Excursion dans les jardins. ( corrigé)

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Assise confortablement sur une chaise, à l'extrémité de la grande salle des jeux, à proximité de la dernière fenêtre et de la sortie, je savoure chaque instant de cette douce vengeance. Mon sourire radieux ne quitte pas mes lèvres, accentuant mes fossettes qui témoignent de ma satisfaction. La lumière douce qui filtre à travers la vitre éclaire subtilement mon visage, créant une atmosphère paisible et sereine.

Sophie me conseille de m'entourer de personnes avec qui je pourrais échanger des conversations et partager des cancans, tout comme le font toutes les femmes de la cour. Je lui explique que je n'apprécie pas cette ambiance, que je préfère la tranquillité. Je lui confie que je suis une femme de nature solitaire, presque sauvage, et que l'idée de participer à de telles discussions me semble loin de ce qui me correspond. Je ressens une certaine résistance à l'idée de me plier aux conventions sociales qui règnent autour de moi.

Sophie insiste, arguant que si je veux que le roi cesse de me harceler, il serait préférable que je devienne plus sociable. Elle affirme que ma réticence à m'engager dans ces interactions pourrait attirer davantage son attention. En effet, le roi a récemment ordonné à son maître d'armes, Monsieur Marchal, de me surveiller aujourd'hui. Je réalise que chaque mot que je prononce, chaque personne avec qui je parle, sera probablement scruté et rapporté au roi.

Je ressens une montée d'angoisse à cette pensée. Ce n'est pas seulement une question de surveillance, mais de l'emprise que le roi semble avoir sur ma vie. Je suis bien consciente que, pour lui, mes activités sociales sont autant d'indicateurs de la conformité aux attentes de la cour. Chaque échange, même le plus banal, pourrait être interprété comme un signe de ma soumission ou de ma rébellion.

Alors que je réfléchis à cette situation, je me demande comment je pourrais naviguer dans ce labyrinthe de règles et d'attentes. Sophie semble convaincue que le meilleur moyen de désamorcer la pression est de jouer le jeu, d'apprendre à sourire et à converser avec ces femmes qui m'entourent. Mais je lutte contre cette idée. Je me demande si je peux vraiment abandonner ma nature sauvage pour plaire à un roi dont les caprices dictent déjà trop de choses dans ma vie.

Je ressens le besoin de trouver un équilibre, de protéger ma liberté tout en apprenant à composer avec les exigences de la cour. Ce combat intérieur s'intensifie, car je sais que chaque geste sera observé, et je refuse de me plier sans me battre.

_ Madame, Fabien vous observe. Sa Majesté lui a sans doute demandé de vous surveiller pour voir si vous parvenez à vous intégrer et à vous socialiser, me dit Sophie tout bas en se penchant à mon oreille.

À ces mots, ma conscience s'agite, comme un papillon nerveux. L'idée que Fabien soit mon ombre me dérange. Je jette un regard furtif vers lui, me demandant ce qui le lie à Sophie pour qu'elle l'appelle par son prénom. Soit ils sont intimes, soit amis, soit je ne sais quoi d'autre...

Un mélange de jalousie et de méfiance s'insinue en moi. Que sait-elle vraiment de lui ? Cette familiarité me semble suspecte. Je suis consciente que cette relation pourrait jouer en ma défaveur. Fabien pourrait transmettre des rapports au roi, et le moindre de mes gestes serait interprété à travers le prisme de son amitié avec Sophie.

Je me sens piégée, prise au piège entre le désir de me préserver et l'obligation de me conformer aux attentes royales. Je n'aime pas l'idée d'être observée, encore moins celle d'être jugée par un homme dont je ne sais rien. Je scrute son visage, cherchant à percer son mystère, mais il reste impassible, concentré sur ses observations.

Avec un soupir, je réalise que je dois jouer la comédie, au moins pour l'instant. Je me tourne vers Sophie et lui fais un signe de tête, déterminée à garder mon calme. Je vais devoir faire preuve de finesse, naviguer avec prudence dans cette cour où chaque regard, chaque mot, pourrait être utilisé contre moi.

MadameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant