22 décembre 2017
Quand j'ai rencontré Brendan, il a directement éveillé une sensation étrange en moi. Cependant, je me suis empressée de la refouler pour ensuite, la nier envers et contre tout. Ce jeune homme aux iris envoûtantes a perforé ma bulle d'indifférence que je m'efforçais de maintenir face à la gente masculine. Il est entré dans ma vie et l'une de mes premières réactions fut d'imaginer comment il en ressortirait. L'éventualité la plus probable était celle de la trahison, donc l'adultère était clairement envisageable. Jamais je n'ai pu concevoir qu'un couple soit réellement fidèle ; il y a toujours une faille, une supercherie ou de la manipulation. Je n'étais pas dupe, pourquoi échapperait à la règle que ma mère m'a enseignée : si un homme s'intéresse à toi, il finira par te tromper, c'est un fait. À l'époque, ma génitrice doutait qu'un garçon puisse me vouer un quelconque intérêt : en même temps, ni mon caractère ni mon corps amaigri ne laisse à désirer. Du moins, c'est ce qu'elle estimait. Elle a eu tort mais pourtant, je n'ai jamais réussi à me défaire de l'emprise de sa vérité. Ou je ne l'ai jamais vraiment voulu. Il est plus simple de justifier la faillite d'un couple par la traîtrise de son compagnon plutôt que sa propre incapacité à gérer les problèmes qui pourraient survenir.
Pour moi, les hommes étaient mauvais. J'ai grandi avec cette image néfaste puis, au fur et à mesure, elle a été remodelée : j'ai préféré acquérir la position de la méchante pour blesser avant de l'être. J'étais une joueuse vicieuse, une calculatrice et un beau jour, les rôles se sont inversés et le karma a frappé. C'est Hope qui m'a fait réalisé pour quelle raison je me confinais dans ce schéma répétitif. Tout cela à cause d'un abcès qui réside au fond de mon être depuis mon enfance, une excision vive portant l'appellation « parents ». Il ne me semble pas avoir un souvenir où mes parents sont vraiment heureux ensemble. Je ne comprenais pas pourquoi ils daignaient à rester mariés. Encore une fois, c'est ma meilleure ami qui m'avait ouvert les yeux. Se marier, faire des enfants, c'est les mœurs de notre société. Certaines personnes n'ont pas une ambition assez flamboyante pour luter contre cela. De plus, ma mère ressentait une nécessité d'enfanter pour combler sa dépendance affective titanesque. Quant à mon père, il devait être conscient que peu de femmes seraient assez stupide pour s'engager auprès de lui et pour se plier à ses volontés. Ma mère a accouché de Wayne mais ce n'était pas assez et c'est là que tout est parti en vrille. C'était devenu une obsession pour elle car être enceinte signifiait de recevoir de l'attention de tout le monde. C'est ainsi que je suis arrivée et que j'aie eu le malheur de voler la vedette de mon aîné. À croire que ce besoin constant d'amour est héréditaire...L'alcool aussi dans ce cas là.
Pour mon cher géniteur, il fallait s'arrêter à deux gosses (en même temps, c'était déjà deux de trop pour lui). Son épouse ne l'a pas accepté et s'est révoltée en clamant avec conviction que les choses allaient changer. Voilà pourquoi il s'est égaré dans les tréfonds de l'anatomie d'une minette bien plus jeune. Sauf qu'elle n'avait pas la jugeote, ou trop d'antidépresseur dans le sang, pour penser à la pilule. Toi qui parle ? Elle est tombée enceinte et pour mon père, ce fut l'occasion de fuir son foyer, sa femme qui devenait exigeante et ses enfants rebelles, pour martyriser une autre femme trop faible pour renier ses excès de colère ou son alcoolisme croissant. Peut-être qu'il se réduisait à suivre les pas de son propre père. Il croyait repartir à zéro alors qu'il réitérait juste le même déroulement avec d'autres personnes. Malheureusement, il a fini par revenir pour terminer son massacre en laissant deux petites âmes entre les mains d'une maniaco-dépressive. Je n'ai jamais su pourquoi mais à cause de cela, je suis actuellement étalée dans le lit de ma meilleure amie défunte à réaliser que la majorité de notre existence, sauf en cas de remise en question majeure, est basée sur la répétition d'actions similaires. Des putains de schémas répétitifs.
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Random« Parfois, il est tellement plus simple de fermer les yeux sur la vérité : il n'est même pas question de la nier, juste l'ignorer. Qui sommes-nous ? Qui sont-ils ? Surtout, qui suis-je ? » Une adolescente au tempérament de feu portant le nom de l'hi...