20 décembre 2017
Accroupie, j'étudie attentivement la réaction d'Alaska face à ma présence. Je reste stoïque pour qu'elle s'habitue à mon odeur avant de tenter la gestuelle. La lumière des néons se reflètent sur son pelage gris clair parsemé de blanc et quelques nuances brunes. Lentement, j'approche ma main de son museau. Si je prends autant de précaution c'est parce-que la dame m'a bien souligné que des chiens dont on ne sait pas tout de leur vécu avec leurs maîtres précédents peuvent se montrer méfiant ou réagir de manière imprévisible. Je ne veux pas la brusquer. Sur ces gardes, elle me renifla.
« Mademoiselle, voudriez-vous une laisse avec un collier ? »
J'accepte volontiers. En vérité, ce n'était absolument pas prévu que j'aboutisse cette journée en adoptant un chien. Après tout ce qu'il s'est produit, une touche positive n'est pas de refus. À vrai dire, je suis consciente que le chemin sera long jusqu'à que j'obtienne sa confiance mais cela ne m'effraie pas ; mes expériences m'ont forgées de sorte à ce que je sois aux aguets et que je n'accorde jamais une totale conviction en qui que ce soit. Alors, je la comprends.
« Tenez, dit la petite dame.
-Merci. »
Les objets qu'elle me tend sont effrités et délavés. En même temps, ton chien va pas porter du Gucci. Avec précaution, je passe le collier autour de sa tête poilue. Évidemment, il fallut que ma maladresse œuvre et que je lui coince une de ses longues oreilles. Ce qui circule dans mes veines ne m'aident pas à faire preuve d'habilité. Mais bon, au final, je parviens à le lui enfiler correctement. Je me demande à quoi elle pense, si elle comprend que je m'apprête à lui offrir un foyer. Euh. Du moins, je suis sûr le point de l'immiscer dans mon quotidien.
« Tout les papiers sont en ordres. Je vous souhaite le meilleure. Au revoir Alaska ! »
C'est le cœur battant que je quitte cet endroit. À la différence de mon arrivée, je repars avec un chien au bout de la laisse que je triture nerveusement. Alaska me suit sans rechigner. Je remarque directement la distance qu'elle instaure entre elle et mes jambes : comme si elle acceptait qu'elle me soit confiée mais qu'elle refusait de dépendre de moi. Petit rappel, c'est un clebard ! À quelques mètres, j'aperçois Declan et Khalan qui fument en conversant. Lorsqu'ils me repèrent, ils n'ont pas l'air de notifier la présence à quatre pattes qui m'accompagnent.
« Je vous présente Alaska ! »
La mâchoire de Declan manqua de se décrocher de son visage. Stupéfait, il se frotta les yeux pour vérifier si tout cela n'est pas une mascarade. Quant à son ami, il me dévisage comme une enfuie de l'asile.
« T'as volé un chien ? hoqueta mon ancien ami.
-Adopté, réctifiai-je.
-Ce chien rentrera pas dans ma voiture, dit Khalan, catégorique. »
T'en es sûr ? Si je suis douée dans un art, hormis celui de cacher ce que je ressens, c'est la manipulation indirecte. Pour cela, il faut évaluer attentivement la situation, ainsi qu'anticiper les réponses potentiels de la personne qui vous oppose.
« Pourtant, tu laisses bien Declan rentrer ! »
Ce dernier m'insulta sans retenue alors je lui décroche mon plus beau doigt d'honneur.
« C'est mort, insista le conducteur.
-Ah mais tu sais, vous pouvez y aller sans moi. Perso, j'ai fait ce que je voulais hein. »
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Random« Parfois, il est tellement plus simple de fermer les yeux sur la vérité : il n'est même pas question de la nier, juste l'ignorer. Qui sommes-nous ? Qui sont-ils ? Surtout, qui suis-je ? » Une adolescente au tempérament de feu portant le nom de l'hi...