M.Logan

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20 décembre 2017

Mes pas sont guidés par mon envie pressante de dormir. Ma cervelle s'embrume à force de luter contre la mélatonine. J'avance avec l'impression d'être ensevelie par des flocons du sommeil, tout mon être est torturé par ce besoin frigorifiant. La chronologie ne demeure plus qu'un mythe destiné aux personnes à la quête de repères. Mon jalon personnel trône dans le ciel : le soleil s'avère être mon indicateur. Ces derniers temps, j'ai bien trop subi son éveil tout en gardant les yeux rivés sur son astre antonyme. L'abstention de repos engendre un bon nombres de répercutions telles que des troubles de la vigilance, des problèmes de concentrations ainsi que de l'humeur qui peuvent entraîner une dépression. Les risques de maladies s'accroisse dangereusement à cause de l'affaiblissement du système immunitaire. En définitive, dormir est impératif, tant pour la survie psychique que corporelle. Malheureusement, je ne m'accorde pas cette appétence ; je devrais m'estimer heureuse de ne pas souffrir d'insomnies répétitives et d'avoir l'opportunité de trouver le repos mais je ne me l'autorise pas. Inconsciemment, j'ai la sensation de ne pas mériter la quiétude, comme si la tourmente était le résultat de la destruction que je sème. Clamer que consommer de la marihuana peut être purement thérapeutique dans le but d'apaiser son âme et détendre ses muscles semble particulièrement stéréotypé. Pourtant, c'est souvent l'un des premiers facteurs qui poussent quelqu'un à s'essayer à cette fumée enchanteresse. Après, il arrive que ce traitement naturel soporifique dérive légèrement. Ou excessivement. Suivant la variété, je dors d'aplomb et dans tout les cas, si je me pose tranquillement, les bras de Morphée m'accueillent plus aisément.

Alors que j'atteins ma porte d'entrée, mes pensées dérivent vers Lydia. Les paroles énoncées par la jeune fille m'ont interpellées : je n'étais pas la seule à m'estimer coupable. Cela me taraude, à quel point suis-je responsable ? Mon implication, certes indirect, reste indéniable au niveau du fin mot de cette histoire, de la sienne, de la notre. À fleur de peau, je ne prends même pas la peine de guetter si la voiture de mon géniteur stationne ou non dans l'allée. Je me contente d'ouvrir la porte puis de pénétrer cette maison dénudée d'âme avant de tracer jusqu'à ma chambre. L'odeur qu'elle renferme m'arracha une quinte de dégoût. Ignoble. J'ai déserté les lieux sans nettoyer mon vomi et maintenant, je me retrouve confrontée à cela alors que j'espérais dormir. Il faut avouer que je me vois mal me coucher sans récurer ce sol. D'un autre côté, je ne possède pas la force nécessaire pour m'atteler à cette tâche. Cette pièce me remémore un nombre incalculables de souvenirs. Ce serait de la persécution envers moi-même de détailler les photographies qui décorent mes murs. Ce bonheur affiché qui autrefois étais mien ne m'inspire que martyr. Je soupire longuement avant de me résoudre à quitter ma chambre pour me recueillir dans la salle de bain. Au passage, j'attrape mon duvet ainsi qu'un coussin. J'installe mon matériel dans la baignoire et une fois que tout est en ordre, je verrouille la porte. Un malaise m'habite lorsque je me résigne à me recroqueviller dans ce lit improvisé. Je me sens crasseuse dans tout les sens du terme. La sensation des mains de Brendan sur mon corps me hante. C'est un clavaire que j'ai provoqué.

Mes paupières finirent par abdiquer et se clore. Je ne saurai pas dire combien de temps j'ai quitté la réalité pour atterrir dans la dimension parallèle du sommeil. En tout cas, j'aurai espéré que cela dure plus longtemps car des bruits sourds m'extirpèrent de mon rêve. Je sursautai, confuse. La pièce dans laquelle je me trouve baigne dans une atmosphère illuminée par les rayons du soleil. Je me relevai brusquement et mon crâne heurta un tuyau métallique. Aussitôt, je compris que je me trouve dans ma baignoire.

« OUVRE CETTE PORTE, SALOPE ! vocifère une voix sourde. »

Quelle politesse. Mon cœur accéléra quand le bois de la porte grinça après un ultime coup. Les insultes redoublèrent tandis que je m'extorque de la baignoire. Mes muscles ankylosés me ralentissent dans mon mouvement. Les braillements de mon père déclenchent un état de stress ingérable en moi. Une fois debout, je respire profondément pour reprendre le contrôle de mes émotions. Lors d'une confrontation, je me force d'assujettir mes ressentis pour m'accaparer d'une mine impassible.

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