D&W

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21 décembre 2017

À l'approche de Noël, allongée dans ce lit où ma meilleure amie dormait autrefois, je prends conscience du tournant catastrophique de mon existence : une sans domicile fixe meurtrie au point qu'elle estime mériter son sort. Que des conneries. Il est passé onze heures du matin mais je ne parviens pas à me motiver malgré cette nuit de sommeil qui m'ait été plus que bénéfique. Hier soir, je n'ai pas été capable de prononcer un seul mot lorsque j'ai découvert cet appartement. Pour être honnête, je m'attendais à un endroit insalubre et innommable. Je pensais même atterrir dans un repère à drogues. Maintenant, je sais qu'une partie de moi avait besoin de piétiner un parquet ignoble pour que cela colle avec l'image que je m'étais façonnée de leur couple. Sauf que tout est propre, soigné et à sa place ; rien ne dépasse. Les murs sont blancs immaculés et parsemés de cadre avec des photos d'elles, de la décoration typique du style d'Hope trône de part et d'autre, toutes ses affaires l'attendent patiemment comme si elle allait revenir un jour. À vrai dire, je porte actuellement ses anciens vêtements. J'étais tellement perturbée lorsque Dylan m'a apporté ce chandail gris que je l'avais vu porter à mainte reprises. Morbide.

« Winter ? »

La voix du jeune homme me fit tressaillir. Ce dernier toqua à la porte avant de pénétrer la pièce illuminée par les rayons du soleil. Je détourne mes yeux face à son torse dénudé. Incroyablement mal à l'aise, je me remue sous la couverture dans l'espoir qu'il rebrousse son chemin. Au lieu de cela, Dylan m'indiqua que le déjeuner est prêt. Manger ? En face de lui ? Il faut que je me dégote une excuse pour échapper à cette situation gênante. Néanmoins, il faut que je pense à me sustenter car mon estomac n'a pas été satisfait depuis bien des jours. Pour ma défense, tout ce que j'avais ingurgité est ressorti. Charmant.

« Ah et, j'ai promené ton chien. »

Je le remercie froidement. Ses pas m'informent qu'il a quitté sa chambre alors je me permets de soupirer théâtralement. Comme d'habitude, j'échoue à mes responsabilités : pour être honnête, l'idée de sortir Alaska ne m'avait même pas effleurer l'esprit. Complètement à la masse, je m'extirpe du lit pour traîner mes pieds jusqu'au salon où se situe une table garnie de nourriture. Je m'installe sur une chaise après avoir caresser la tête poilue de mon chien. C'est toujours peinant de voir un animal reculer lorsqu'une main humaine s'approche de lui. C'est nous les batards, en vrai.

« T'as pas mangé depuis combien de temps ? me demanda-t-il en aspergeant sa crêpe de sirop d'érable. »

J'hausse mes épaules en guise de réponse.

« J'sais juste que la dernière chose que j'aie mangée, c'était une putain de pomme.

-Chez toi ?

-Nope. »

Sans prêter attention à son regard insistant, je me confectionne une belle assiette avec de la salade de fruit, des pancakes, une crème brûlée...Pour moi, tout cela est l'équivalant d'un repas luxueux digne d'un restaurant de gastronomie. Il manque juste un petit verre d'un bon champagne. Quoique le Pastis ça marche aussi.

« Ta valise est toujours à l'entrée.

-D'acc.

-T'as bien dormi, ici ?

-Ouais. »

Je déguste chaque bouchée du contenu de mon déjeuné. C'est succulent ! Dylan tente une approche de communication que je bloque en exposant mon désintérêt total. Ma venue chez lui m'a permis de me reposer avant de me lancer dans un périple, celui de trouver un logement approximatif et aussi, de retrouver ma meilleure amie. Enfin, à peu près.

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