Chap. 14 Dérapage

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L'anniversaire d'Aomine... Ses vingt-et-un ans... Et Kagami... Oublié, William... Au moins le temps d'une soirée, d'un verre... Bonne lecture !
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Chap. 14 Dérapage

[Aomine]
Je souris un peu plus en le voyant entrer, vers minuit. Le saluant, je m'avançai vers lui.
"T'es censé boire pour la première fois ce soir...
-Je sais, m'amusai-je, même si ce n'est pas vraiment le cas.
-Oui, je sais."
La première fois que j'avais bu... c'était avec lui... le jour de notre première fois... Je ne m'en étais même pas rendu compte...
On me tendit un premier verre et des hurlements retentirent au fur et à mesure que je vidais le liquide âcre. La fête s'annonçait très... mouvementée.
Au milieu des rires et des boissons, je n'oubliais pas de lancer quelques regards à mon ancien professeur. Il me regardait souvent, amusé, et terriblement séduisant, moulé dans une chemise blanche ; comme avant. Si beau... Dansant vaguement dans un coin sombre de la grande salle illuminée de quelques néons pour l'occasion...
L'ambiance était assez chaude et bonne-enfant, rien de quoi inquiéter mes colocataires pour l'état de l'appartement - ils étaient en vacances, malheureusement la date n'avait pu se décider autrement.
Puis je le perdis. Il avait disparu. Pourtant je savais qu'il n'était pas parti, pas sans me le dire...
La musique nous réchauffa, l'alcool nous rendit fous... J'étais bien ici, quoi que tracassé.
Puis, peu après, vers deux ou trois heure, mon salon se vida, jusqu'à me laisser seul avec ma musique. Seul ?
Le rouge venait de sortir de la salle de bain, se frottant les cheveux et baillant.
"Kagami ?! Qu-qu'est-ce-"
Je manquais de m'étouffer avec ma salive lorsque mon regard croisa le sien, noirci par la boisson...
Sur une table, il déposa la bouteille vide qu'il avait dans la main, puis se tourna vers moi, s'approcha.
"Joyeux anniversaire, Aomine."
Il me prit gentiment dans ses bras et me serra avec force.
J'enfouis mon nez dans son cou pour m'emplir de sa délicieuse odeur. Il me rendait fou...
Une main glissa sur une de mes hanches et m'attira encore plus proche de lui. Il accola son front au mien.
"Aomine...
-J'ai envie de t'embrasser," le coupai-je.
Il obliqua sa tête et se laissa me frôler, son souffle contre ma bouche. Je n'osai esquisser geste...
Sa paume amorça de petits cercles sur ma taille, afin de me détendre, de me rassurer. Je frémis et laissai mes paupières s'abaisser à demi sur mes yeux.
Deux lèvres caressèrent les miennes avec une légère retenue, puis elles s'y accolèrent tendrement. Je crus mourir... Je crus pleurer... Mais rien de tout cela, je ne fis que passer une main dans ses cheveux et lui laisser approfondir le baiser.
L'extrémité de sa langue chaude se faufila dans mon antre buccal, taquina sa jumelle et dispersa en moi d'innombrables frissons.
Mais nous finîmes par nous séparer, apposant nos fronts l'un contre l'autre.
"Kagami..."
Il laissa sa bouche embrasser encore une fois la mienne, permis à sa main de glisser un peu plus bas, de se déposer sur une de mes fesses et de la presser légèrement.
"Aomine..."
Il ne semblait pas ivre... mais... William... Mon bon sens me murmurait de le lui rappeler, mais mon désir me hurlait de me taire.
Il enfouit son nez dans mon cou, le réchauffant de sa respiration lente, berçante. Sa main remonta sur ma taille pour m'attirer à fusionner avec son corps.
"Aomine... Je suis fou..."
Il s'écarta à regrets.
"Je crois que j'ai un peu abusé sur la boisson... Je vais y aller."
Il semblait confus... J'étais déçu. Alors je le retins au poignet, avant de me rendre compte que c'était ridicule et inutile.
"Au revoir, Kagami.
-Mm. Joyeux anniversaire."
Joyeux ? Je riais jaune...
Je l'observai sortir, puis attendis. Attendis quoi ? Rien. Non, rien. J'étais juste perdu. Mon corps était froid, seules mes lèvres palpitantes le retenaient de geler. J'étais seul. Mon esprit était vide.
Juste la porte close. La musique. L'obscurité. Et moi. Au milieu de cadavres de bouteilles et de nourriture. La solitude m'envahit et le bruit devint assourdissant et grave, au point que je n'entendais que le battement des basses. Mon cœur ne criait que faiblement, par saccades sans force. Mais personne ne réagissait à son cri de détresse. Il n'y avait personne. Juste moi.
Je coupai le son. Un silence semblable à celui m'occupant inonda la pièce. J'ouvris la porte de ma chambre et allumai la lumière. D'un geste ennuyé, je commençai à me déshabiller, devant ma glace.
Nu, je laissai mon regard vide passer sur mon corps. Je me dégoûtais sans véritable raison.
Mes yeux se hissèrent sur mes lèvres désormais aussi glaciale que le reste. Nous nous étions embrassés...
Je passai une main sur mes épaules et la laissai descendre légèrement sur mon torse finement musclé. J'étais perdu... je ne me reconnaissais plus...
Mon esprit laissa à mes pieds le droit de se dérober sous moi, pour que mon corps s'étale sur mon lit. Je ne tardai pas néanmoins à me relever pour éteindre la lumière, puis pour me recoucher.
Dans l'obscurité, je me sentais vulnérable... Et terriblement seul. M'imaginer contre son corps chaud ne me suffisait plus. Me rappeler les bons moments, il y a longtemps ne me distrayait plus. M'accrocher au goût de ses lèvres n'existait plus...
Quel anniversaire ?! Quelle majorité ?! Quel droit de boire de l'alcool ?! Si je n'ai pas le droit de l'avoir lui, à quoi bon ?!
Oui je me hais de l'aimer ! Mais cela ne me fait pas l'aimer moins ! Et le voir avec un autre me rend fou ! Il a beau être heureux, ce n'est plus ce qui m'importe ! Mon amour est égoïste !
Pendant presque cinq ans je me suis dit que c'était mieux ainsi, mais je crois que j'avais contenu ma douleur. Je serrais le poings, serrai la mâchoire et enfouis mon nez dans mes draps. Un jour, j'étais dans les siens, et c'était son odeur que je sentais... Mais non ! Un autre pouvait s'offrir ce plaisir ! Et quand il le souhaitait !
Je relâchai mes poings et mon visage, comprenant ma tension inutile. Qu'arrangerais-je ?
J'étais seul dans le noir. Et j'avais froid.

"Aomine. Il faut que je te parle."
J'opinai doucement et délaissai mes coéquipiers. Je saisis une veste, la déposai sur mes épaules et, d'un regard, fis comprendre à mon entraîneur que c'était important. Je suivis le rouge jusqu'au parc, en silence.
"J'avais trop bu.
-Je sais."
Il abattit une main crispée sur une de mes épaules et la serra fortement.
"Je sais très bien," répétai-je.
Mes yeux perçaient les siens. Car je croyais ce que je disais. Je savais que c'était vrai.
Il approcha un peu son corps du mien.
"Kagami, j'ai parfaitement compris. Il ne s'est rien passé l'autre jour."
Le rouge fixait ma bouche, je le sentais... Était-ce du dégoût dans son regard ?
Ses lèvres se déposèrent sur les miennes, très doucement, presque tendrement. Un petit coup de folie nous fit l'approfondir sensuellement. La poigne sur mon épaule se détendit, et la main se perdit dans mes cheveux ; une seconde enlaça ma taille.
Nos langues se mêlèrent timidement. Je me sentais si bien... Son membre buccal brûlait le mien... La vie me plaisait tant ainsi... Mais nous dûmes nous séparer, par manque d'air...
Le souffle court et brûlant de l'homme s'échoua sur ma bouche, alors que je sentais un front rencontrer calmement le mien.
"Aomine..."
Nos lèvres se frôlaient... Et je ne pouvais y résister...
"Tu me rends fou... Aomine..."
Sa main se resserra sur ma taille.
"Je-Aomine... Je voulais te parler..."
Il ferma les yeux.
"Ce qui s'est passé l'autre jour est une erreur. Ce qui vient de se passer aussi..."
Il me lâcha, caressant mes hanches au passage.
"Je veux que ce soit clair. Et que rien de tout cela ne se reproduise."
Brisé. Encore une fois.
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Kagami est bouleversé, mais parvient à se maintenir un minimum... Il pense à William. L'aime-t-il malgré tout ce qu'il lui fait subir ? Rendez-vous demain ! Bye, Kagamine

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