Pdv Jug
novembre 1945Dans le train qui m'emmène à Lodz je ne peux pas m'empêcher de penser à mes amis. Je leur ai dit "au revoir" ce matin, puis j'ai pris le bateau jusqu'en France.
Lorsque je suis enfin arrivé à destination, je descends rapidement du wagon et je sors de la gare en courant. Je n'ai pas de temps à perdre, je dois retourner chez moi afin de récupérer mes affaires.
La ville est denouveau peuplée. Il n'y a plus aucun milicien qui rôde dans les rues.Au moment où je me trouve devant ma maison, je vois que des lumières allumées. Je me demande bien ce que c'est. Je m'approche et je sonne. Une dame vient m'ouvrir.
Moi : Bonjour, je ne voulais pas vous déranger, mais j'aimerais reprendre mes affaires que j'ai laissées là.
La dame : Je suis désolée, mais je ne parle pas français.
Moi : Oh excusez-moi.
Je répète ma phrase en polonais. Ces dernières années, je n'ai que parlé en français et en anglais. Je n'ai pas oublié ma langue maternelle, au contraire mais je me suis habitué au français.
La dame : Je vous en prie, entrez.
Je passe la porte et je reconnais l'intérieur. Rien a changé depuis mon départ.
La dame : Qui êtes vous ?
Moi : Avant la guerre je vivais dans cette maison avec mes parents. J'ai tout laissé ici et je suis venu reprendre mes affaires.
La dame : Si c'était votre maison, je peux vous la laisser. Je vais m'en trouver une autre.Moi : Non, gardez la. Je n'en ai plus besoin.
La dame : Où allez-vous loger alors ?
Moi : Je m'en irai en France. J'ai trouvé un appartement.
La dame : Êtes-vous sûr ? Vous auriez pu vivre là.
Moi : C'est très gentil de votre part, madame, seulement je m'en vais.
La dame : Je vois. Comme vous le souhaitez, je vous autorise à reprendre vos affaires.
Je suis monté et j'ai revu ma chambre
d'enfant. J'ai fouillé dans les tiroirs et j'ai pris mes objets les plus précieux. J'ai rempli mon sac avec des albums photos.Moi : Madame, quand avez-vous acheté la maison ?
La dame : En 1943. On m'avait annoncé qu'elle était vide et comme elle n'était pas très chère, je m'y suis installée avec mon mari et mon fils. Au début, je ne savais pas qu'une famille de Juifs y habitaient. Je l'ai découvert en la visitant. Je n'ai pas touché à ta chambre ni à tes affaires. Je les ai juste regroupés.
Moi : Merci.
La dame : C'est normal, je n'allais pas les jeter tout de même.
C'est la dernière fois que je retourne dans ma maison. Cela me rappelle des bons souvenirs que j'ai vécu avec mes parents. D'ailleurs en parlant d'eux, j'ai essayé de les retrouver, mais ils sont bel et bien morts à Treblinka.
J'ai ensuite quitté la Pologne. Je ne sais pas si j'y reviendrai un jour.Je suis retourné au ghetto de Lodz. Il me rappelle de biens mauvais souvenirs. Il était en ruine, les Soviétiques l'on détruit.
J'ai repris le train avec tous mes affaires sous le bras. Ça me fait penser
à ma déportation, mais ce n'était pas le même train que j'avais pris. Celui-là était bien plus propre et accueillant.
J'ai feuilleté mon journal intime que j'avais écrit étant plus jeune. Croyez moi, cela m'a paru étrange de lire du polonais. Je m'étais habitué au français !!!!!
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Resistance fighter
Historical Fiction« Nous pouvons sauver notre pays, même si nous ne sommes pas partis au front.» «Nous savons que nous nous exposons au danger, mais il vaut mieux agir plutôt que rester là, à ne rien faire. » Voici ce que disait un jeune inconnu qui m'a distribué des...