7 juillet 2017
« T'es magnifique. »
Son murmure caressa mon lobe d'oreille. Le simple effleurement de son souffle suffit à enflammer mon corps tout entier. Le jeune homme joue avec une de mes longues mèches tout en me souriant.
« Arrête, je vais rougir, le taquinai-je.
-Tu rougis déjà.
-Quoi ? Impossible, pouffai-je. »
Brendan me poussa avec délicatesse de manière à me surplomber. Heureusement que mon lit est solide. Je crois que je n'ai jamais été autant comblée de toute ma vie. C'est niais de l'avouer mais l'amour que je lui voue m'a permis d'appréhender la vie sous un autre angle. Il a suffi qu'il me tende sa main et qu'il me prête de l'attention pour panser mes blessures, ainsi que de combattre quelques de mes démons.
« Brendan, murmurai-je. Je...
-Tu ? »
J'inspire longuement tout en touchant sa mâchoire du bout de mes doigts.
« Je suis heureuse. »
Auparavant, prononcer ces trois mots m'effrayaient, ils signifiaient que je pouvais tout perdre, tomber de si haut sans que la chute ne me soit directement fatal. Certes, tout n'est pas parfait : je suis en guerre contre mes parents et je me suis éloignée de beaucoup de personnes. Néanmoins, j'ai envie de renouer des liens, peut-être que j'essaierai simplement de discuter vaguement avec ma mère ou moins deux fois par semaine ? Bien sûr que je suis consciente que, malgré mon évolution, autour de moi, les gens sont toujours les mêmes. Mais je ne laisserai plus leur aigreur me toucher. Mon téléphone vibra à côté de moi, interrompant ce moment magic.
« Je ne laisserai personne détruire ça, me souffla Brendan. »
Un sourire insoucieux naquit sur mon visage. Ça attendra. Je le taquine en lui disant qu'il incarne le stéréotype d'un film à l'eau de rose dont l'acteur principal détient la clé de ces répliques clichées au possible.
« Si tu préfères les "t'es bonne",ça me va.
-Si ou moins c'était vrai. »
Je pris un ton dramatique comme si mon absence de forme était un complexe insurmontable. Alors que c'est tout le contraire, être une copie conforme de ces effigies médiatiques, emblématiques, ne m'intéressent pas. Bien sûr, je ne peux pas nier leur beauté mais j'estime que la société devrait valoriser toutes les morphologies, toutes les apparences, toutes les couleurs...Rêver c'est beau. Je ne vais pas me plaindre d'être en bonne santé ; déjà que je la détruis.
«Tu sais pas comme c'est dur de ne pas avoir les seins de Mercy Jackson, feignis-je de pleurnicher.
-Ou le boule d'Hilary, c'est ça ?
-Exactement, riais-je. »
C'est en partie pour cela que j'adore ma relation avec Brendan, nous avons confiance l'un en l'autre. S'il veut complimenter une fille, qu'il le fasse tant que je reste la seule qu'il désire réellement.
« En parlant de son cul, elle est pas censée arriver ?
-Censée, acquiesçai-je, tu veux des chips ?
Le jeune homme me toisa avec un sourire moqueur. La lueur d'espièglerie qui apparu dans ses prunelles faillit me faire fondre. Reprends toi.
« Ça fait depuis dix-neuf heures qu'on doit manger, non ?
-Oui, et ? C'est l'apéritif.
-Il est presque minuit, ricana-t-il. »
J'hausse mes épaules avant de saisir mon téléphone : je n'ai jamais prétendu être conventionnelle, ni dans la tradition. Tranquillement, j'atteins ma cuisine en fredonnant une mélodie . Il en faut peu pour être heureux. Entraînée par les paroles de la chanson, je les prononce à voix haute en me remuant, en même temps que je prépare un bol avec des chips nature. Vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire. Au passage, je jette un coup d'œil au contenu de mon frigidaire et je constate directement la bouteille d'Amaretto. Une envie fulgurante de me servir un verre me prend la gorge, comme un besoin revigorant en souvenir d'antan. Une lichette juste pour me satisfaire et savourer méticuleusement la joie qui m'habite ce soir. Un peu d'eau fraîche et de verdure. Même si on ne peut pas parler d'addiction, c'est difficile de freiner une habitude, de s'extirper d'un cheminement répétitif. J'ai réussi à m'abstenir pour Brendan, pour lui prouver que je ne me minimalisais pas à être une adolescente qui boit sans raison et qui soit incapable de pratiquer la sobriété. Ma poche se mit à vibrer, stoppant mon dilemme intérieure. Je décroche sans prêter attention au nom qui s'est affiché sur l'écran.
VOUS LISEZ
W
Random« Parfois, il est tellement plus simple de fermer les yeux sur la vérité : il n'est même pas question de la nier, juste l'ignorer. Qui sommes-nous ? Qui sont-ils ? Surtout, qui suis-je ? » Une adolescente au tempérament de feu portant le nom de l'hi...