Captif [ KatsuDeku ]

Chapitre 8 - Lueur

Les doigts de Katsuki avaient commencé à se balader, le long de la peau balafrée de son ami d'enfance. Ce dernier frémissait à son contact, grimaçant parfois, mais ne chercha jamais à le repousser. Les sourcils froncés, le blond cendré parcourait du toucher les boursouflures occasionnées par ces cicatrices, ces marques présentes sur le corps face à lui. A chaque fois que ses iris cramoisies se posaient sur l'une d'elles, il sentait une certaine colère grandir en lui, une rage sans précédent. Il s'en voulait. Il s'en voulait d'avoir été l'une des principales raisons pour lesquelles Izuku se trouvait dans cette situation aujourd'hui. Il en voulait à la Ligue, sans doute responsable directe de ces plaies anciennes. Il en voulait à chaque personne ayant un jour levé la main sur le vert – ce qui, une fois encore, l'incluait. Il en voulait au destin de ne pas lui avoir laissé sa chance. Il en voulait au monde entier. Tellement qu'il aurait pu en pleurer.

Mais il n'en fit rien. Il restait Katsuki Bakugou, malgré tout. Il se contenta de relever le regard vers son ami d'enfance qui, lui, le dévisageait d'un air des plus neutres. Pas une trace d'émotion ne semblait présente en lui, à cet instant, ce qui rendait le tout quelque peu effrayant.

« Qui t'a fait ça ? demanda le héros aux explosions, retirant sa main du torse d'Izuku afin de la serrer en un poing.

- Pardon ?

- Je te demande qui est l'enfoiré qui t'a fait ça, Deku. »

Son interlocuteur haussa un sourcil, le fixant dorénavant comme si le blond venait de lui annoncer que le Soleil était rose fluo et, après un silence de plusieurs longues secondes, il se mit à rire en portant le revers de sa main à sa bouche, se penchant légèrement en avant. Cela ne fit qu'irriter davantage Katsuki, qui ne voyait pas en quoi sa question comportait un quelconque élément comique. Bon sang, on parlait de maltraitances physiques, portée sur la personne qu'était son ami d'enfance, cette personne qui était la toute première qu'il eut jamais aimée.

« Ah ah ! Excuse-moi, Kacchan ! soupira Izuku en s'efforçant de se calmer. C'est juste que te voir t'inquiéter alors que t'étais bien la dernière personne à t'en faire pour moi, à notre dernière rencontre... Je trouve ça hilarant !

- Y'a cinq ans qui se sont écoulés depuis, Deku. Je suis plus le sale gosse de l'époque. J'ai mûri. J'ai changé.

- Je sais, je sais ! Moi aussi, j'ai changé, après tout !

- Pas en bien.

- C'est ton point de vue, ça, Kacchan. »

Le garçon dépourvu d'alter marqua une pause, et se mit à tourner lentement autour du blond après avoir ramassé sa chemise pour la remettre sur son dos, l'observant de haut en bas, puis de bas en haut. Il le guettait, comment s'apprêtant à lui bondir dessus à tout moment, tel un félin sur sa proie.

« Tu vois, quand j'y réfléchi, je me dis qu'il n'y aurait pas pu avoir d'autre développement possible, pour moi. Soit je me révoltais, soit ma vie aurait été un désastre, une farce pendant laquelle son protagoniste n'aurait fait que croupir au fond de cette crevasse glaciale aux côtés de ses rêves brisés.

- C'est faux. T'aurais pu devenir tellement de choses, Deku. C'est juste que ta haine t'empêche de t'en rendre compte.

- Tu crois ? C'est possible. Mais peu importe, parce qu'aujourd'hui, grâce à la Ligue, je sais ce qui se cache véritablement derrière le masque de ces prétendus héros. Des êtres avides de reconnaissance, de popularité, d'argent. Sauver des vies ne signifie rien, pour eux. C'est seulement une manière de bien se faire voir. Y'a quelques exceptions, je te l'accorde. Mais en grande majorité, ils ne font ça que pour leurs intérêts personnels. »