Chapitre 13

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'Tu va aimer'. Cette simple phrase me fit trembler de tout mon être. Mon père me l'avait souvent dite, quand j'étais petite. Au début, je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par la, mais au fil du temps, j'ai compris. Aujourd'hui encore, j'entendais cette même phrase, avec cette même intonation... Je savais déjà ce qui allait m'arriver.

Je fermais les yeux et priais pour que se ne soit qu'un mauvais cauchemar, mais en les rouvrant, j'étais toujours dans les vestiaires de l'école, quatre garçons en face de moi et nul part ou me cacher.

Le chef de la bande, qui avait les cheveux roux, adressa un signe de tete à un de ses acolytes. Celui en tenue de sport s'avança vers moi, tout sourire, et m'arracha mon haut des mains. Mes sous-vêtements étaient le seul rempart entre eux et mon corps dénudé. L'histoire allait-elle se répéter?

- Regardez comme elle tremble, reprit le rouquin en me caressant l'épaule. Pauvre petite, elle est morte de peur.

Les trois autres garçons pouffèrent.

Le chef pris mon visage entre ses mains et voulu m'embrasser. Je me débattis tant bien que mal et réussis à me dégager en lui mettant une gifle. Ca n'avait surement pas été la meilleure solution mais sur le coup, j'avais voulu qu'il me lâche.

- Ooh, firent les trois acolytes en chœur.

- Salope, grommela le jeune roux en m'assenant à son tour, un gifle qui envoya ma tete d'un coté.

Je me tins la joue et glissa contre la porte du casier, jusqu'a me retrouver assise par terre.

Dieu, que j'avais mal. Je ne savais pas que les garçons pouvaient frapper aussi fort.

Je voulus me relever, je ne pouvais plus bouger: la peur m'avait clouée au sol.

- Je vais t'apprendre les bonnes manières, moi, ajouta-t-il.

En disant cela,  il m'avait tirée par les pieds et allonger complètement. Il était maintenant sur moi, le pantalon déboutonné.

- Laissez-moi, murmurais-je alors que des larmes commençaient à perler sur mes joues.

Cela semblait l'amuser, car il sourit à pleine dent.

- Surveille la porte Joe, ordonna le rouquin à un de ses amis. Je commence, après c'est votre tour.

Le dénommé Joe recula et se plaça contre la porte, alors que le gars en tenue de sport sortait son téléphone pour nous filmer. Seigneur, était-ce la mon destin?

       Le rouquin se pencha vers moi et déposa des baisés dans mon coup.  De sa main gauche, il bloquait ma main droite au sol et de l'autre, il me caressait le ventre. Quand il remonta mon soutien-gorge sur ma poitrine, mon sang se glaça. Partout ou se garçon me touchait, je ressentais des frissons. Je n'avais pas la force de bouger, ni même de pleurer. Lentement, les souvenirs de mon père penché de la même façon sur moi me revinrent à l'esprit.

 Enfermée dans la petite maison ou nous vivions, je ne sortais que très rarement. Avec une mère sans cesse au travail, je n'avais personne a qui me confier et qui aurait pu me venir en aide. J'avais voulu m'enfuir, mais mon géniteur m'avait avertit: 'Si tu raconte ca a quelqu'un ou si tu essaie de partir, je tue ta maman'. J'étais donc restée et j'avais décidée de supporter mon sort.

Des lors, j'avais cessé de me débattre. Chaque fois que mon père se retrouvait sur moi, je restais immobile, les yeux fermés, attendant que tout ca soit fini. Que pouvais-je faire d'autre?

     Et que pouvais-je faire maintenant? Les vestiaires étaient très loin des salles de classes, et  après les cours très peu d'élèves trainaient dans le lycée. Personne n'allait me venir en aide. Je devais donc supporter, comme je l'avais fait pendant des années.

      Je pleurais en silence, les yeux fermés et le corps immobile.

J'étais déçue, terriblement déçue et en colère contre moi même. Pourquoi fallait-il que tout ca arrive maintenant? Je commençais à peine à changer, j'avais voulu faire un effort pour oublier le passé et sortir avec Kevin et ses amis. Peut-être était-ce un avertissement.

Clac!! Un bruit de porte raisonna. Je rouvrais les yeux, un peu étonnée, mais c'était comme si les garçons n'avaient rien entendu. Lorsque le chef de bande fit glisser ma culotte et l'envoya je ne sais ou dans la pièce, je sentis que le moment fatidique allait arriver.

Mais tout d'un coup, la porte s'ouvrit bruyamment, envoyant au tapis le Joe qui gardait la porte.

Le rouquin se retourna en même temps que je me redressais et nous vîmes Kevin, accompagné de Dave et Eric. Mon cœur fit un bond... j'étais sauvée.

Kevin s'avança d'un pas pressé vers nous, tandis que Dave fermait la porte et Eric arrachait le téléphone des mains du 'caméraman'.

- Qu'est-ce que tu comptais faire, Eddy, demanda Kevin en empoignant le rouquin et en l'attirant vers lui.

Profitant de cette occasion, je tentais de remettre mon soutient gorge en place malgré le tremblement de mes mains et m'assis, repliée sur moi même. Je n'avais rien a porté de main pour me couvrir, et je ne m'étais pas suffisamment reprise pour faire un geste de plus.

- Et toi, demanda l’Eddy en question d'un air arrogant. Tu veux te joindre à nous?

- Espèce de...

Avant même d'avoir finit sa phrase, le coup de poing atterrit en plein sur la face du rouquin, qui se retrouva au sol. Kevin le redressa de nouveau par le col et lui dit quelque chose à l'oreille avant de le relâcher.

- Maintenant dégager, conclut-il.

Dave ouvrit la porte et laissa sortir les quatre complices qui se ruèrent dehors sans demander leur reste.

Kevin s'approcha, prenant mes vêtements dans le casier au passage et me les tendit, la tete tournée vers la porte.

- Habit-toi, m'ordonna-t-il un peu froidement. On t'attend dehors.

Puis il fit demi-tour et sorti de la pièce avec ses amis.

Une fois seule, j'enfilais mon tee-shirt et cherchais du regard ma culotte que le rouquin avait jeté je ne sais ou; je la retrouvais près de la porte des vestiaires et l'enfila a la hâte.

Une fois complètement habillée, j'aurais pu rejoindre les autres dehors mais mon corps ne le voulait pas. Je m'assis alors sur le banc le plus proche et me pris la tete entre les mains. J'avais peut-être été sauvée, mais j'étais morte de peur, et surtout morte de honte. Dave, Eric et Kevin m'avaient vu pratiquement nue et dans une position très inconfortable, comment devais-je me comporter maintenant? J'aurais préférée mourir que de devoir leur faire face à tout les trois.

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