Chapitre 40

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Cela faisait déjà au moins une bonne journée et demi que j'étais là, je ne m'étais située dans le temps que grâce aux quelques bribes de conversations des gens qui passaient devant la grille, et si cela restait de vagues approximations, elles évitaient que je perde mes repères. Plus personne depuis la veille, environ fin de matinée d'après mes estimations, n'était venu voir de ce côté, sauf pour faire passer un peu de quoi manger, bien que je n'y aie pas touché beaucoup, n'ayant aucun appétit.

Il devait être en milieu d'après-midi lorsqu'on s'arrêta devant la porte avec une autre intention que celle de faire passer une assiette ou simplement observer avant de repartir. Ils étaient trois, parmi eux je reconnu l'homme qui m'avait ordonné de me rendre le soir de ma capture, ainsi qu'un autre que je ne connaissais pas, un peu plus petit qui portait un petit sac à bandoulière. Le troisième était le loup brun que j'avais aussi déjà vu, et qui n'avait visiblement gardé aucunes séquelles de mes coups de feu. Le premier sortit des clés de sa poche et me les montra en annonçant :

— Nous allons entrer te voir. Je ne pense pas que tu aies l'intention de tenter de t'échapper, tu es assez maligne pour avoir compris que ça n'était pas possible, mais juste au cas où, notre amie Keya va rester devant.

Restant assise sur le lit, je ne le quittais pas des yeux, et je n'esquissais aucune réponse, physique ou verbale. L'homme hocha la tête puis entreprit d'ouvrir la porte à clé, puis lui et l'autre rentrèrent avant de refermer la grille. Une fois ceci fait, il resta à l'écart et lança :

— J'aimerais au moins me présenter, je suis Enéo, bêta de la meute, on m'a chargé de veiller sur toi.

— Me surveiller, plutôt.

C'était sorti tout seul, mais je commençais à en avoir marre de rester silencieuse, alors dire ce que je pensais faisait du bien. L'autre laissa échapper un sourire.

— Tu nous juges peut-être un peu vite, tu ne trouves pas ? Qui te dit que nous ne sommes pas en fait de gentils toutous qui ne ferions pas de mal à une mouche ?

— Enlever des gens et les enfermer, ça me suffit pour dire que vous n'avez rien d'innocents en vous.

Je parlais d'une voix égale, mais ils devaient sans doute sentir ce sarcasme que j'essayais de transmettre. Enéo, très sérieux, me demanda :

— Sais-tu au moins pourquoi nous t'avons prise toi ?

Je secouai la tête en exprimant ce qui tournait dans ma tête depuis plus d'une journée :

— Non, si vous vouliez vraiment un vampire, vous auriez aussi bien pu trouver un dégénérescent, ça aurait été moins embêtant pour tout le monde.

— Détrompe toi, nous avons des sans-consciences en réserve, ça n'est pas ça qui manque à trouver. Mais ton cas à toi est différent. Laisse-nous le temps de t'expliquer, tu comprendras mieux. Par la suite, je te demanderais de coopérer, ça sera moins, voire très peu douloureux pour toi, et plus facile pour nous.

Là encore je ne lui offris aucune réponse. Prenant cela comme un assentiment de ma part, il se décida enfin à m'approcher et à présenter celui qui l'accompagnait :

— Voici Aézanéra, il n'est pas réellement médecin mais c'est tout comme, il n'a pas suivi une formation semblable à celle des humains, il se chargera de vérifier ton état de santé. C'est le meilleur parmi nous, alors tu n'as pas à trop t'en faire.

L'intéressé hocha la tête avec un petit sourire, il n'avait pas l'air méchant au premier abord, mais je me méfiais à présent de tous ceux que je voyais. Plutôt jeune, à peine cinq ou six ans de plus que moi, c'était un homme aux cheveux bruns-dorés courts, coiffés en épi. Il avait peu l'allure de médecins comme j'avais pu en voir, et il avait encore l'allure des garçons de mon école. Retirant son sac de son épaule, le faux médecin commença à brasser dedans tandis qu'Enéo reprit :

Vampire Hunters (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant