Le Dieu et La Reine TOME I : Riche Malgré Elle

Départ

Narrateur

À huit heure du matin,
Jana ouvre les yeux et fixe le plafond de sa petite chambre. Aujourd'hui, elle se sépare de tout ce qui la relie à sa cité, se demandant encore une fois : est-ce un cauchemar ?

La jeune femme sort de son lit et contemple son quartier par sa fenêtre. Tout donne l'impression d'avoir subitement changé. Un air de dernière fois dans tout ce qu'elle voit. Elle sort de la pièce comme une mort-vivante et dans le salon étroit, se retrouve face à deux femmes qui portent plusieurs sacs.

- C'est quoi ce délire? Demande-t-elle. Vous êtes qui vous?

Les deux femmes se regardent avec peur.

- Euh... hésite la première, monsieur Lorence nous a envoyé.

- Votre vol est prévu pour dix heures, nous devons finir de vous preparer.

Jana lève les yeux au ciel puis observe les dames qui sortent des vêtements de leurs paquets. Un accord avec son père pour pouvoir crécher chez elle ses derniers jours à Amsterdam.

Elle cherche a une cigarette dans un tiroir et l'allume avec un briquet qu'elle a volé à Crist.

- Allez vous en mes dames ! J'ai pas trois ans, j'vais me démerder. Si vous êtes gentilles, Achetez moi 100 paquets de Black Roses , dit-elle d'un ton ironique.

Sans penser aux deux femmes, elle s'enferme dans sa chambre et s'habille comme d'habitude. Un jean taille haute, un débardeur noir et ses vielles baskets. Ses longs cheveux arc-en-ciel sont ondulés et ses innombrables anneaux percent ses oreilles.

- USA... murmure Jana en fumant à sa fenêtre, c'est loin ça, USA ! Cest ou déjà ?

- C'est en Amérique, imbécile.

Dep grimpe à sa fenêtre telle une araignée pour atterrir dans sa chambre en souriant. Un voile de tristesse recouvre ses traits.

- Tu t'es pris pour Spiderman ?

- Je suis cambrioleur, j'ai l'habitude d'escalader les murs.

Elle sourit puis approche son visage du sien. Dep pue l'alcool et les conneries dès le matin. La fine main de Jana glisse sur sa joue et ses yeux s'encrent dans les siens ; ils sont vides comme ceux de Snake.

- Je me demande comment tu vas foutre la merde en Amérique...

Jana n'a pas le temps de répliquer qu'il se met à rigoler. C'est ainsi que Dep cache ses vrais sentiments. Il se moque et envoie des piques . À cet instant, au fin fond de son cœur, entre les couloirs de l'indifférence, il pleure déjà le départ de sa reine.

- Eh t'sais ? C'est prouvé scientifiquement, il y a des licornes là-bas .

- Qu'est ce que tu racontes encore comme connerie? Rit la jeune femme en expirant la fumée de sa bouche.

- J'essaie de me dire que tu seras heureuse et que cette souffrance en moi en vaut la peine...

Jana arrête subitement tout ces gestes. Il a les mains dans les poches et les yeux rivés sur le sol. On dirait un gamin qui avoue sa faute.

-Et qui sait ? p'têtre que là-bas, tu trouveras un gars capable de te faire oublier Xavier.

Elle recule d'un pas.

- Ouais, parce qu'on est pas con, nous savons tous que tu n'as pas fait ton deuil.

- Arrêtes, ça suffit ! Le stoppe-t-elle

- C'est ça le plus dure ! Te voir mourir tout les jours petit à petit .

Il l'approche, confu par ses propres confidences et s'excuse en enfermant Jana dans ses bras. Dep ne dit jamais ce qu'il y a au fond de lui, il garde son venin. Il est trop sincère en fin de compte.