Captif [ KatsuDeku ]

Chapitre 9 - Perte de sensations

La tête de Red Riot se détacha de son corps, tranchée nette depuis la base de son cou.

A cet instant, si Izuku n'avait pas porté son attention sur la scène, il aurait vu l'expression de Katsuki se figer dans l'horreur ; celle de son meilleur ami se faisant tuer de sang-froid face à lui, sans qu'il ne puisse rien y faire.

Les yeux vitreux, la bouche entrouverte, le crâne atterrit au sol comme un vulgaire ballon, roulant sur quelques centimètres...avant de disparaître dans une matière visqueuse ressemblant à de la boue, rejointe par son corps qui se liquéfia pour finir dans le même état.

Cette matière, Izuku la connaissait bien. Et il comprit alors que le héros à l'alter durcissant était encore en vie. Un clone. Un maudit clone de cet enfoiré de Twice. Qu'est-ce que cela signifiait ? A quoi jouait Kuklya ? Tandis que ce dernier faisait disparaître sa lame au profit d'un bras humain, et que leur prisonnier se laissait tomber à genoux, sans même pousser le moindre gémissement de douleur, le vert s'approcha de l'albinos, d'un pas décidé, piétinant sans scrupule la flaque à ses pieds.

« On peut savoir ce que vous faîtes, Twice et toi ?

- Mmh ? Bah quoi ? Le plan, c'était bien de se servir de Red Riot pour ébranler Ground Zero, non ?

- L'ébranler, oui. Lui faire peur. Lui mettre la pression. Pas le foutre en état de choc ! » s'exclama Izuku, en désignant son ami d'enfance, qui ne bougeait pas, comme si le temps autour de lui avait été arrêté.

Kuklya se pencha sur le côté pour lui jeter un regard rapide, avant de revenir à son aîné dans un haussement d'épaules. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas la colère du garçon devant lui. Il ne comprenait pas l'intérêt de préserver l'état mental de leur détenu, surtout après tout ce qu'il avait déjà vécu. Plus vite il se briserait, mieux ce serait, non ? Ainsi, il serait comme eux. Et Izuku serait forcément ravi, si cela venait à être le cas...se trompait-il ? Il tenait à lui. Alors il voulait forcément le garder auprès de lui, pas vrai ?

« J'ai juste accéléré le processus, parce que je le trouvais un peu trop résistant. Le mot d'ordre, c'était de ne pas le tuer. Et il n'est pas mort. Donc, tout va bien ! Pourquoi tu te mets dans des états pareils, Izu ? »

Pourquoi... Pourquoi... Lorsqu'il avait commencé à imaginer sa vengeance, et même à la mettre en place, Izuku n'aurait eu aucun problème à œuvrer de la manière dont venait de le faire Kuklya. Il n'aurait eu aucun scrupule à déchirer son âme, à mutiler son esprit. Il serra la mâchoire, irrité, dans l'incompréhension. Ses foutus sentiments. Ils avaient dû revenir en force, à côtoyer ainsi son ancien bourreau, de façon quasi-quotidienne. Il ne voyait pas d'autres explications. Il s'était adouci, bercé par cette présence qu'était la sienne, le faisant voyager temporellement, le ramenant à cette époque où les deux se considéraient comme des amis.

Il devait se reprendre. Ne pas laisser ses faiblesses ressurgir et le transformer de nouveau en cette personne si vulnérable qu'il avait été toute son enfance. Cet être frêle pour qui il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la pitié. De la colère.

De son côté, Katsuki avait du mal à saisir ce qui venait de se passer. Eijirou. Eijirou avait été tué. Eijirou avait disparu. Il ne restait pas même un corps pour attester qu'il eût été là, quelques minutes à peine auparavant.

Tout autour de lui n'était que ténèbres. Sa vue l'avait lâché. Son ouïe également, ne laissant qu'un horrible sifflement résonner à l'intérieur de son crâne. Il n'aurait même pas su dire s'il était encore conscient, ou non. S'il était encore en vie, même. Peut-être sa propre tête avait-elle été tranchée ?