Chapitre 11 - Reboot

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Deux jours plus tard, après que le personnel de l'hôpital ne se soit assuré de la stabilité de l'état de Katsuki, ce dernier fut autorisé à regagner son domicile, avec l'instruction de se reposer au cours des prochains jours, et de ne pas se surmener. Cela le fit, bien entendu, grincer des dents : demeurer inactif n'était pas son activité favorite, pour ne pas dire qu'il s'agissait de l'une des choses qu'il détestait le plus. Et qu'est-ce qu'il allait faire, hein, s'il n'était pas autorisé à reprendre sa profession de héros ? Passer tout son temps, seul, chez lui, assis sur une chaise ? C'était mal le connaître. Il allait très rapidement péter un plomb, dans cette situation. Et Dieu sait que personne, personne, n'a envie de voir Katsuki Bakugou exploser de rage. Ou alors, peut-être en avaient-ils subitement ressenti le désir, et c'était pour cela qu'ils avaient préconisé ce repos forcé.

Vers les alentours de quatorze heures, Eijirou passa le chercher dans sa chambre, afin de le raccompagner jusqu'à chez lui. Même s'il avait été soigné, ne pas se servir de ses muscles pendant plusieurs jours, et plus particulièrement de ses jambes, l'avait beaucoup affaibli, si bien qu'il éprouvait pas mal de difficultés rien que dans le fait de tenir debout, et qu'il devait donc se déplacer à l'aide de béquilles. Cela n'avait fait qu'accentuer son irritation : de quoi avait-il l'air ? Lui, Ground Zero, incapable d'utiliser son alter pour le moment, et ne pouvant même pas se reposer sur sa force physique.

Le voilà qui déambulait dans ce long couloir, aux côtés du héros rouge qui tenait son attestation de sortie en main. Son air bougon et mal luné contrastait parfaitement avec le grand sourire qu'arborait son ami, comme à son habitude, tant et si bien que Katsuki s'était demandé plus d'une fois si celui-ci savait montrer autre chose que de l'engouement. Ce n'était pas désagréable de posséder quelqu'un d'aussi jovial et optimiste à ses côtés, mais il devait bien avouer que, parfois, cette attitude le dépassait un peu, lui qui grognait souvent pour un oui ou pour un non. Plus autant que lors de ses années d'études, certes. Mais tout de même suffisamment pour que l'on trouve pertinent de le railler à ce sujet, à son grand dam.

Une fois dans la voiture d'Eijirou, le blond se laissa aller contre son siège dans un râle plaintif, ses béquilles à ses côtés, le crâne posé contre l'appui-tête. Il ferma les yeux, et son ami mit le contact, autorisant les doux vrombissements du véhicule à le bercer, ces derniers s'accentuant lorsque la voiture commença à se déplacer.

Oh, qu'il serait bien, chez lui. Peut-être un peu seul, mais cela ne changerait pas grand-chose à la situation dans laquelle il se trouvait avant que cet incident n'ait lieu. La solitude ne l'avait jamais vraiment affecté. Et au fond, il se retrouvait plutôt satisfait de retrouver le calme de son domicile et de pouvoir en profiter pendant plusieurs jours, malgré la frustration liée à son état.


« Hé, tu veux qu'on passe au Starbucks, avant que je te dépose ? demanda Eijirou. Après tout ça, je suis sûr que ça te fera du bien, qu'on se pose devant un bon café, entre potes !

- Mmh, ouais, pourquoi pas. »


Bon, ce n'était pas si mal que cela non plus. Et puis, cela faisait un moment qu'il n'avait pas pu passer un peu de temps en compagnie de son meilleur ami, maintenant qu'il y pensait, surtout depuis que celui-ci s'était installé avec son compagnon, Tamaki Amajiki, mieux connu de la population sous le pseudonyme de Suneater.

Katsuki se souvenait encore du jour où Eijirou lui avait fait son coming out, trois ans plus tôt, pour lui annoncer qu'il était pansexuel, et qu'il avait commencé à sortir avec un autre garçon. Il avait éprouvé tant de difficultés à le lui dire, il avait eu l'air si nerveux. Et finalement, après une bonne vingtaine de minutes à tourner autour du pot, il était parvenu à le déclarer, le visage cramoisi, ses doigts se triturant entre eux. Et le héros aux explosions, lui, s'était contenté de hausser un sourcil, et de répliquer ; « Quoi, c'est tout ? Vu comme t'étais, j'pensais que t'allais me sortir que t'avais b'soin d'aide pour cacher un corps, ou une connerie du genre. Tu sais, j'suis gay, donc bon, c'est pas moi qui te rejetterais pour ça. ». Et il avait haussé les épaules, avant de se mettre à pester lorsque son ami s'était jeté dans ses bras en le remerciant et chouinant à moitié. Quand il y repensait, un demi-sourire attendri venait traverser son visage. Il devait bien avouer que Tamaki et Eijirou allaient bien l'un avec l'autre, entre ce rayon de Soleil qu'était son meilleur ami à toujours vouloir réconforter et encourager les autres, et cette ombre discrète que représentait son partenaire, avec sa confiance en lui quasi-inexistante et son anxiété constante. Ouais, ils s'étaient vraiment bien trouvés.

Captif [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant