Chapitre 3

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— Est-ce que tout ira bien ? Tu te sens vraiment de le faire ?

Je n'étais pas bien sûre de pouvoir répondre correctement à la question que m'avait posée mon père, qui venait d'apparaître dans l'encadrement de ma porte. J'avais réussi à me convaincre que si j'avais décidé cela vite, je pouvais peut-être enfin trouver une raison de vivre réellement, et pourquoi pas me changer moi-même. Je haussai donc les épaules, seule réponse que je pouvais donner à cet instant. Il sourit une nouvelle fois.

—Tu as déjà une meilleure allure qu'à ton habitude. Sans vouloir te vexer, bien sûr.

— Ça ne me vexe pas. Moi je ne trouve pas en tout cas.

— Puisque je te le dis, regarde-toi.

Il montra mon miroir d'un signe de tête et je suivis son signe par réflexe. J'avais pourtant horreur de me regarder, je détestais voir mes yeux rouges, et cette peau livide qui contrastait tant avec mes cheveux ondulés d'un brun très foncé qui encadraient mon visage. Pour moi je n'avais pas changé, si ce n'est que j'étais habillée pour sortir dès le matin. Alors je ne voyais pas très bien où il pouvait voir du changement. Finalement, tout en détournant le regard de mon image, je lâchai un simple :

— Si tu le dis.

On sonna alors à la porte. Mon père regarda en direction du bas des escaliers, puis me fit signe d'aller ouvrir, ce que j'avais rarement, voire jamais, fait dans cette maison. Comme je l'avais pensé, c'était Anna qui se trouvait derrière la porte. Il était évident qu'elle était de très bonne humeur, et plus détendue que le veille.

— Bonjour, Lana. Et bien, tu m'as l'air tout à fait disposée à me suivre, je me trompe ?

Toujours pas tout à fait certaine de la réponse que je voulais lui donner en définitive, je voulais pourtant essayer. Au moins essayer. Je hochai donc la tête et lui demandai à mi-voix si elle voulait entrer, mais elle déclina la proposition.

— Non, désolée, je pense plutôt que nous devrions commencer tout de suite, pour voir ce qu'on peut faire pour le moment. Et surtout voir où tu en es.

Je compris très vite ce qu'elle voulut dire, et cela eut le don de m'effrayer presque immédiatement. J'essayai de me ressaisir, mais j'eus du mal. Je déglutis puis relevai la tête, tout en pensant qu'il était temps de me prendre en main. Cette peur de sortir allait devenir un vrai fléau et elle m'offrait l'occasion de tenter d'en sortir.

Je passai devant Anna et sortis de la maison en essayant de regarder le plus loin possible, sous le regard inquiet de mon père, qui avait lui aussi descendu les escaliers. Il n'était que neuf heures du matin, ma rue était encore déserte alors tout allait bien. Derrière moi, j'entendis Anna échanger deux ou trois mots avec mon père, puis elle ferma la porte de chez moi et descendit le perron pour me rejoindre.

— Allons-y.

Elle se mit en marche et je m'empressai de la suivre afin de rester près d'elle, et tout allait très bien au début. Mais cela se compliqua lorsque l'on rentra dans la rue principale, où il y avait déjà pas mal de monde. Je me rapprochai un peu plus d'Anna et lui demandai, très bas :

— Est-ce que ça vous ... euh, ça te dérange si je m'accroche à toi ?

Elle secoua la tête et me tendit son coude avec un sourire, que j'agrippai instantanément. Nous marchâmes un petit instant ainsi, puis Anna commença à parler.

— Pour commencer, tu m'as parlé de cette peur de tuer quelqu'un, il faudrait que tu arrives à la chasser. Cela n'arrivera pas tant que tu sauras te contrôler, ce qui est assez simple, en fait. J'ai déjà croisé quelques personnes dans ton cas, tu n'es pas la première et tu ne dois pas être la dernière. Il faut juste que tu penses que toutes les personnes autour de nous sont comme nous, et que tu n'as aucune raison de leur vouloir du mal.

Vampire Hunters (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant