My dear enemy ~ narry ~

26. Harry

Les derniers jours sur l'île furent silencieux et douloureux. Personne n'osait dire quoi que ce soit, trop chamboulé par la perte de Brad...

Le résultat de notre lutte nous avait laissé en mauvais état. Je m'étais donc porté volontaire pour m'en occuper. De toute façon, je suis le seul à m'y connaitre un petit peu dans le domaine médical.

J'avais recousu les plaies béantes de Perrie, pansé les coupures de Lucy, soigné les ecchymoses de Steeven et j'avais fait ce que je pouvais pour refermer les blessures dans la jambe de Zoey. Nous nous inquiétons pour elle car elle ne s'est toujours pas réveillée... Mais elle respire, donc ça veut dire qu'elle est encore vivante.

-"Laisse-moi nettoyer ton bras, il est plein de sang." avait dit Lucy.

-"Non, je vais bien." je lui avais répondu.

Ne m'écoutant pas, elle essuya quand même les tâches brunâtres qui recouvraient mes bras.

***

Nous sommes en train de finir de déjeuner lorsque nous entendons un son de corne retentir. Lâchant tout ce que nous avions en main, nous accourrons vers la plage où l'on pouvait apercevoir un navire gigantesque. Le même qui nous avait amené jusqu'ici.

Une échelle en corde tressée nous est envoyée depuis le pont du navire. Steeven et Perrie montent en premiers. Lucy et moi les suivons, en portant Zoey sur mon dos.

Une fois à bord, Chris, le chef des armées et responsable de la formation des jeunes guerriers, nous accueille avec un sourire triomphant.

-"Félicitations, vous avez réussi l'examen ! Nous attendons les autres survivants et ensuite, nous mettons les voiles vers Tenzy, là où vos proches vous attendent avec impatience."

Steeven lui lance un regard noir. Brad était sa seule famille. Personne ne l'attend là-bas.

Après deux heures, plusieurs groupes de soldats de Tenzy nous ont rejoint sur bateau, alertés par le son de la corne.

Plus tard, vu que plus personne n'arrivait, Chris décida de partir.

Il nous expliqua que la cérémonie officielle d'entrée dans l'armée aura lieu au coucher de soleil, le lendemain de notre arrivée. Ainsi, nous aurons le temps de nous laver. « Parce que vous sentez l'animal mort » a-t-il dit sur un ton de plaisanterie.

Mais personne n'était d'humeur à rire. Les visages sont fermés, les corps recroquevillés sur eux-mêmes, certains sont mêmes couverts de plaies. Nous avons tous fait des mauvaises rencontres pendant ces 37 jours. Et certains en resteront traumatisés jusqu'à la fin de leurs jours.

Au départ nous étions 148. Aujourd'hui, nous ne sommes que 67 à rentrer chez nous.

***

Le voyage du retour était silencieux, calme et reposant. Rien à voir avec Orcade. L'équipage nous avait offert de quoi manger et de quoi boire, pour reprendre des forces. D'ailleurs, Zoey s'est réveillée. Elle n'est pas dans sa plus grande forme, vu que sa jambe lui fait atrocement souffrir, mais au moins elle est en vie. Son jumeau, Erik, l'a surveillé jusqu'à son réveil.

Chris nous a expliqué plus en détails comment se déroulera notre entrée dans l'armée.

J'écoute d'une oreille distraite, me concentrant plus sur Niall que sur autre chose. Quand pourrais-je le retrouver ? Je lui avais dit après l'hiver, mais plus le bateau s'approche des côtes, plus il neige. Donc l'hiver est toujours là... Je pourrais m'approcher de son village et l'interpeller lorsque je l'aperçois ? Non, c'est trop risqué. Alors comment ? Je ne veux pas attendre un mois de plus avant de le revoir. J'ai besoin de lui maintenant. J'ai besoin de le prendre contre moi, qu'il me rassure, qu'il me dise qu'il m'aime, et surtout, j'ai besoin de lui expliquer ce que j'ai vécu sur l'île. Il a le droit de savoir que, si je lui ai caché la vérité, c'était pour qu'il ne s'inquiète pas pour moi.

L'ancre jetée, je sors de mes pensées et tout le monde descend du navire, impatient de retrouver leurs familles. D'ailleurs, j'étais tellement obsédé par Niall que je n'ai pas pensé à ma mère. Ni à Liam. J'ai hâte de les revoir.

Une fois sur la terre ferme, nous nous dirigeons vers Tenzy. Là où rien ne peut nous arriver.

***

Les champs, les toits et maisons sont recouverts d'une épaisse couche de neige, d'un blanc immaculé. En pénétrant dans le village par la porte principale, tous les habitants se ruaient sur nous. Ils nous acclamaient, nous félicitaient, nous serraient la main. Mais nous, les nouveaux soldats de Tenzy, n'y prêtons pas d'attention. Notre unique objectif était d'atteindre nos proches.

Lucy a rejoint sa mère, une petite femme blonde aux yeux embués de larmes. Elles se prennent dans les bras et j'ai cru entendre quelque chose comme : « Ma petite fille, j'ai eu tellement peur de te perdre. » « Tout va bien, maman. » Lucy ne m'a jamais vraiment parlé de sa mère. Uniquement de son 'enfoiré de beau-père'. Mais à les voir, toutes les deux, elles m'ont l'air très fusionnelles.

Erik aide Zoey à marcher. Ils rejoignent une grande femme aux cheveux châtains bouclés et un homme, un peu plus petit, qui a les mêmes yeux que les jumeaux.

Perrie va à la rencontre de ses parents, euphoriques de la revoir. Steeven, lui, a perdu son frère/meilleur ami, et il s'était promis de ne jamais retourner vivre avec son père alcoolique. Alors, il rejoint son oncle et sa tante, heureux d'encore avoir une famille qui l'accepte tel qu'il était.

À côté de chez moi, j'aperçois ma mère, les larmes aux yeux, et Liam, qui paraît soulagé de me voir. Je me précipite dans leur direction, les prenant tous les deux dans mes bras. Je pleure aussi, n'en ayant rien à faire que tout le monde me voit dans cet état.

-"J'ai eu tellement peur, Harry. J'ai cru que je n'allais jamais te revoir." sanglote ma maman.

-"Je suis là. Je vais bien. Je suis là." je répète, plus pour moi que pour elle.

Étonnement, Liam ne disait rien. Lui qui a toujours la langue bien pendue, le voilà muet.

Je le serre plus fort dans mes bras. Lui aussi.

-"Tu m'as manqué." murmure-t-il.

J'ai retrouvé ma mère et mon frère.

***

Ce soir-là, j'ai pris un long bain chaud et relaxant. Enfin, pas vraiment, car la chaleur de l'eau me brûlait le corps et mes plaies me lançaient. Mais aucune douleur physique ne pouvait m'atteindre. Tout le stress de l'île commence à s'estomper. Je me sens en sécurité. 

Chez moi.

Je suis soulagé que tout cela soit enfin terminé.