FELESIA. T2 L'ultime Abandon ( Terminée)

chapitre 36

Lenzo s'éloigna accompagné de tous ses amis et fit signe à Malia de le suivre à l'écart du groupe. Ils se posèrent près d'un arbre avec l'étrange sensation d'être revenus au point de départ, se fuyant du regard. Tous deux ne savaient pas par où commencer alors Lenzo prit la parole.

- Je suis désolé pour tout ça, mon père ou plutôt mon oncle n'aurait jamais dû s'en prendre à toi.

- Je pense être celle qui apporte le plus de soucis ici, alors ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas.

Un blanc s'installa quelques secondes avant qu'elle ne reprenne la parole.

- Toi comment vas-tu après cette découverte ?

- Je suis en colère et en même temps tellement apaisé de savoir que cet homme n'était pas mon père.

Il posa son dos contre un arbre et soupira longuement, la fatigue se lisait à présent sur son visage encore taché de sang.

— Mais j'ai encore plus mal d'avoir perdu la femme que j'aime.

Que pouvait-il lui dire de plus, qu'il était désolé ? À quoi bon, lui même n'avait rien compris à cette soirée, cette regrettable soirée où il n'avait plus rien contrôlé. 

Malia baissa le regard car des larmes commençaient à naître au creux de ses yeux.

- Je... Je suis..

- Je sais, le coupa-t-elle, ce que je te reproche le plus dans cette histoire n’est pas réellement cette faute que tu as commise car finalement, nous n’étions pas vraiment ensemble.  En revanche, tu m’as menti et depuis que je suis arrivée ici, je me rend compte que tout mon entourage mon cachés des choses alors les mensonges, j’en peux plus. Je ne te cache pas que venant de ta part, ça me déçoit d’autant plus. 

La voix de son âme-soeur trembla sur cette dernière phrase et le coeur de Lenzo déjà meurtri se lacera un peu plus. Que pouvait il dire pour sa défense ? Rien, il n’y avait tout simplement rien à dire car lui aurait été fou de rage si les rôles avaient été inversé. 

Malia se détestait d’être aussi dure dans un moment pareille mais elle n’y arrivait pas, elle ne pouvait pas le consoler et même le soutenir dans cette épreuve difficile qu’il était en train de vivre. Pourtant une partie d’elle voulait l’enlacer, le protégé et l’apaiser mais même avec la meilleure des volonté, son corp ne bougeait pas d’un centimètre. Elle même était totalement perdue, elle n’arrivait plus à faire face aux émotions qui se bousculaient dans son corps car toutes étaient en parfaite contradictions. Alors dans un dernier regard et un sanglot déchirant, elle s'enfuit à toute vitesse laissant son âme soeur seul et en proie à une tristesse que lui même n'avait jamais connu.

Gabriel qui était resté en retrait, s'approcha de lui pour essayer de trouver les bons mots mais Lenzo ne voulait voir personne, pas même son père. Il entra dans la voiture et partit faisant crisser les pneus car lui aussi devait faire le point sur sa propre vie.

Arrivé sur son territoire, il prit une longue et apaisante douche chaude, laissant le jet d'eau apaiser les douleurs de son corps,  même si rien ne pouvait apaiser celle de son cœur. Sa vie n'était basée que sur des mensonges et ce depuis sa naissance. Lui qui avait tant rêvé d'avoir Gabriel pour père, à présent il l'était. Ses pensées divaguèrent vers Jacke, son plus proche cousin, son confident. Comment allait-il le prendre? C'était une chose qu'il ne tarderait certainement pas à savoir. 

Il sortit de sa douche et attendit que Gabriel vienne le voir et lorsque celui-ci entra dans sa chambre, Lenzo fut frappé par l'expression de son visage. Gabriel avait le visage d'un homme fatigué et le sourire triste, mais dans son regard brillait une étincelle qui représentait son soulagement, il était enfin libéré de ce poids qu'il portait depuis la naissance de son premier fils.

- Te voir ainsi, lui dit Gabriel, me rappelle lorsque tu étais adolescent et que je venais te réprimander suite à une bêtise que tu avais commise avec ton cousin ou plutôt ton frère. Mais cette fois c'est différent, je suis le seul coupable et l'erreur vient de moi.

Lenzo émit un léger sourire et soupira lassement. Savoir si Gabriel avait raison ou tort n’était pas vraiment ce qu’il le préoccupait, à cet instant, il pensait seulement à sa mère. 

- J'ai pris les mauvaises décisions, insista Gabriel la gorge nouée par l'émotion, je n'ai rien vu, elle était malheureuse et même si j'avais des doutes je n'ai rien fait. J'aurais dû intervenir, la reprendre mais lorsque j'ai essayé, elle m'a juré être heureuse, mais la vérité était qu'elle ne voulait pas me séparer de mon âme-soeur mais encore une fois et malgré l’amour que je porte à ma femme, pour ta mère j’aurai tout abandonnée.

- Elle me racontait souvent cette histoire, je ne savais pas jusqu'à aujourd'hui que c'était la vôtre mais maintenant j'en suis sûr. Elle t'aimait tellement.

- Flora n'était pas mon âme et pourtant je suis sûr aujourd'hui de vivre avec seulement la moitié de mon coeur. Le reste étant parti avec elle.

Gabriel porta ses mains à son visage et se le frotta frénétiquement pour refouler ses larmes.

- Je comprends mieux pourquoi tu es venu me chercher pour m'élever, même si tu es venu un peu tard, je suis content que tu l'aies fait.

- Tu es mon premier né, mon premier fils et tu es notre fils à Flora et moi, je l'ai perdue elle mais il était hors de question que je commette cette erreur une seconde fois. Je suis simplement venu chercher ce qui me revenait de droit, mon fils.

Lenzo pu déceler dans le timbre de sa voix, de la fierté. Il n’avait pas tout perdu de celle qu’il aimait. Il l’avait arraché aux griffes de ce monstre assoiffé de pouvoir et il lui en serait éternellement reconnaissant. 

Aucun des deux hommes ne s'exprima à nouveau, trop concentrés sur leurs émotions pour ne pas laisser aller cette boule qui leur comprimait l'estomac. Mais pour Lenzo s'en fut de trop, il se retourna vers son père le regard brillant de larmes.

- Si tu savais à quel point je suis heureux de savoir que je suis de vous deux, j’en rêvais tellement lorsque j'étais enfant et même après, j’ai toujours envié mes... Mes frères.

- Approche mon garçon, dit-il en le prenant par le coup et l'attirant à lui, je suis fier de l'homme que tu es devenu, tu es exactement comme nous le voulions elle et moi.

Les deux hommes restèrent blottis l'un contre l'autre exprimant leur peine et leur joie de pouvoir enfin, vivre l'un auprès de l'autre comme père et fils.