Chapitre 20

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Je n’en revenais toujours pas : Kevin m’avait giflé.

Kevin… me gifler… C’était tellement choquant que j’avais même cessé de pleurer. Mais je me rendis vite compte que cette gifle m’avait aidée a recouvrer mes esprits. Sans quoi, j’airais pu continuer a dire des bêtise.

Kevin sembla esquisser un mouvement vers moi mais s’arrêta. Son regard se perdit alors dans la contemplation de son poster de Lionel Messie.

- Ne dis plus jamais ce genre de choses, déclara-t-il en insistant bien sur le mot « jamais ». Comment t’as pu penser que je… j’éprouverais du dégout pour toi ? Tout ce qui t’es arrivé n’est et ne sera jamais de ta faute.

       Il marqua une pause et inspira un grand coup, comme si ce qu’il allait dire lui demandait beaucoup d’effort.

- Je suis vraiment désolé d’avoir agis comme je l’ai fait avec toi. C’est vrai qu’au début j’étais en colère parce que vous m’aviez menti, maman et toi, mais après j’ai compris pourquoi vous l’aviez fait et après j’ai éprouvé de la colère contre moi-même pour m’être mis en colère contre vous.

       La complexité de sa phrase me donna envie d’éclater de rire, mais je me retins, vu la seriosité de la situation.

- Une fois ma colère passée, je me suis sentis mal vis-à-vis de toi. Je savais que tu avais enduré certaines choses, mais je n’avais jamais imaginé que c’était aussi grave. C’est pour ca que je suis parti de la maison, parce que je ne savais pas comment me comporter avec toi. Quand tu as repoussé ma main la dernière fois dans ta chambre, ca m’a vraiment fait un truc. Depuis, je n’ose plus te toucher… d’autant plus que maintenant je sais pourquoi tu as si peur des garçons.

        Kevin lâcha enfin son poster des yeux et se tourna vers moi :

- A toi de me dire un truc : dis-moi ce que je dois faire maintenant, comment je dois me comporter, parce que je n’en ai aucune idée.

       Comme si moi j’en savais quelque chose. J’étais aussi perdue que lui, triste, honteuse et gênée. Je ne savais vraiment, vraiment pas quoi lui dire.

- Fait… Fait juste comme si de rien n’était, lui suggérais-je en essayant de contrôler le tremblement de ma voix, comme si tu ne savais rien.

- Je ne peux pas faire ca, s’indigna Kevin. Cassy, je suis au courant de ce qui s’est passé… Ce n’est pas quelque chose qu’on oubli en un claquement de doigt.

- Je sais ! Mais je veux… je veux juste que tout redevienne comme avant, quand on pouvait se parler tranquillement, sans honte. C’est tout…

        Kevin souffla, comme soulagé, et vint vers moi puis me pris dans ses bras.

Comme ses câlins m’avaient manqués. Je me sentais si bien dans ses bras que j’aurais aimé que ce moment dur pour toujours.

Sans que je ne puisse le contrôler, je me mis à pleurer de nouveau. Plus les larmes coulaient, plus je m’agrippais a Kevin. J’étais un peu gênée, mais ca me faisait tellement de bien que je m’en fichais.

       

       - Ca va mieux, demanda Kevin qui me tenait toujours dans ses bras.

Je lui fis “oui“ de la tête et m’écarta lentement de lui tête baissée. Voyant que je n’osais pas le regarder, Kevin pris mon visage entre ses mains et m’obligea à lever la tête. Il se pencha alors vers moi et déposa un baiser sur ma joue gauche, puis se redressa et me sourit - je dû user de toutes mes forces afin de pouvoir lui sourire aussi.

- Je… je vais aller prendre mon petit déjeuné, balbutiais-je.

N’attendant pas sa réponse, je tournais les talons et sorti de la chambre de Kevin. Comme un robot, je pris la direction de la salle de bain et, fermant la porte, je m’adossai contre elle. Je pris une grande inspiration et me passa la main sur le front, puis souris sans savoir pourquoi. Je m’approchai du lavabo et fit couler l’eau froide, dont je m’aspergeai le visage. En relevant la tête, je vis mon reflet dans le miroir. J’avais les yeux gonflés a force d’avoir pleurer et mes cheveux étaient tout saufs en ordre, mais je m’en foutais un peu. Pour l’instant, j’avais peur de faire une attaque a cause de ce cœur qui me maintenait en vie et qui ne voulait pas cesser de battre à tout vitesse. Pourquoi ? Peut-être parce que, pendant un instant j’avais cru que Kevin allait m’embrasser.

- N’importe quoi, murmurais-je.

Je secouais la tête de gauche a droite, non seulement parce que je savais que c’était impossible, mais aussi pour me chasser cette idée de la tête. Kevin ne pouvait avoir envie d’embrasser quelqu’un comme moi… Et moi non plus je n’en avais pas envie ! Du moins je croyais.

     Après m’être essuyée le visage, je descendis dans la cuisine et ouvrit le frigo. J’en sorti une bouteille de jus d’orange et m’en servis un verre, que je bus d’une traite. Finalement, je n’avais plus très faim. Je m’assis a table et soupira. Kevin et moi nous venions de régler nos problèmes, mais je n’avais pas l’impression que tout pouvait redevenir comme avant de si tôt. En tout cas pas pour moi.

Ma réaction quand Kevin entra a son tour dans la cuisine me confirma mes craintes : je ne pouvais toujours pas le regarder dans les yeux.

Par contre lui, il n’arrêtait pas de me regarder et de me sourire, comme si il avait déjà tout oublié.

       Peut-être devais-je en faire autant, même si cela n’allait pas être facile.

Lorsque Alicia rentra ce soir la, elle nous trouva, Kevin et moi, assis devant la télé.

- Bah, s’étonna-t-elle, j’ai raté un épisode ou quoi ?  Il y’a encore quelques heures vous ne pouviez pas vous sentir, et maintenant vous suivez la télévision ensemble.

- Disons qu’on a finis de bouder, lui répondit Kevin.

Je me contentais de lui sourire et elle me fit un clin d’œil.

- Eh ben pour fêter votre réconciliation, on va manger au restaurant ce soir...

Alicia me regarda et reprit :

- Enfin… si ca te va Alicia.

- Je… ca me va, répondis-je.

Je ne voulais pas priver Kevin et Alicia de cette sortie a cause de mes craintes, et puis dans les restaurants tout le monde était assis a une table alors je n’avais à m’inquiéter de rien.

- Parfait ! Nous partons a 19 heures 30.

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