Nuit blanche II

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Adriane

La nuit est noire et le ciel remplis d'étoiles se brouille d'effrayants nuages.

Je n'ai pas eu à enquêter sur elle. Je sais tout.

Jana est la pseudo reine d'un lycée ou il n'y a plus aucunes règles. Elle avec le deuil d'un premier amour qu'elle ne reverra jamais. Les mots ne cessent de sortir de sa bouche comme de l'eau fuitant d'un barrage au bord de la rupture et je suis menacé d'être submergé.

La voiture garée sur le parking vide d'un centre commercial fermé, j'écoute le récit de son histoire que l'alcool la pousse à me raconter. Elle n'épargne aucun détail.

Je la regarde s'élancer pour finir la bouteille d'alcool toute entière, ses yeux larmoyants,  tout en me parlant de tout ce qu'elle a été obligée de laisser en Europe. Je suis incapable de l'interrompre...
Jana est belle quand elle révèle sa vulnérabilité. En particulier quand elle mentionne le nom de ce Xavier Lord.

- ... Il était tout ce que j'aimais, dans ses bons et dans ses mauvais côtés.

Elle regarde le ciel comme pour l'implorer d'effacer cet homme de sa mémoire. Si c'est ça l'amour, alors je n'en veux surtout pas. Quelle genre de souffrance est-ce ?

- Ce que je préférais chez Xavier c'était sa générosité qui le poussait à prendre soins des autres ...Il était comme ça, un peu con !

Elle baisse la tête.

- Le voir mourir, c'était comme le voir heureux avec une autre. Je voyais ça de cette manière là ! Le cancer était comme une femme qui est arrivée de nulle part, un parasite ! qui l'a emporté loin de mes yeux et loin de mes bras pour toujours.

Cette fille se glisse jusqu'à la pierre qui me sert de cœur.

- ...Oui, la leucémie, était une salope qui savait que j'étais amoureuse de lui et qui me l'a quand même enlevé.

C'est très étrange la façon dont elle compare la maladie avec une traîtresse qui lui a volé ce qui lui appartenait. Jana est-elle égoïste en amour ?

La pluie tombe, c'est bien dommage. Il y a à peine une vingtaine de minutes on pouvait encore distinguer les étoiles.
Je regarde l'heure qu'affiche le tableau de bord du véhicule. Il est déjà minuit . J'ai pourtant l'impression que notre balade n'a duré que cinq minutes.

- Je suis cinglée, sourit-elle, qu'est-ce qui me prend de te raconter toutes ces conneries ?

Sa main vient tapoter son front.

- Oublie tout ça, pitié... J'sais pas , il fallait que ça sorte!

J'effleure sa joue de mes doigts sans prévoir mes gestes ; commandé par une force qui me surpasse. Ses yeux s'illuminent d'un coup en voyant les gouttes d'eau qui tombent du ciel. Elle ouvre avec enthousiasme la portière de la voiture pour danser sous la pluie...

- Gabriélé ! Viens jouer avec moi !

Ce n'est plus la même quand l'alcool circule dans ses veines, ou peut être que c'est elle et que c'est juste sa fierté qui s'effondre.
Tout simplement adorable, à peine apte à tenir debout, elle manque de tomber par terre si je ne la retiens pas par la taille. Je me retrouve comme un imbécile au milieu d'un parking vide, sous un orage, à minuit.

Elle ricanne et danse puis trébuche et moi je me charge de la ratrapper .

La pluie trempe nos corps et me voilà mouillé jusqu'aux os . Il y a comme une musique imaginaire qui se joue dans mes oreilles lorsque la demoiselle danse.

 Le Dieu et La Reine TOME I : Riche Malgré Elle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant