Atypique mais Inestimable

🌚Épilogue - II🌝

🔥14h05

On roule en silence depuis dix minutes, sauf qu'entre Lucy et moi, le silence n'a jamais existé. Donc ça m'angoisse. Je ne sais pas comment réagir et je crois qu'elle non plus. Avoir un enfant... j'y ai toujours pensé mais je n'ai jamais réussi à savoir
si j'en voulais un ou pas. Pour Lucy...
malgré sa maturité elle reste elle même une grande enfant et je pense qu'elle le restera jusqu'à sa mort, c'est pour ça qu'elle ne s'entend pas avec eux et dit qu'elle ne les aime pas.

Je lui jette un regard du coin de l'œil, elle est recroquevillée sur son siège et regarde par la fenêtre. Ça peut paraître bizarre comme réaction, mais on ne s'y attendait tellement pas que c'est très déstabilisant. On a eu très peu de rapport non protégés, on y fait attention parce qu'on a toujours été d'accord, avoir un enfant... Peut-être mais pas maintenant. On est au début
de nos carrières professionnelles et on a
déjà du mal à se voir souvent en ce moment.

Je tourne dans l'allée de notre maison et m'arrête devant la porte du garage. Lucy ne bouge pas alors je tends la main pour la poser dans ses cheveux.

— Lucy... À quoi tu penses ?

Elle se mordille la lèvre comme elle a l'habitude de le faire.

— J'ai ton enfant dans le ventre...

— Oui ça s'appelle être enceinte.

Elle sourit amèrement.

— J'ai pas envie de rire là...

— Rire c'est ce qu'on sait faire de mieux... viens on rentre.

Je déverrouille ma portière et vais la chercher de l'autre côté. Elle se lève et s'accroche à mon cou, je la soutiens par
la taille et referme sa portière avant de m'avancer jusqu'à la porte d'entrée.

Pendant que je l'ouvre, elle enfuie sa tête dans mon cou et renifle.

— Tu veux que je m'assois où ?

— Sur le fauteuil Totoro...

Incroyable mais vrai, j'ai réussi à en trouver un. Il n'est pas bien grand mais on rentre à deux.

Je pose les clés sur le comptoir de la cuisine et m'assois comme convenu sur
le fauteuil. Elle se replace sur mes genoux et lève la tête pour me regarder.

— Tu aimerais que je le garde ?
chuchote-t-elle en décalant les mèches de cheveux qui me tombent sur le visage.

— C'est pas moi qui ait un truc dans le ventre, c'est à toi de décider Lucy. J'accepterai peu importe ton choix, c'est ton droit d'avorter et ça n'a pas à être un choix forcément dur à prendre. Si tu n'en veux pas tu n'en veux pas.

Elle hoche la tête.

— Je sais, je sais... mais tu as
bien un avis ? Parce que ça fait un moment qu'on en a pas parlé...

— C'est compliqué... ça représente énormément, c'est un peu le choix d'une vie. Les premières années vont être éprouvantes, puis on doit être sûr d'être de bon parent, et on devra être tout le temps présent pour lui.elle... mais je crois que je ne serais pas contre si tu voulais le garder.

— Vraiment ? Je pensais que tu n'en voulais pas...

Je secoue la tête.

— Honnêtement, avant je voyais
les choses un peu autrement mais maintenant je me rends compte qu'avoir un enfant avec toi... ça
me rendrait heureux. Ça fait six
ans qu'on est ensemble, et on est toujours aussi bien que durant les premiers mois, on est même mieux. Si notre couple était pas sain je te dirais non, mais je crois qu'on serait de bons parents et que ça ne ferait que nous rendre encore plus heureux. Mais je me répète, si tu veux pas le garder, on le garde pas y'a aucun problème.