Chap. 5 Peur omniprésente

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Kagami doit affronter son passé, il y est forcé. S'échapper ? Le peut-il vraiment ? Bonne lecture !
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Chap. 5 Peur omniprésente

[Kagami]
    Avant, j'aimais ces moments de complicité avec les jeunes futurs espoirs ; aujourd'hui, je les craignais. Sans doute sans raison d'ailleurs, car le tanné semblait être passé à autre chose. Il avait voulu me voir, sans doute pour s'assurer que je n'étais plus rien à ses yeux que du passé. Et maintenant il voguait à sa vie, sans même songer à moi un temps soit peu.
    Je crois que savoir qu'il m'avait si facilement effacé de sa vie me chiffonnais un peu. Car il se rappelait à la mienne à chaque fois que je prenais l'avion, car je sentais encore la douleur de l'au revoir forcé... Tout cela était loin pour lui.
    Face à moi. Perdu dans son équipe. Face à une autre. Toutes deux improvisées pour tester le jeu de groupe. Ce n'était pas son fort d'après mes souvenirs.
    Une grande partie des Bulls s'était déplacée pour assister à cet entraînement, le premier de l'année. Nous avions tant voyagé. Assis sur le banc, les bras sur les genoux, j'observais, concentré.
    Le ballon semblait rire, se cacher des autres dans son dribble, leur échapper sournoisement et revenir dans la main de son possesseur... Il souriait. Sa peine était si loin...
    Un crossover inattendu déstabilisa un adversaire qui s'écroula, ne pouvant qu'observer le spectacle envoûtant. Un double-marquage se dessina. Il bondit et passa à un de ses coéquipiers ; jamais ce geste n'aurait été naturel avant... L'autre, sans défense sur lui, tira rapidement un trois point, avant de frapper dans le poing du métis.
"Nice pass !" (Belle passe !)
Il s'était amélioré, s'improvisait même meneur par moment, sans doute inconsciemment.
    "Wow... his game is hypnotizing..." (Wow... son jeu est hypnotisant...) souffla mon amant.
Et fascinant... excitant...
    Aomine n'était sans doute pas le meilleur, mais son jeu atypique le rendait remarquable.
"I think I understand why you like him that much," (Je crois que je comprends pourquoi tu l'aimes autant.) continua le blond platine.
Je rougis légèrement. Ses paroles si innocentes sonnaient comme des reproches à mes oreilles.
    Il passa un bras autour de mes épaules.
"Taiga, why are you so silent ?" (Taiga, pourquoi tu dis rien ?)
Je lui souris doucement.
"I was... (J'étais...) commençai-je, cherchant mes mots.
-Fascinated ? (Fasciné ?)
-No ! Just... (Non ! Juste...)
-I was kidding, idiot. I perfectly understand how you feel." (Je déconnais, idiot. Je comprends parfaitement comment tu te sens.)
Je fis la moue, récoltant un baiser furtif et discret dans les cheveux.
    Nous ne nous montrions pas beaucoup. Cela faisait six mois environ que la presse était au courant, nous avions décidé de l'annoncer, plutôt que de laisser des rumeurs se répandre. Si les journalistes se plaisaient à nous surprendre partout, ils n'obtenaient jamais grand chose. Des regards, des sourires, des accolades... Si, il leur était arrivé de nous surprendre dans un parc, un bras autour de mes hanches, rien de plus...
    Nous ne voulions pas étaler notre vie sentimentale.
    Mais mes yeux ne se détachaient de lui... du tanné... Magnifique... et je ne parlais pas uniquement de son jeu. Sa beauté m'avait particulièrement frappée la première fois que je l'avais vu jouer. Sensuel... C'était la même chose...
    Le match s'acheva en faveur de son équipe. La tradition était d'aller leur divulguer nos impressions, nos conseils. Vers qui pouvais-je me diriger si ce n'était le métis ? De toute façon, si je n'allais pas vers lui, mon amant ne comprendrait pas, et ferait sans doute le lien avec mon mal-être.
    San mentir, il avait été le seul que j'avais vraiment regardé pendant tout le match... Alors à qui d'autre pouvais-je parler en étant d'une quelconque aide ?
    Je fis un pas vers lui, encore entouré de sa concentration. Je déposai une main sur une de ses épaules, sans pouvoir m'empêcher de me répéter qu'il avait grandi ; ce n'était définitivement plus le gamin que j'avais connu.
    "Je ne pensais pas que tu aurais tant progressé... En même temps, ça fait longtemps, c'est normal j'imagine... Mais tu me surprends quand même."
Un petit sourire peignit son visage. Un frisson me parcourut : je connaissais cette expression...
"Tu as bien joué. Avec un beau jeu d'équipe, ce qui m'étonne un peu de toi. Mais je suis assez content de ce que j'ai vu."
    Je soufflai sèchement du nez ; il fronça les sourcils.
"Maintenant que j'ai fini de te faire des compliments, on va passer à ce qui t'intéresse sans doute plus. Je t'ai bien regardé et ton jeu n'est pas aussi parfait qu'on le croit à première vue."
Un hochement de tête grave me répondit.
"Ton jeu particulier t'offrait un grand avantage au Japon où tout est plus codifié ; ici, tu vas rencontrer beaucoup de joueurs connaissant le street basket, parfois sans doute mieux que toi. Alors si tu veux les battre, tu dois le maîtriser entièrement. Et pour ça ce n'est pas d'un entraînement classique dont tu as besoin."
Le garçon fronça les sourcils.
"Va sur des terrains de street le plus souvent possible, vers 17-18h, c'est là que tu peux rencontrer des bons joueurs. Tu peux demander à ton entraîneur de te laisser déserter avant pour aller là-bas, il sera d'accord.
-Vous l'avez fait ?
-Pas pour les mêmes raisons, mais oui," souris-je.
Il me remercia du regard et m'observa m'éloigner.
    Ma pause était finie. J'en étais soulagé : cela s'était bien passé.

    Je me laissai tomber sur mon lit en soupirant tout l'air de mes poumons. Le voir ne me faisait pas de bien... Lui ne semblait pas s'en soucier... comme si ça ne le touchait pas... Après tout il avait raison... je devrais faire pareil... essayer...
    Était-ce si dur de me comporter comme s'il n'avait été qu'un élève ou qu'un ami ? Je pouvais oublier le passé, j'imagine... du moins dans un sens, car jamais ces souvenirs ne partiront. Malgré le temps, certains restaient férocement attachés, et de toute façon, je ne savais pas vraiment si je voulais qu'ils partent. Je ne pouvais nier qu'il avait fait partie de ma vie. Je l'ai aimé.
    Un nouveau soupir s'éleva dans la salle. Il me manquait. William. J'aimerais lui dire pour qu'il me supporte dans ce moment délicat. Mais voilà : jamais je n'oserais. Ce serait terrible vis-à-vis de lui... Lui faire endurer ça... juste avant un tournoi ? Non ! Non...
    Nous étions peut-être un couple, mais certaines choses devaient s'affronter seul, je pense... Aomine Daiki.
    Il n'était pas venu pour m'avoir comme avant... C'était la seule chose qui me rassurait. Mais moi ? Étais-je capable de retomber fou de lui ?
    Je serrai les poings. J'aimais William... Aomine était loin désormais.
    Mon téléphone vibra : un message de l'entraîneur des jeunes. Non...
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Un souci... un problème... une urgence... Qu'est-ce ? Y a-t-il un lien avec Aomine ? Rendez-vous demain pour le savoir ! Bye, Kagamine

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