nous excluent de la société et nous maltraitent en raison de la haine qu'ils ont envers nous.
- Je déteste ce mot «haine», si seulement on pouvait l'enlever de la bouche de ces gens.
- C'est bien beau de dire cela, malheureusement c'est plus facile à dire qu'à faire.

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janvier 1942

Ça fait deux ans que je suis enfermé dans le ghetto de Lodz.
Tous les membres de ma famille ont été envoyées dans les camps de concentration.
Je suis le seul qui reste.
La plupart des gens qui sont encore là ont attrapé le typhus. Heureusement qu'ils ne m'ont pas refilé leur maladie.
Nous ne sommes presque pas nourris. Les kilocalories que nous recevons sont l'équivalent de 100 g d'amandes, c'est à dire à peu près 400 kilocalories.

Les Allemands venaient tous les jours. Pour nous choisir, ils pointaient du doigt un des mes frères et sœurs et criaient : «Vous 4, déportés !» .
Nous prions pour n'être pas sélectionnés. Je restais toujours en retrait et je faisais en sorte que les Allemands ne me voient pas.

Pendant ces deux années, je n'ai vu que des horreurs. Des coups s'abattaient sur les gens choisis qui tentaient de résister. Je n'ose m'imaginer la douleur que subissent les déportés dans les camps.
Je me demande combien de temps vais-je rester ici.

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