Le Dieu et La Reine TOME I : Riche Malgré Elle

Son absence

Adriane

Du haut de la terrasse de ma chambre, j'observe les Lorences se préparer à partir. Les valises entassées dans la cours sont placées une à une dans le véhicule de mon père avec l'aide des employés de la villa.

Jana ressemble à un fantôme. La pâleur de sa peau dépasse la mienne. La fatigue se reflètent aux cernes qui dérangent le charme de ses yeux verts. Nuit difficile après qu'elle soit sortie de ma chambre?

Je continue à me demander ce qui l'a poussée à venir s'aventurer devant ma porte.

" Je voulais juste... être là..."

Je n'y crois pas un mot, ce qu'elle m'a dit hier continue à sonner faux .

Jana est entrain de me rendre malade . Je deviens petit à petit addicté à elle de la même manière qu'avec ses cigarettes.

Aujourd'hui, elle s'en va et je ne ferai rien pour la retenir.

Je me prépare à ce que cette demeure soit atrocement vide. Les ténèbres reviendront sans sa lumière. Jana est vivante, elle vit sans jamais se prendre la tête.
D'un autre côté, me voilà soulagé qu'elle parte, si elle était restée plus longtemps on se serait attaché davantage l'un à l'autre. L'amour est une lame tranchante.

Je la regarde attacher ses cheveux en une queue de cheval désordonnée sous les rayons du soleil de midi. Son père est déjà dans la voiture avec le chauffeur. Reste plus que la reine. Quand elle s'apprête à entrer à son tour, son visage se relève droit sur moi pour me fixer.

- Au revoir, votre altesse. Articulé-je des lèvres pour qu'elle comprenne.

- Au revoir psychopathe... fait-elle de même.

On s'obsèrve un instant.

Son visage se détourne et son corps disparaît dans le véhicule qui s'en va aussitôt. Quand les portes se referment, l'immense vide auquel je m'attendais s'abat sur toute la villa.

Je soupire, le monde me paraît de nouveau bien moche et l'ennuie ne tarde pas à m'assomer. Je manque déjà cruellement de la férocité de ses gestes et de l'impudeur de ses mots.

Mes yeux s'égarent sur la vue paradisiaque que m'offre la plage au sable blanc de Miami. Chaque année depuis la mort de Rosa et mon frère, je passe mon anniversaire ici. Vivre dans la Résidence Engorana m'est impossible durant cette période.

- Elle aurait du rester un peu plus longtemps...

Je me retourne pour faire face à mon meilleur ami, adossé à la porte d'entrée. Son œil observateur devine les tourments qui m'habitent mais il préfère se taire .William est assez intelligent pour savoir que parler de mes démons ne fait que les exciter. La provocation, c'est plus subtile...

- On va s'ennuyer sans Jana.

- Bon débarras. M'exclamé-je en quittant la terrasse, elle était trop bornée, trop impulsive, trop bruillante.

Une veritble alarme à incendie.Pensé-je en me caressant le front rien qu'au souvenir de sa voix bizarre et cassée.

- À vrai dire... m'élancé-je, je n'apprécie pas ce que Jana fait de moi.

- Moi je l'apprécie.

- C'est peut être pour ça que tu t'es amusé à la promener à la fête du détraqué sexuel qu'est Daniel.

Mes mots trahissent la jalousie enfantine que j'ai éprouvé quand l'obsédé a osé poser ses sales pattes sur elle.

- Elle s'ennuyait toute seule ici. J'ai voulu la divertir. Ou est le mal ?