6. Niall

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La veille, au soir. Village de Kasba.

-"Niall ! Te voilà enfin... J'ai eu peur que quelque chose te soit arrivé."

-"Non, papa. Je vais bien. Désolé si j'arrive aussi tard, j'ai attendu que la pluie cesse avant de revenir."

Mon père soupire de soulagement et pose ses mains sur mes épaules, les massant doucement.

-"Viens, le dîner est prêt." me dit-il, avec un sourire.

Je lui rends son sourire et le suis. Une fois à la maison, il me sert mon repas qui est principalement constitué de légumes, de soupe aux orties (ma préférée) et de quelques tranches de pain. Nous mangeons en silence, mais c'est un silence confortable. Je vois que papa est tendu, donc je lui caresse légèrement le bras. Il s'apaise directement. Je sais qu'il se fait beaucoup de souci pour moi. Je suis son seul fils. Sa seule famille. Je n'ai jamais connu ma mère. Papa ne m'a jamais dit ce qu'il lui était arrivé. Dès que j'aborde le sujet, il s'énerve et me dit qu'elle nous a abandonné. Je ne le crois pas. Il y a des soirs où je l'entends pleurer, et je suis sûr qu'elle lui manque. J'aurais bien voulu la connaître, savoir ce que c'était de vivre avec ses deux parents, ressentir son amour maternel...

En clignant plusieurs fois des yeux, je chasse ce sentiment de tristesse qui montait en moi. Je brise le silence en parlant à mon père.

-"J'ai ramené les plantes que tu m'avais demandé."

-"Merci. On les rangera dans la réserve médicale demain. Va dormir, mon grand. Il est tard." me dit-il.

-"Je débarrasse d'abord la table." Je me lève et rassemble la vaisselle en terre cuite.

-"Laisse je m'en occupe." insiste-t-il.

-"D'accord. Bonne nuit, papa. Je t'aime."

-"Bonne nuit, mon Niall." Il m'embrasse sur le front.

Je retire mes vêtements, les disposant près de l'âtre pour qu'ils sèchent. Avant de sortir de la pièce, papa me demande où était ma veste. Je n'allais pas lui dire que je l'avais donné à un inconnu qui habitait à Tenzy, hors de question. Je dois garder le secret, même si d'habitude, je raconte et partage tout avec mon père.

-"Je crois que je l'ai laissée quand je récoltais les végétaux..."

Sans un mot de plus, je me rends dans ma petite chambre, contenant une commode en bois à deux tiroirs et mon lit. Je ne lui avais jamais menti avant aujourd'hui. Il n'a pas à s'en faire, ce n'est qu'une veste. Et puis, je ne reverrai plus Harry. Donc je n'aurais plus à mentir à nouveau. 

Exténué, je plonge dans mes couvertures et me laisse emporter par le sommeil.

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-"Réveille-toi, grosse marmotte !" crie Louis en sautant sur mon lit.

-"Mmmmmh laisse-moi dormir." dis-je d'une voix enrouée.

-"Non, jamais de la vie. Aujourd'hui t'avais promis qu'on irait pêcher, alors bouge tes fesses."

Une promesse est une promesse. Et puis Louis paraît vraiment impatient d'y aller. Dans sa vision des choses, chaque nouveau jour est une nouvelle aventure. Il a beau être bruyant, surexcité, puéril ou insolent, cela ne changera jamais le fait qu'il est terriblement attachant. Louis et moi sommes inséparables. Quand nous étions enfants, nous formions un duo d'enfer. Toujours à faire des farces, des bêtises, et à en rire jusqu'à en pleurer. Encore aujourd'hui, nous faisons des coups en douce ; on troue les filets de pêche, on remplace les grains de farines par du sable (le pain est délicieux, vous devriez essayer), ou le plus drôle, on place de grosses pierres sous l'oreiller de Zayn. Ce dernier devient enragé, mais mon meilleur ami et moi, on ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

Zayn, lui, est très différent de Louis. Au début, ils ne s'appréciaient guère mais à présent, il s'est lié d'amitié avec nous deux. Le duo s'est transformé en trio. Nos blagues tombent souvent à l'eau car Zayn est plus sage que Louis. Il parvient à l'arrêter mais ça tourne toujours à l'engueulade. L'un expliquant que l'autre est complètement débile et insouciant, tandis que l'autre crie à son ami qu'il ne s'amuse jamais et qu'il est coincé. Heureusement, je m'intercale à chaque fois pour éviter que leur altercation ne tourne au fiasco. Zayn s'adoucit et Louis part râler dans son coin, comme un petit garçon qui s'est fait grondé. Zayn est très affectueux avec moi. Il s'assure toujours que j'aille bien et me considère comme son petit frère. Mon père est ma seule famille, mais Louis et Zayn sont les frères que j'ai choisi. Jamais je ne les abandonnerai car ils sont ma source de bonheur quotidienne.

-"Ouvre tes yeux ! Tu vas te rendormir ! Aller viens grosse patate." Louis me tire par le bras pour m'inciter à me lever. Qu'est-ce qu'il peut être têtu parfois.

-"C'est bon, j'arrive." Il quitte la pièce.

En cinq minutes, je m'habille et avale mon petit-déjeuner. Papa est déjà parti au travail, je le rejoindrai cet après-midi. J'attrape mon filet et ma canne à pêche et retrouve mes deux compagnons près de la rivière. Zayn est trempé de la tête aux pieds.

-"Qu'est-ce qui t'es arrivé?" Je lui demande.

-"C'est cet idiot de Louis qui m'a éclaboussé." me répond-t-il en colère.

-"T'avais encore l'air endormi, alors je t'ai réveillé, tout simplement." explique Louis, le regard fier.

Zayn s'apprêtait à lui sauter dessus mais je l'en empêche.

-"Zee, tu m'aides avec le filet?" 

-"Bien sûr."

Ayant déjà oublié sa querelle avec Louis, il s'applique à lancer le filet le plus loin possible. Le reste de la matinée se déroula dans la bonne humeur et nous avons ramené une dizaine de petits poissons. Après le repas de midi, je me rendis dans la réserve médicale et y rangea ma précédente récolte. Ensuite, j'assistai mon père dans les soins qu'il appliquait aux patients. Il n'y avait que de légers cas, comme toujours. Ce n'est qu'en hiver où les maladies touchent le plus.

Après avoir passé la soirée avec mes amis, je rentrai chez moi et me blottis dans mes draps. Soudain, une question traversa mon esprit. 

Vais-je un jour revoir Harry?



My dear enemy ~ narry ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant