29. La descente aux enfers.

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La nuit ne fut pas bonne pour le Bataillon. Ils avaient pourtant essayé de mettre toutes les chances de leur côté pour s'assurer une nuit réparatrice : piscine, repas léger mais nourrissant, confort, massage et détente. Mais rien n'y avait fait, ils n'avaient qu'un seul sujet de discussion à la bouche : la dernière épreuve, le compte à rebours, sauver Macalamar ainsi que leur propre survie. Ils avaient chacun leur chambre, mais ils avaient tous dormi les uns avec les autres. Cela était devenu une habitude, désormais. 

Ils avaient fait un énorme brainstorming avant de se dispatcher les uns avec les autres dans les chambres. Evil allait découvrir le lieu de l'ultime épreuve avant le reste du groupe, et ils étaient tous d'accord sur l'idée que cela paraissait beaucoup trop facile pour le Bataillon. Le reste du groupe ne pourrait très certainement pas contacter Evil une fois arrivé sur place. Alors ils passèrent en revue des dizaines et des dizaines de scénarios possibles. Tout était envisageable, et le scénario qui fit prendre conscience au Bataillon qu'il était grand temps d'essayer de dormir un peu était le suivant : et si l'ultime bataille était en fait une mise à mort de l'Amiral par le Bataillon ? Après tout, ses ravisseurs avaient bien joué avec les nerfs du Bataillon, et ils avaient pu constater que tout était possible.

Evil tenta de les rassurer en expliquant que pour lui, cela était assez improbable, ou tout du moins trop incohérent pour être plausible. Mais il dut reconnaître que les personnes à l'origine de tout cette série d'épreuves géante avaient un sens du macabre très prononcé. Les Calamazones redoutaient un tel combat... Mettre à mort leur grand-père, cela leur serait tout simplement impossible. Oly redoutait qu'il n'ait été assaini, ou bien qu'il se retrouve sous l'emprise des lunettes Octaling... ou encore pire, les deux à la fois, le transformant ainsi en machine de guerre surpuissante. 

C'était dans cette atmosphère d'angoisse et d'appréhension qu'ils se mirent au lit et attendirent que le lendemain matin se présente à eux. Ils accompagnèrent tous Evil jusqu'au télé-porteur qui l'enverrait vers la dernière épreuve. Ils leur partagea les ultimes consignes, et ne manqua pas de les encourager en leur rappelant qu'ils ne formaient plus qu'un désormais, même s'il n'était pas avec eux, et qu'il avait une confiance totale en leurs capacités pour le rejoindre le plus rapidement possible. 

Lorsqu'il disparut, ils attendirent quelques minutes, puis tentèrent de le contacter, et comme ils l'avaient prédit, cela n'était pas possible. Ils allaient perdre toute contenance, mais le directeur ne leur en laissa pas le temps car il avait en sa possession un nouveau parchemin qu'il remit à Oly. Elle l'ouvrit, releva la tête, et son regard était indéchiffrable. 

"Nom."

Ils commentèrent alors ce parchemin qui n'avait rien à voir avec les précédents. D'ordinaire, la personne rédigeant les messages était du genre tantôt joueuse, tantôt bavarde. Mais cette fois-ci, le Bataillon devait se contenter d'un seul et unique mot. Les esprits s'échauffèrent, il pouvait s'agir du nom de n'importe qui, ou bien de n'importe quoi. Un débat se mit en place, puis se mua en une violente dispute. Maca fut le premier à craquer et dire que tout ceci était ridicule, qu'aussi près du but, ils ne pouvaient pas se permettre un tel comportement. Ils partageaient tous cette opinion, mais n'avaient tout simplement aucune idée du chemin à suivre.

"Je crois que j'ai une idée... (Agent 8)

- Nous t'écoutons, 8, dis-nous tout. (Ayo)

- Eh bien, la plupart des lieux que nous avons visités sont liés directement à Evil ou bien Macalamar... Il reste un lieu qui les réunit tous les deux ET qui a un rapport avec un nom. Notre nom... (Agent 8)

- Tu ne veux quand-même pas dire... Commença Octoboy.

- ... Si. Le Bataillon des Bas-Fonds. Le dernier endroit où Macalamar a été aperçu est le Métro Abyssal. Les Bas-Fonds, Abyssal... Je ne vois que cela. Evil s'y est déjà rendu, c'est là-bas que je l'ai rencontré. (Agent 8)

- Je pense que tu as raison, 8. Lorsque je me suis métamorphosée en Octoboy pour faire une farce à Evil, il m'a partagé votre rencontre, et ce que cela lui avait coûté. Octo, tu en penses quoi ? (Mimi)

- Je vous rejoins, tout cela fait totalement sens. Encore plus quand on sait que le Métro Abyssal n'avait qu'une seule sortie, qui était aussi son unique entrée... (Octoboy)

- Pas exactement, Octo. 3 connaît un autre moyen d'y parvenir, n'est-ce pas, 3 ? (Agent 8)

- Tout à fait. Je vais vous y conduire, mais je vous préviens, ça ne sera pas tâche aisée. Mettons-nous en route, nous n'avons pas une seconde de plus à perdre ! (Agent 3)

Ils demandèrent au directeur s'ils pouvaient emprunter un télé-porteur pour se rendre sur le Square de Chromapolis et bien évidemment, il accepta. Ils n'avaient pas réellement réfléchi, dans l'urgence, et leur arrivée sur le Square provoqua un mouvement de foule surréaliste : tout le monde voulait un selfie avec les Tenta Stars du monde Chromatique. Ils demandèrent tous pourquoi les Tenta-Cool ne présentaient plus la chronique, et d'autres voulaient le retour des Calamazones, ce qui énerva intérieurement Perle. 

Ils durent couper court à tout cela, au risque d'apparaître comme des célébrités sans considération pour leur fans, mais le sort de l'Amiral était en jeu, et chaque précieuse seconde comptait. L'Agent 3 les conduisit jusqu'au passage de métro désaffecté qui se trouvait juste à côté du studio d'enregistrement de la chronique des Tenta-Cools. La barrière était fermée. Ils se firent alors la courte échelle pour pouvoir l'enjamber, et en quelques minutes, tout le Bataillon se trouva à arpenter les couloirs désaffectés du métro de Chromapolis. 

Si l'on ne connaissait pas le plan exact des lieux, perdre son chemin était assuré. Heureusement pour le groupe, Agent 3 avait parcouru cet itinéraire de nombreuses fois pour Macalamar. L'unique inconvénient était le temps que cela prenait de descendre jusqu'au Métro Abyssal, alors que le temps leur manquait, justement. Cela leur parut durer des heures : escalator après escalator, voie désaffectée après passage dérobé, escaliers de secours, couloirs vides, et encore des escaliers... Pour enfin arriver dans une série de corridors abandonnés.

Il se tenait là, au loin, l'air préoccupé, assis en tailleur, regardant tantôt à droite, tantôt à gauche. Lorsqu'il aperçut le Bataillon, il bondit vivement sur ses jambes ankylosées par une position inconfortable. Ils expliquèrent succinctement comment ils avaient réussi à deviner la destination et comment ils étaient parvenus jusqu'à lui.

Très loin, un bruit de moteur se fit entendre. Le Bataillon regarda dans la direction du bruit qui se rapprochait, et ils virent un petit point lumineux qui, en avançant se dédoubla, puis le métro s'arrêta devant eux : il était totalement vide. Les Agent 3, 8 et Evil se regardèrent, avec une pointe de tristesse dans le regard, Macalamar avait l'habitude de s'asseoir sur le siège juste devant eux, occupé à sa nouvelle occupation transmise par Perle qu'était le rap. 

Ils furent violemment tirés de leurs pensées par le véhicule qui semblait avoir perdu tout contrôle, le Bataillon n'eut pas le temps de réagir, le Métro Abyssal se mit à tomber en piqué, et rien ne semblait pouvoir l'arrêter... 

Le Bataillon des Bas-Fonds [EvilSquid & Octoboy - Splatoon]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant