Le Dieu et La Reine TOME I : Riche Malgré Elle

Explosion

Jana

15h30.

- Alors, tout le monde met-il correctement ses lunettes de sécurité?

Non pas moi. Je joue avec et m'en sers comme lance-pierre spécial craies blanches sur les élèves de devant. Je pensais que le cours de chimie me permettrait de m'amuser dans des expériences folles. Déception.

J'assiste à mon tout premier cour de chimie, Je deviens une élève assidue ! voilà quatre jours que je ne rate plus l'école. Depuis la fois ou je me suis enfuie avec le fils de Riccardo, Marie-Louise et madame Gaëlle ne me lâchent plus d'une semelle .

Devant moi, plusieurs verres étranges que le professeur appelle tubes à essais, contenant des solutions de couleurs différentes. À côté, une grosse marmite sur un feu dans laquelle un truc acide bouillie . j'ai l'impression d'être dans un atelier de cuisine.

- Versez le tube à essais de couleur vert dans l'acide. dit-il .

Je verse comme tout les autres élèves puis j'attends qu'il se passe un truc.

- Vous pouvez constater que ça donne une nuance grisâtre...

Et alors putain ?

- Surtout n'y mettez ni du violet ni du bleu.

Pourquoi ? que ce passe t'il si j'en verse ? Impossible de quitter des yeux les deux flacons contenant les couleurs. Le garçon placé à côté de moi me regarde avec terreur. Il sait que je vais le faire, moi aussi. Je saisie le flacon violet et le bleu et renverse la totalité des liquides mais rien ne se passe mis appart un parfum louche de gâteau. J'ai vraiment atterrie chez les pâtissiers.

- Et bah alors ? m'impatienté-je en regardant .

- Mademoiselle Lorence! Que faites vous ?!

Le professeur, sentant l'odeur, se précipite vers nous en hurlant. Une énorme veine palpite sur son crâne pendant qu'il bredouille ses mots. J'ai l'impression que cette veine est la marque de fabrique des profs de se bahut.

Le temps qu'il termine ses serments pour dire qu'il faut évacuer la salle, une petite bulle rose s'échappe de la marmite, puis une autre, se crée alors une mousse rouge. Le chaudron de sorcière déborde.

Et soudain, une explosion qui nous éclabousse d'un orangé verdâtre tâchant la totalité de nos vêtements. C'est la panique dans la classe. Tout le monde intervient pour éteindre le gaz. Les gosses de riches de ma classe explosent de rire et je les accompagne. Enfin, un peu de fun.

- Ma ...demoiselle... marmonne-t-il, allez dans le bureau de la proviseur ! Je ne veux plus de vous !

- Non ! pas chez l'ancêtre ! Pitié...

Il me chasse de la salle. Je me retrouve à marcher jusqu'à son bureau. Je connais le chemin par coeur, collectionnant les aller-retour entre les salles de classe et ce bureau là. Déjà accumulé au total quatre heures de retenues pour ce samedi .
J'arrive devant la porte après une longue marche dans les couloirs blancs et me prépare à rentrer quand j'entend les roucoulements de la vielle mégère . Elle m'insupporte.

- Oh je vous en prie Adriane, ça ne durera que trois mois et ensuite vous pourrez succéder votre père.

Adriane? le milliardaire égocentrique dont les magazines peuple raffolent? Adriane que tout le monde ici dévore des yeux ? Adriane qui a un putain de dépôt secret à la sortie de la ville ?

Il est tant de chose, à la fois...

S'il est ici, ça ne m'étonne même pas. J'ai l'impression que nos chemins se croisent peut importe ce qu'on fait. Le voir ne me dérange plus, plus depuis la nuit que j'ai passé avec lui à rouler dans tout San Francisco. On dirait que plus on s'évite , plus en se voit .