Chapitre 2

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Le lendemain, je me réveillai dans la même position que lorsque je m'étais endormie la veille, c'est-à-dire en chien de fusil, du mauvais sens du lit, soit la tête à la place des pieds. Je me redressai, et m'étirai un peu tant j'avais les muscles engourdis de par ma position. Lorsque je passai une main sur mon visage, je m'aperçus que rien qu'au toucher, il restait des traces de mes pleurs de la veille et je devinai aussi avoir les yeux rougis.

Je décidai de prendre une douche, et j'allai donc dans la salle de bain attenante à ma chambre. Ça avait été l'une de mes seules, si ça n'était la seule, exigences lorsque nous avions déménagé, il y a six ans. A l'époque, j'avais onze ans et j'aimais déjà beaucoup être seule. J'avais arrêté l'école à la fin du CM2 car j'avais commencé à me trouver beaucoup trop dangereuse pour mes camarades, me contrôlant de moins en moins et manquant de les attaquer à plusieurs reprises. J'avais par la suite pris des cours par correspondance jusqu'à bientôt ne plus en avoir du tout, me laissant avec des connaissances basiques du niveau collège. Mais à quoi cela servait-il d'apprendre, dans mon cas ?

Je pris une longue douche, l'une des rares choses qui me rendait un tant soit peu normale. Ou me faisant sentir normale, tout du moins. Frotter pour enlever les saletés puis se laisser masser par le jet d'eau chaude jusqu'à se sentir mieux, à défaut de se sentir bien. Enfin, mieux à une échelle assez relative, parce que mon humeur restait aussi exécrable que lorsque je m'étais endormie.

Après m'être vite séchée et habillée, je sortis de ma chambre et descendis à la cuisine. Je sortis une boite de céréales, du lait, et commençai à petit-déjeuner lentement, par habitude plus que par réelle faim. Mon père arriva plus tard dans la cuisine, l'air d'avoir à peine mieux dormi que moi. Il jeta un coup d'œil à l'horloge avant de me demander :

- Déjà debout ?

Je lorgnai moi aussi l'horloge et remarquai l'heure qu'il était et effectivement, il était à peine six heures et demi du matin. Peu importe, je n'aurais pas pu dormir plus longtemps. Je continuai à mâcher en silence quand mon père me dit doucement, sans être convaincu lui-même par ses paroles :

- Tu sais, ma puce, j'ai un peu réfléchi, hier soir et je me suis dit que ce serais peut-être une bonne idée si tu pouvais voir ... quelqu'un. Evidemment, ce serait lui qui viendrait ici et ...

- Ces quelqu'un se sont bien les gens qui te demandent de parler de ta vie pour te dire ensuite ce que tu sais déjà, c'est ça ? Dans ce cas c'est non, je ne veux parler à personne de moi. Il n'y a de toute façon rien à dire ...

Il se résigna de suite, sachant qu'il ne servirait à rien d'insister avec moi.

Une semaine passa. Enfin, c'était ce qu'il me sembla. La notion de temps était vague, dans ma tête, je ne savais parfois même pas s'il faisait jour ou si la nuit était déjà tombée. Ce jour-là, comme la moitié du temps que je passais dans ma chambre, je griffonnais des croquis de tout et n'importe quoi, ce qui me passait par la tête, lorsque j'entendis la sonnerie de la porte d'entrée. Je ne bougeai pas puisque de toute façon, personne ne venait jamais pour moi. Hors de cette maison, j'étais comme inexistante. Ce fut pourquoi je fus surprise d'entendre une voix féminine s'adresser à mon père, depuis le seuil de la porte :

- Est-ce bien ici qu'habite Lana ?

Mon père avait-il finalement appelé ce quelqu'un dont on parlait il y a de cela quelques jours ? Je ne l'espérais pas et je ne le pensais pas non plus. Il ne l'aurait pas fait sans que j'en donne mon approbation. Aussi, malgré un son étouffé, je m'intéressai à la suite.

- Oui, elle est dans sa chambre. Mais puis-je savoir qui vous êtes ?

- Quelqu'un qui doit parler à Lana, c'est tout. Je sais que c'est difficile mais j'aimerais que vous me fassiez confiance.

Vampire Hunters (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant