Chapitre 17

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- Combien de temps compter vous bouder, tout les deux?

Alicia, qui rentrait à peine du travail déposa les achats qu'elle venait de faire sur la table de la cuisine et ôta son manteau. La période de grand froid qui avait commencée depuis quelques jours annonçait l'arrivée de l’hiver et, par la même occasion, la période des fêtes.

Noel... J'avais toujours détesté cette fête. Enfin, toujours c'était trop dire. Il y eut une époque ou, comme tout les enfants, je croyais au père noël. J'adorais décorer le sapin avec ma mère; les guirlandes, les boules, la neige artificielle... Tout me plaisait. Mais ce que je préférais par dessus tout était le moment d'ouvrir les cadeaux. Je n'en avais pas beaucoup, mais peu m'importait la quantité: ce qui comptait pour moi était la qualité de mes nouveaux jouets.

Mais ça, c'était avant.  Depuis que  j'avais atterrit a l'orphelinat, je n'avais plus vraiment  prêté attention a toutes ces réjouissances. L'esprit de noël était mort.

Cependant,  il fallait bien avouer que depuis que j'étais arrivée dans la maison des Faure, je m'étais surprise à m'imaginer un noël comme dans les comptes de fées... Mais la situation à la maison n'était pas du tout joyeuse, ce qui risquait de tout gâcher.

 - Alors, poursuivit Alicia en commençant à ranger les course dans le frigo.

- Jusqu'a ce qu'il se décide à me dire ce qui ne va pas.

- Kevin est quelqu'un de très buté. On ne dirait pas comme ca, mais il n'est pas très bavard en général. 

- Dans ce cas je ne peux rien pour lui.

- Cassy...

- Et toi? Qu'est-ce qu'il a contre toi?

- C'est...  Je lui ai dit la vérité sur toi.

- Alors j'avais raison...

- Écoute.

- Laisse tomber, lâchais-je sèchement. Je ne veux pas parler de ça. De toute façon, ce qui est fait est fait.

Alicia soupira et se passa la main dans les cheveux.

- D'accord, dit-elle dans un souffle.

Elle marqua une pause et me couva d'un regard doux, comme pour dire qu'elle était désolée. Au fond de moi, je savais qu'elle l'était vraiment, que tôt ou tard Kevin serait au courant, mais j'aurais préféré que se soit plus tard que tôt.  Et si c'était à cause de ça qu'il ne voulait plus m'adresser la parole?

- Tu comptes retourner au lycée un jour, poursuivit-elle sur un ton frôlant l'ironie.

- Un jour, peut-être soupirais-je.

Si ça ne tenait qu'a moi, je n'y retournerais jamais, dans ce lycée de malheur. Il ne m'y arrivait que des choses bizarre et je ne voulais pas revoir la tête de ces gars la...

- Ne pourrais-je pas simplement rester à la maison?

- Ah oui, s’écria Alicia visiblement choquée. Tu oublies que tu as un examen à passer, cette année.

- Je sais... je pourrais prendre des cours par correspondance... Tu me ferais l'école à la maison, tiens.

- Ne me fait pas rire, pouffa-t-elle. Tu sais bien que je n'en ai pas le temps. Ecoute, c'est bientôt les vacances d'hiver alors... disons que tu peux rester a la maison jusqu’à la reprise des cours. D'ici la, tu devras me dire ce que tu as décidé.

J'hochais la tête, un peu a contre cœur. L'idée de reprendre les cours m’effrayait plus qu'elle ne me dégouttait.

            Le reste de la journée se passa dans une atmosphère assez bizarre... comme tout les jours d'ailleurs. Kevin était sortis et depuis, il n'était pas rentré a la maison. Moi, je sentais bien qu'Alicia s'inquiétais pour son fils. Le fait qu'il ne lui adresse plus la parole devait lui faire atrocement mal, d'autant plus qu'avant mon arrivée dans cette maison, ces deux la me semblaient vraiment très proches. Ils n'étaient pas du genre a se cacher quoi que se soit et, a cause de moi, Alicia avait dû lui mentir. J'avais mal pour elle, elle qui aimait son fils plus que tout au monde... Il fallait que je me décide à  parler avec Kevin.

     

        Kevin n'était pas rentré non plus, aujourd'hui, constatais-je en voyant son lit aussi bien fait que la veille. Cela faisait trois jours qu'il s'était absenté et il n'avait même pas passé un coup de fil pour prévenir qu'il découchait. Alicia, morte d'inquiétude, avait passé des heures à faire la tourné des hôpitaux et des cliniques aux alentours. Elle était même passée au lycée, ou il ne s'était pas présenté non plus. On avait essayé de joindre quelque uns de ses amis, notamment Dave et Eric, mais personne ne semblait l'avoir vu. Quand Alicia s'était effondrée sur le canapé du salon, je sentis quelque chose éclater en moi et les larmes me montèrent aux yeux. Je ne l'avais vu pleurer que deux fois, la première était à l'orphelinat. Je fis donc de mon mieux pour essayer de la rassurer en lui disant que ça ne faisait que deux jours, qu'il était majeur et qu'il ne pouvait rien lui arriver de grave.

- Apres tout, c'est ton fils n'est-ce pas, tu le connais bien, ajoutais-je.

Cela sembla faire effet, puisque qu'elle se décida à aller au travail le lendemain matin. Moi, j'attendais le moindre coup de fil, même si je doutais qu'il m'appel sur mon portable.

       N'ayant pas dormis de la nuit, je me mis à somnoler sur le canapé du salon. Le bruit d'une porte qui claque me fit sursauter. D'un bond, je me levais et couru après Kevin, qui montais les escaliers d'un pas pressé.

- Hey, dis-je dans un bâillement.

Kevin entra dans sa chambre et tira un sac en dessous de son lit.

- Je te parle, criais-je en m’arrêtant devant la porte. Ou étais-tu pendant trois jours?

- Ça ne te regarde pas, dit-il enfin.

Ouch. Sa phrase me fit l'effet d'un coup de fouet. Je n'aurais jamais cru que Kevin puisse me dire ça un jour.

- Peut-être, fis-je le plus calmement possible, mais ça m’intéresse de savoir.

Cette fois, il ne me répondit pas non plus. Je sentis alors mon sang bouillir dans mes veines. Son attitude dédaigneuse m’énervait au plus au point.

-Tu ne veux pas me dire ou tu étais? Bien. Tu ne veux plus m'adresser la parole? Encore mieux. Mais as-tu pensé à ta mère?

- Ce que je fais ne la regarde pas non plus. Je déteste les menteuses.

- Alicia t'as cherché dans toute la ville pendant deux jours. Elle n'a presque pas dormis parce qu'elle se faisait du mauvais sang et toi? Toi tu joues aux enfants  gâtés et tu te permets de l’ignorer comme ci elle n'était rien pour toi. Et tu ose dire que ca ne la regarde pas?

Sa mère lui avait menti? Et alors?! Si seulement il savait a quel point je l'enviais en ce moment. Il était tout pour sa mère, a tel point que si il venait à disparaître elle pourrait se suicider et lui ca ne lui faisait ni chaud ni froid? Je le détestais. Je le détestais si fort que j'avais envie de lui crier dessus ou de le tabasser a mort. J'aurais donné n'importe quoi pour avoir une personne qui tienne à moi de cette façon et lui... Lui! Lui il n'était qu'un gros... un gros...

- Imbécile, dis-je tout bas.

   Kevin me dévisagea.

- Imbécile, dis-je plus fort.

Je venais bien de l'insulter la?

- Idiot, ajoutais-je encore en criant. T'es qu'un idiot écervelé. Retourne d'ou tu viens, si tu veux. Mais tu vas me faire un plaisir d'appeler Alicia pour la rassurer, avant qu'elle ne fasse une crise d'angoisse.

Sur ce, je tournais les talons et alla m'enfermer dans ma chambre.

     Quelques secondes plus tard, j'entendis Kevin dévaler les escaliers et la porte d'entrée claqua derrière lui.

Allongée sur mont lit, j'eus envie de pleurer toutes les larmes de mon corps mais j'étais trop fatiguée pour le faire. Moi aussi j'avais passé deux jours sans dormir à cause de cet idiot de Kevin; je finis donc par sombrer dans le sommeil.

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