La salle de taille moyenne était vide, mis a part une table et deux chaises en métal au centre de la pièce. Mon géniteur et moi étions installés sur les deux sièges. Il avait les mains menottées entre elles et un pied menotté au pied de la table. Il y'avait bien un gardien dans un coin de la pièce, mais il se faisait discret.
J'étais face a mon père, face a mon passé, face a cet homme qui avait fait de ma vie un enfer, et on se regardait droit dans les yeux.
Il m'avait reconnu dès que j'avais passé le pas de la porte. Je le sais car ses yeux s'étaient agrandis et sa bouche entrouverte. Puis lorsque je m'étais assise, il avait souris. Pourquoi? Je ne sais pas.Avant de me décider a venir en prison, je m'étais assurée d'être préparée psychologiquement. Je m'étais promis de ne pas pleurer, surtout pas devant lui, et j'avais préparé tout un tas de truc a lui dire. J'avais prévu de lui réciter mon discours avant de m'en aller sans lui laisser le temps de dire quoi que se soit. Je devais me montrer calme et ne pas sembler triste ou effrayée.
Lorsque je l'avais d'abord vu en entrant dans la pièce, tous mes mauvais souvenirs avaient refais surface. Je me revoyais dans notre ancienne maison, dans mon ancienne chambre. Lui au dessus de moi, me touchant comme on ne devrais pas toucher un enfant, me faisant des choses qu'on ne devrait pas faire a un enfant. J'eus comme une envie de vomir mais je me retint. J'étais dégoûtée par cet homme.
Maintenant que je me trouvais face a lui, je me sentais perdre mes moyens. Combien de temps? Combien d'années cela faisait-il? Je ne sais plus. Je ne pouvais pas réfléchir. J'avais mal au ventre, mon coeur se serrait et je sentais mes yeux s'embuer.- Juste... Pourquoi? Pourquoi faire ca à ta propre fille?
J'avais articulé ces mots avec peine, essayant de refouler les larmes que me montaient aux yeux et de garder mon calme. Mais le regard de l'homme en face de moi et le sourire en coin qu'il afficha en guise de réponse suffit a briser mes défenses. Et je finis par exploser en larmes, pas de tristesse mais plutôt de colère. J'avais la rage, la haine contre lui.
- Tu m'as dit un jour que tout ce qui nous arrivait était de notre faute. Et pendant des années je t'ai cru. Pendant des années j'ai...sniff... je me suis torturée l'esprit à me demander qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour mériter ce qui m'arrivait. J'ai culpabilisé encore et encore. Et je me suis renfermée sur moi même. Je ne parlais a personne, je passais mes journées seules. Comme pour me punir. Mais je ne savais pas que je punissais aussi les autres, les excluants de mon monde. Mais maintenant je sais... sniff... je sais que c'est de ta faute, tout est de ta faute. Tu étais un alcolique incapable de faire quoi que se soit de correct. Voila pourquoi maman est parti lorsqu'elle a trouvé mieux.
Je marquais une pause, le temps d'essuyer les larmes qui inondaient mon visage. Lorsque je jetais un coup d'oeil derrière moi, je me rendis compte que le gardien était sorti. Surement pour nous laisser un peu d'intimité.
- Tu as failli a ton rôle d'époux, repris-je un peu calmée, et a ton rôle de père. Tu étais censé nous protéger, maman et moi. Mais au lieu de ca tu nous a fais du mal. Tu m'as fait du mal, a moi, ta fille. J'avais seulement sept ans...sniff... J'AVAIS SEPT ANS BORDEL DE MERDE!!!
Les larmes reprirent de plus belle.
- Sniff. Comment a tu pu abuser de moi? Comment a tu pu abuser de ces jeunes filles? Sait-tu seulement ce que j'ai ressentis? Ce que nous avons ressenti? Pffff comment pourrait tu? Tu n'es qu'un monstre, un psychopathe et un pervers...
- Alors tu me déteste? Demanda mon géniteur. Tu me hais n'est-ce pas?
J'examinais son visage. Il souriait. J'avais l'impression qu'il prenait plaisir à m'entendre le dénigrer ainsi. S'était vraiment un malade mental.
Et comme il avait viellis, comme il semblait vieux et faible. Ses cheveux étaient devenus blancs, sa barbe avait poussée, ses yeux était rouge et son visage était ridé. Les effets de l'alcool ou de la prison?
Lui qui dans le passé inspirait la peur, la crainte ne m'inspirait aujourd'hui que de la pitié.- Tu sais, lui répondis-je, a l'orphelinat j'ai rencontré une femme et son fils. Des gens biens, qui m'ont permi de voir le monde d'une autre façon, de croire en un avenir meilleur. Pendant des années je t'ai haï du plus profond de mon être. Mais maintenant je ne te déteste plus. Au contraire, j'éprouve de la pitié pour toi. Oui de la pitié.
J'esquissais a mon tour un petit sourire qui le fit blemir. Son visage se renfrogna et il se pinca les lèvres. En guise d'énervement ou d'agacement?Je ne sais pas.
- Enfin bref, fis-je en me levant et en essuyant mes joues humides. J'étais juste passée pour te dire ca. A partir de cet instant je tire un trait sur ce passé. C'est la dernière fois qu'on se voit. Tu n'entendras plus jamais parler de moi et vice versa.
Je me dirigeais vers la porte et cogna trois fois pour qu'on m'ouvre. J'entendis la clé tourner dans la serrure et la porte s'ouvrit.
- Vous avez fini, me demanda le gardien.
Je répondis d'un signe de tête et m'engageais vers la sortie quand:
- Attend, s'écria l'homme resté assis.
Je me retournais et le regardais un peu étonné.
- Je suis ton père , déclara-t-il.
- Plus depuis très longtemps, répondis-je étonnamment calme.
- Je resterais a jamais ton père. Nous partageons le même sang, Cassy. Tu ne pourra jamais oublier ce qui s'est passé, Cassie... Tu ne pourrais jamais m'oublier.
Je jetais un regard dédaigneux à mon géniteur qui souriait. Il semblait fièr de lui. Mais je n'en avais cure. Ca ne m'atteignais plus. Je fis demi-tour en lui lançant un " C'est déjà fait", avant de disparaitre dans le couloir.
Alicia et Kevin m'attendais dans la salle d'attente. Lorsqu'elle me vit, Alicia accouru vers moi et me pris dans ses bras.
- Comment ca s'est passé, me demanda-t-elle.
- Bien, répondis-je en souriant. On peut rentrer à la maison s'il te plaît.
- D'accord, allons-y.
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First Place
Teen FictionQue faire lorsque les deux personnes qui sont censé t'aimer le plus te trahissent et te jettent comme une vielle chaussette? Que faire quand tu n'as que 8 ans et que tu n'as personne sur qui compter? Moi je sais, il faut haïr! Haïr ces parents qui...